«Gagner pour le peuple»

19 - Juillet - 2019

17 ans après la finale de Coupe d’Afrique des Nations (CAN), perdue en 2002, à Bamako au Mali, Aliou Cissé, va jouer sa deuxième finale. Mais cette fois, en tant que sélectionneur avec un objectif très clair : mettre enfin une étoile sur le maillot de l’équipe nationale du Sénégal. Pour cela, il n’y a pas besoin de discours de va-t-en-guerre. Sa Philosophie est d’aborder les matchs, les uns après les autres et montrer, par ricochet, que le match de poule contre l’Algérie était «un faux pas». Rendez-vous aujourd’hui, vendredi 19 juillet, à 19h GMT.

«17 ANS APRES, NOUS NE COMPTONS PAS S’ARRETER A UNE FINALE»

«Revenir en finale d’une coupe d’Afrique des nations, 17 ans après celle de 2002, c’est long. Il y a eu plus cinq à six CAN organisées. Beaucoup de déceptions, désillusions, de larmes. Nous y sommes aujourd’hui. Nous ne comptons pas s’arrêter à une finale. Nous voulons plus que ça. Cette génération est déterminée. Elle a du talent. C’est une génération de défi. Nous espérons faire une grande finale et gagner cette coupe pour notre peuple».

«NOTRE DEFAITE CONTRE ALGERIE AU PREMIER TOUR, C’ETAIT UN FAUX PAS»

«Nous restons dans le cadre du football. On ne peut pas parler de craintes ni de phobies. C’est trop dire. C’est un faux pas contre l’Algérie. Ce match nous a permis de nous remobiliser après avoir fait notre propre autocritique. Nous sommes revenus plus forts. L’Algérie est une grande équipe. Nous les respectons. Mais, nous avons des arguments à faire valoir. Après cette défaite, on a enchainé des matchs compliqués. Nous sommes aujourd’hui en finale déterminés pour la gagner. On ne vient pas en victimes».

«IL NE S’AGIT PAS DE TENIR UN DISCOURS VA-T-EN-GUERRE»

«Je n’ai pas de discours spécial. Notre philosophie est d’aborder les matchs, les uns après les autres. Cette défaite nous a permis de se remobiliser et d’être encore beaucoup plus fort. Une finale est match spécial. Il ne s’agit pas de tenir un discours va-t-en-guerre. Nous sommes très sereins et concentrés. Nous avons un collectif fort. Sur le match, avec plus de recul, vous verrez qu’il n’y a pas beaucoup de différence entre l’Algérie et le Sénégal».

«CE SONT DES MICRO-DETAILS QUI FERONT LA DIFFERENCE»

«Le match se jouera sur des détails voire des micro-détails. Une finale, souvent, c’est fermé. Il y a beaucoup d’émotions et de stress. Les détails seront importants. Chaque équipe a fait son parcours. Il y a deux grands représentants. J’espère que la fête sera belle et que la CAN aura plus d’aura au niveau international, plus de respect. C’est notre devoir en tant que sélectionneurs de nous battre. Djamel est dans cet état d’esprit. Ce sont des micro-détails qui feront la différence dans une finale».

PENALTYS : «ON A DE TRES BONS TIREURS»

«Je ne fais pas une fixation sur les tirs au but parce que les plus grands joueurs au monde ne l’ont pas marqué. C’est un exercice sur lequel on travaille à l’entraînement. S’il faut aller aux tirs au but pour gagner, nous sommes déterminés pour ça. Si le match doit passer par là, on est déterminé. On a de très bons tireurs qui vont tirer avec confiance».

«NOUS AURIONS PU GAGNER EN 2002 SI…»

«Nous aurions pu gagner la finale contre le Cameroun en première période. Nous avons eu deux occasions franches. Si on était un plus collectif, on aurait marqué ce but pour faire la différence. Le match a été compliqué avec une forte chaleur. Ce sont des détails qu’il ne faut laisser passer dans une finale. Vous êtes dans vos temps forts, vous ne marquez pas, alors que l’adversaire peut marquer. Ça peut se jouer sur des coups de pieds arrêtés, des erreurs individuelles. Ça se joue en réalité sur peu de choses. Ce qui demandera beaucoup de concentrations».

«L’ATTENTE DES SENEGALAIS EST UNE SOURCE DE MOTIVATION»

«Aucune pression qui nous tétanise. On est heureux d’être là. Nous sommes conscients des difficultés du pays, de notre continent. Nous sommes des privilégiés. Nous avons la chance de faire le travail que nous aimons. Nous représentons un pays, des supporters, un drapeau, et que le Sénégal n’a jamais été si proche de ce sacre. L’attente des Sénégalais est une source de motivation. Nous allons préparer le match de la même façon avec cette même envie de vouloir gagner».

«LA CAN EST BEAUCOUP PLUS IMPORTANTE QUE LE BALLON D’OR»

«Que ce soit Riyad (Mahrez) ou Sadio (Mané), ils sont concentrés sur la finale. Sadio a gagné la Ligue des champions. Il se retrouve en finale de CAN. Le plus important pour Sadio est de gagner cette coupe d’Afrique pour l’amener à son pays qui l’attend depuis les indépendances. C’est beaucoup plus important qu’un Ballon d’Or».

