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Exploitations agro-industrielles : Des organisations paysannes dénoncent le non respect des contrats

27 - Septembre - 2016

Exploitations agro-industrielles : Des organisations paysannes dénoncent le non respect des contrats

L’atelier sur l’étude comparative des exploitations familiales et des sociétés agroindustrielles établies dans le delta, autour du lac de Guiers, dans la vallée du fleuve Sénégal et les Niayes a permis au professeur Baba Ly Sall de l’université Gaston Berger de Saint-Louis et les responsables d’Enda / Pronat de partager, avec les acteurs du développement rural de la région Nord, les résultats de cette étude.

Au cours de ces travaux qui se sont déroulés au centre de formation des femmes (Cedaf) de Ross-Béthio, le Pr Baba Ly Sall et ses partenaires d’Enda Pronat, ont pris bonne note des nombreuses récriminations formulées par les responsables des organisations paysannes à l’endroit des sociétés agroindustrielles à qui l’on reproche souvent « de ne pas respecter » les contrats signés avec les populations vivant dans leurs zones d’intervention.

« Ces populations sont restées profondément déçues par l’attitude des responsables de ces sociétés agroindustrielles qui n’ont pas fait grand-chose pour soutenir, appuyer, assister et encadrer les exploitations agricoles familiales », a déclaré le Pr Baba Ly Sall, coordonnateur du Centre international d'études, de recherche et d'action pour le développement ( Cerad).

L’étude montre « une disparité de cas ». « L’aménagement de l’agroindustriel peut être envisagé dans une perspective de renforcement des exploitations familiales. Alors que pour d’autres cas, la situation est beaucoup plus négative », a indiqué le professeur Baba Ly Sall. «Il y a beaucoup de récriminations qui sont dues, d’une part, au fait que les conventions d’installation des agroindustriels ne sont pas respectées. Il n’y a pas un contrôle de l’État derrière. Au point de vue normatif, il y a, d’autres part, un décalage entre ce qui est affirmé au départ et ce que l’on retrouve dans la réalité », a-t-il indiqué. D’autres doléances sont formulées et elles tournent essentiellement autour de la nécessité de mettre à la disposition des exploitations agricoles familiales, le matériel agricole dont elles ont besoin pour mener leurs activités professionnelles.

Economie locale étouffée
Dans cette étude commanditée par Enda/Pronat, les avantages et les inconvénients de l’installation des sociétés agroindustrielles dans la vallée et les Niayes ont été mis en exergue. Ainsi, grâce à l’agrobusiness, on a constaté, dans ces zones d’intervention, la transmission de certaines techniques culturales aux producteurs. Ces derniers ont pu tirer profit des activités développées par ces industriels.

Cependant, Mamadou Thioye, président de l’Union des producteurs de la rive Nord du Lac de Guiers, a déploré les rejets d’exploitations industrielles, « qui n’arrêtent pas d’infecter ce lac et de tuer les carpes, les tilapias et autres poissons d’eau douce, de nombreux bovins, ovins et caprins ».

Selon M. Thioye, le manque d’outils de travail et autres moyens matériels génère une exploitation inéquitable et un sentiment de domination de la part des exploitations familiales. « Les agroindustriels ont tendance à nous exploiter et à nous réduire à de simples ouvriers agricoles. Ils ne nous paient qu’un millième de ce que nous valons », a-t-il affirmé. «Au-delà de la mainmise sur la terre, ces industriels nous mettent en mal avec les populations. Certaines installations agroindustrielles obstruent les voies de parcours du bétail et obligent les éleveurs à pénétrer illégalement dans nos champs, provoquant des conflits et autres altercations physiques et verbales entre voisins », a-t-il ajouté.

Pour la représentante de l’Union des femmes productrices de Ross-Béthio, Maryam Diallo, l’installation de ces sociétés agroindustrielles étouffe l’économie locale et décourage, de plus en plus, les exploitations familiales de la zone. « Non seulement, a-t-elle poursuivi, ces industriels n’ont pas respecté les engagements qu’ils avaient pris au départ, mais, aujourd’hui, ils cultivent les mêmes spéculations que nous et les vendent en même temps que nous, dans le même marché. Actuellement, notre production rizicole est en souffrance dans les usines de transformation de riz ».

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