Fonctionnement des coalitions au pouvoir : le ‘’mouth ba moth’’ de rigueur

11 - Avril - 2018

Abdoulaye Bathily est devenu subitement un cas au Sénégal. Non pas qu’il n’a pas été élu à la Commission de l’Union africaine ou qu’il a quitté la présidence de son parti la Ld, mais parce qu’il a osé dire ce qu’il pensait de l’Affaire Khalifa Sall en la traitant de ‘’dossier politique’’.

Depuis sa sortie, il ne cesse de faire l’objet d’un matraquage médiatique de la part des caciques du régime de Macky Sall. La dernière personne à l’avoir attaqué est le Ministre de l’Hydraulique Mansour Faye.

Une situation et bien d’autres comme celle du Pr Amsatou Sow Sidibé qui en disent long sur le modus vivendi de nos coalitions, surtout lorsqu’elles accèdent au pouvoir. C’est manifestement le ‘’mouth ba moth’’ (se taire ou partir) qui est de rigueur, comme le disait Mor Ngom s’agissant des sorties jugées désobligeantes d’Idrissa Seck alors membre de la coalition au pouvoir.

S’il est en effet vrai qu’aucun parti politique ne peut plus, à lui seul, gagner des élections, il n’en est pas moins vrai que le ‘’gagner ensemble et gérer ensemble’’ comme l’avait théorisé Ousmane Tanor Dieng, le leader socialiste, souffre à l‘épreuve de la pratique de dysfonctionnements graves. On demande à tous ceux qui sont dans la coalition d’observer une forme d’obligation de réserve, mieux de solidarité, quitte à renier leurs propres convictions.

Ceci est d’autant plus gênant que ces alliés sont souvent estampillés ‘’Ministres conseillers’’, ‘’Conseillers spéciaux’’, PCA, etc. et se retrouvent dans une situation où ils ne peuvent pas dire ce qu’ils pensent, du moins publiquement.

Il s’instaure alors une forme de dictature incarnée par celui qui a le parti le plus représentatif et qui détient le pouvoir. Il tient les autres en respect. Ces nouveaux soumis appelés alliés, ont peu le choix : Soit ils se taisent en se rendant solidairement responsables de tous les actes posés, soit ils quittent comme l’ont fait Cheikh Bamba Dièye, Cheikh Tidiane Gadio, Idrissa Seck, Serigne Moustapha Sy Djamil, Amsatou Sow Sidibé et bien d’autres.

Situation inconfortable pour les leaders politiques. Ayant participé activement aux élections et ayant surtout contribué à faire gagner leur candidat, ils ne doivent rien à personne. Rien ne justifie qu’ils se mettent au garde-à-vous. Pourtant, c’est ce que l’on attend d’eux.

Pis, lors d’élections, obligation leur avait été faite, en tout cas lors des dernières législatives, sous Macky, de soutenir la coalition et de ne pas faire cavalier seul, même s’ils en ont le droit.

Cette situation a suscité un malentendu entre Macky et le Directeur exécutif du Conseil national à la sécurité alimentaire d’alors qui a dû perdre son poste. Le Président du Mouvement pour le Parti de la Construction (Mpc) Mohamed Aly Séga Camara, a dû renoncer à un poste qui lui tenait à cœur, lui qui avait opéré d’importants changements à la tête de ce secrétariat qui dépend de la Primature parce que tout simplement, son parti avait déposé sa propre liste.

Le problème, c’est que ceux qui étaient restés parce qu’ils n’avaient pas l’audace de Séga, ont en général été mal servis lors des investitures. Des protestations ont été notées au sein du Ps, de l’Afp, du Mdr de Pape Diouf et dans bien d’autres partis politiques qui n’ont pas caché leurs frustrations.

Malheureusement, ce ‘’mouth ba moth’’ a fait que leurs leaders sont restés dans la coalition au risque, parfois, d’entrer en conflit avec leurs bases.

C’est cela le problème des coalitions au Sénégal. Elles sont nécessaires pour accéder au pouvoir. Mais une fois le résultat assuré, il faut observer une forme de discipline militaire qui rompt d’avec les rigueurs de la liberté en politique.

C’est pourquoi les coalitions ne survivent pas du tout. Elles ont la vie courte et doivent être repensées et recomposées à tout moment.

Autres actualités

18 - Décembre - 2018

Affaire Khalifa Sall : le Forum Civil prévient la Cour Suprême

En réaction à la lettre que lui a adressée le candidat déclaré à la présidentielle, Khalifa Sall, le Forum Civil écrit à la Cour...

18 - Décembre - 2018

Me Madické Niang sur le Groupe consultatif de Paris : "Cette dette sera un fardeau pour les populations"

Le candidat de la coalition Madické 2019 juge inopportune la tenue du Groupe consultatif à Paris pour le financement de la phase 2 du Plan Sénégal émergent...

17 - Décembre - 2018

Santé : And Gueusseum décrète une grève de 72 h à partir de ce lundi et annonce une marche mercredi

L’Alliance des syndicats autonomes de la santé (Asas)/ «And Gueusseum » corse la lutte et lance son 17e plan d’action. Son secrétaire général,...

17 - Décembre - 2018

Phase 2 du PSE : le Sénégal veut lever 4684 milliards à Paris

Le Sénégal rencontre ce lundi au siège de la Banque mondiale, à Paris, ses partenaires techniques et financiers, en vue de lever 4.684 milliards de francs CFA pour le...

17 - Décembre - 2018

Ousmane Sonko : "Le Changement interviendra en février si les jeunes…"

Le président de Pastef, Ousmane Sonko, a procédé ce dimanche à l’inauguration du siège de son parti à Diourbel. Il s'est dit fier et très...