Exposition « Ponctuations » au musée Théodore Monod : Akeba met en perspective la peinture rupestre et la création contemporaine

05 - Mai - 2017

Exposition « Ponctuations » au musée Théodore Monod : Akeba met en perspective la peinture rupestre et la création contemporaine

Abdourahmane Bâ, de son nom d’artiste Akeba, occupe les fonctions de directeur Qualité, Sécurité et Environnement de la Sde. Ses œuvres sont à voir jusqu’au 11 mai au musée Théodore Monod d’art africain sous le thème « Ponctuations ». Dans sa démarche plastique, Akeba met en perspective la peinture rupestre par rapport à la création contemporaine.
L’art pariétal et la création contemporaine sont à l’honneur au musée Théodore Monod de l’Ifan. Sous le thème « Ponctuations », Abdourahmane Ba, de son nom d’artiste Akeba, met en jonction ces deux expressions artistiques. Ces œuvres sont à voir jusqu’au 11 mai. « En remontant les origines, on sait que nos ancêtres ont peint dans les cavernes à travers le monde. Ils taguaient dans les parois des cavernes. On y retrouvait des traits de ponctuations », évoque l’artiste. Il rappelle que ces précurseurs ont peint des animaux, leurs scènes quotidiennes. Ce sont des œuvres qui tiennent jusqu’à présent. Aujourd’hui, les contemporains éprouvent le besoin de peindre, d’écrire, de taguer les murs avec des graffitis. Aux yeux d’Akeba, nos aïeuls étaient des graffeurs. L’idée est de mettre en situation ces graffeurs préhistoriques et ceux des temps modernes. D’où l’intérêt de mettre en jonction ces deux approches. Cela lui a pris beaucoup de temps. Les invités venus en nombre, mercredi, lors du vernissage de l’exposition, en ont pris pour se délecter d’un régal pour les yeux et les esprits. Parmi eux, le ministre de la Culture et la Communication, Mbagnick Ndiaye, accompagné de membres de son cabinet.
Akeba est parti de la peinture rupestre dans les années 1999. Ensuite, il a peint les villes du Maroc, Dakar, avant de repeindre autrement la capitale sénégalaise avec ses cars rapides, ses écritures urbaines qui agressent etc. L’artiste plasticien s’interroge par rapport à son environnement. L’idée est venue de sa zone de travail à Hann avec beaucoup de temps perdu dans les bouchons. Évoluant dans un milieu qui n’a rien à voir avec la culture, Akeba est sans prétention artistique. Derrière sa voiture, il regarde le spectacle. Pour tuer le temps, « on écoute la radio, égrène le chapelet ou on grignote des cacahuètes », explique l’artiste. De là, il observe son environnement. Le décor est fait de salons de coiffures, de vendeurs à la sauvette, etc.
Dans cette posture, il a appris à lire les cars rapides en décodant la charte graphique entre les mots qui sont plaqués, tagués, dessinés. Akeba a mis en relation ces différents termes « sope » (adorer), « sante » (rendre grâce), « daaw ndank » (rouler doucement) dans cette jungle urbaine où les automobiles slaloment, comme bon leur semble, les gens qui se disputent.
Problématique organisationnelle
Pour lui, la contradiction est manifeste entre le champ lexical sur les cars et l’incivisme des uns et des autres. « Soit ils n’ont pas compris ce qu’ils ont écrit, soit ils se fient au pouvoir de protection des mots », estime Akeba relevant une problématique organisationnelle dans la société sénégalaise. Ce cri se manifeste à travers les mots, les tags. Interrogation, doute, interjection ponctuent ainsi le processus de création de Akeba. Avec un travail sur le volume, une palette d’une rare finesse, le résultat donne une fournée de mots : « Alla Bonni, Cheteuteut!!! », « Euh! », « Khalass! », « Mahalla! », « Mille tonnerres!!! », « Mo waye! », « Nom d’une pipe », « Parbleu », « Saperlipopette », « Tiey Li », « Zut Alors… » Analysant le travail d’Akeba, Dr El Hadji Malick Ndiaye, assistant de recherche, conservateur par intérim du musée Théodore Monod d’art africain, constate que « la ponctuation pose le problème de notre rapport au langage ». Il avance : « A supposer que l’histoire des hommes est aussi l’histoire de quelques mots, il y a deux questions que l’exposition cite à comparaître : la rature audible de l’onomatopée et l’énigme phonique de l’image ». Selon l’universitaire, les titres d’Akeba refusent de fonctionner comme de simples relais de l’image. « La peinture devient l’expression d’une plénitude de l’homme, représentant les symboliques de l’absurdité d’un monde dont les dérives indicibles nous figent de stupeur et ne peuvent être évoquées que par des exclamations », souligne Dr El Hadji Malick Ndiaye. Il remarque qu’au fond, la peinture d’Akeba vacille entre le cri et le silence, l’épouvante et l’exubérance.

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