GENERATION 2002 VERSUS GENERATION 2019

«Le Sénégal a toujours regorgé de talents, de très grands footballeurs. Cette génération de Kalidou (Koulibaly) n’est pas, peut-être, sur les dix dernières années la meilleure génération que nous avons connue. Nous sommes arrivés en quarts de finale en 2017 après pratiquement 10 ans que nous ne sommes pas arrivés à ce niveau. En 2018, nous allons à la coupe du monde après 16 ans d’absence. Là, on arrive en finale en 2019. Les joueurs arrivent à hisser le Sénégal en finale. C’est dire qu’il y a une progression remarquable. C’est l’état d’esprit de nos garçons qui a changé. J’y tiens. Le talent ne suffit pas. C’est important de savoir pourquoi nous sommes là. Nous avons des devoirs et des droits. C’est une équipe nationale. Tous les matches sont décisifs. Ce qui n’est pas le cas en club. Chaque match perdu suscite un débat. La mentalité de nos joueurs a changé.

SUR L’ABSENCE DE KALIDOU KOULIBALY «C’EST UNE PERTE POUR NOTRE SYSTEME DEFENSIF»

Sur l’absence de Kalidou Koulibaly, Aliou Cisse se veut clair : «Perdre un joueur comme ça, c’est une perte de notre système défensif ». Le défenseur napolitain sera privé de finale pour avoir reçu deux cartons jaunes, contre l’Ouganda et en demi-finale face à la Tunisie. Les Lions devront faire sans lui dans ce rendez-vous continental. Ce sera sans Koulibaly pour le premier trophée continental. «Nous jouerons aussi demain (aujourd’hui) pour lui », a déclaré Aliou Cissé pour indiquer qu’il dispose d’un effectif capable de «pallier à l’absence de Kalidou Koulibaly». «C’est triste qu’il ne soit pas avec nous. C’est un grand patriote malgré qu’il ne soit pas né au Sénégal. Il a énormément de caractère. Il pense au collectif. Tout ce qu’il fait, c’est pour aider l’équipe nationale à avancer. C’est un garçon exceptionnel. Il fait partie des meilleurs défenseurs de ce monde», a fait savoir Aliou.

SUR L’AFFLUENCE «J’ESPERE QU’EGYPTIENS, ALGERIENS ET SENEGALAIS VIENDRONT SUIVRE LA FINALE»

En conférence de presse d’avant finale hier, jeudi 18 juillet, à la salle de conférence du stade international du Caire, l’entraineur Aliou Cisse est revenu sur l’absence du public dans les matches, à l’exception, bien évidemment, des rencontres du pays organisateur. Toutes les autres rencontres se sont disputées dans des stades quasi-vides. Aliou Cissé aurait aimé que les stades soient remplis pour la visibilité du football africain. J’espère que les Egyptiens, Algériens et Sénégalais viendront suivre la finale», a déclaré l’ancien capitaine des Lions. Selon lui, la mobilisation des supporters lors de cette finale ne saurait être une pression pour ses joueurs.

Il soutient que ce sont des professionnels habitués à pratiquer le football dans des ambiances électriques. «Pour un footballeur, vous travaillez pour vivre ça. Cette adrénaline est positive. Le monde nous regarde, c’est un privilège. Partout dans le continent, dans les foyers, dans les villages, en Casamance, au Sine Saloum, en Algérie, les gens seront devant leurs télévisions», dit-il. Avant de préciser : «Si on doit arriver dans ce stade en étant tétanisé, ça veut dire qu’on n’aura rien appris ».

RIVALITE TECHNICIENS LOCAUX-SORCIERS BLANCS CISSE PLAIDE POUR «L’UNIVERSALITE» DU FOOTBALL

Ils étaient 24 coaches en début de compétition pour la majorité issue d’Europe. Pour cette finale de la 32e édition inédite de la coupe d’Afrique des Nations (CAN) entre le Sénégal et l’Algérie, on aura sur le banc deux entraineurs locaux. Aliou Cisse pour les Lions et Djamel Belmadi pour les Fennecs. De quoi s’interroger sur le recrutement des entraineurs hors du continent d’Afrique. Certains observateurs vont jusqu’à avancer la revanche des «sorciers noirs» sur les «sorciers blancs». Quoi qu’il en soit la finale d’aujourd’hui, vendredi 19 juillet, au stade international du Caire, à 19 heures GMT, on assistera à la consécration des techniciens locaux. Toutefois, le sélectionneur sénégalais ne souhaite qu’un tel débat s’installe sur le continent.

Il plaide plutôt pour l’universalité du football. «Le football est universel. Je ne suis pas trop dans ces débats de coach local ou expatrié», tranche net, Aliou Cissé en conférence de presse d’avant match hier, jeudi 18 juillet. Avant de souligner : «il y a des entraîneurs expatriés qui ont eu à faire du bon boulot». Toutefois, Aliou Cissé ne se cache pas en parlant de sa fierté nationale pour disputer une finale.

Ceci est possible, dit-il, «grâce à la confiance du président de la fédération sénégalaise de football (Fsf), Me Augustin Senghor». «La chance que nous avons, Djamel et moi, est que nous avons porté les maillots de nos équipes nationales, avant d’être entraineurs. Nous sommes fiers », a-t-il déclaré. En plus du Sénégal et de l’Algérie, des pays comme la Côte d'Ivoire, la RD Congo, le Mali, le Ghana, la Guinée Bissau ont fait confiance à des nationaux.

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