Gestion covid-19: “Le gouvernement de Macky vient encore de se fourvoyer” (Par Habib Sy)

17 - Août - 2020

Selon toute vraisemblance, mon jeune frère Alioune Fall, conseiller du président de la République, n’a pas pris assez de précautions, en répondant à ma réflexion sur «L’ERE DE LA GOUVERNANCE SANS ÂME». Il entame sa spéculation littéraire, par une rupture de logique, voire du fil sensoriel entre l’humain et l’objet, dans un univers de métempsychose.

Il ne semble pas avoir bien écouté «les Choses». Il n’a entendu ni «la Voix du Feu», encore moins celle de «l’Eau». Il théorise de façon incompréhensible, une rupture entre l’être mort et l’objet, lieu d’incarnation de son âme. Or, de façon générale, dans les cultures africaines, l’objet jouant le rôle d’intermédiaire entre l’humain et les dieux, est sensé disposé d’attributs sensibles, telle que l’âme. Le Masque Africain, sur lequel prie le Président poète Léopold Sédar Senghor en est une parfaite illustration. «Masques aux quatre points d’où souffle l’Esprit»

«Je vous salue dans le silence»

Au plan juridique, «rien de nouveau sous le soleil» Alioune reprend à son compte les développements d’une autre éminence grise du président de la République, «juriste tailleur, de la haute couture» – je le cite – pour des chefs d’Etat africains infectés par le virus du troisième mandat, en cette période Aussi, ne voudrais-je pas outre mesure, me focaliser sur ces aspects, quand bien, ils sont intéressants pour la nourriture de l’esprit. Mais, on ne combat pas le coronavirus par des armes littéraires ou par des abstractions juridiques.

«Balle à terre». Le gouvernement vient encore de se fourvoyer, en réchauffant d’anciennes mesures, pour endiguer le coronavirus. Dans une sorte de veine archaïsante, il vient de reconduire une ancienne stratégie de lutte contre le nouveau virus, en mettant au-devant les forces de sécurité. Je voudrais bien connaitre dans l’histoire de l’humanité, des périodes où des forces de sécurité et de défense ont gagné une guerre contre une maladie.

La «policisation» à outrance de la guerre n’assure point la victoire. Notre gouvernement a la manie de copier les pratiques d’autres Etats, avec lesquels nous n’avons pas les mêmes réalités. Gouverner un peuple, en plus d’être un art, relève d’une science. L’observation et l’expérimentation sont des outils dont doivent se servir les gouvernants, pour réussir leurs missions.

Or, le gouvernement du Sénégal ne semble pas le comprendre, pour arriver à contenir la covid-19. Sur injonction du président de la République, et au cours de sa conférence de presse du dimanche 07/08/2012, le ministre de l’Intérieur a mis en évidence la situation préoccupante de la jeunesse, principal vecteur de transmission du virus. Des lors, nous nous attendions à ce que les jeunes soient largement impliqués, en tant acteurs dynamiques dans la nouvelle stratégie.

La force est plutôt envisagée pour les mater sur les plages, les rues, les véhicules de transport en commun, et autres lieux où ils ont l’habitude de noyer leur désœuvrement, en cette période de canicule et de d’espérance perdue. La lucidité voudrait qu’ils soient pleinement inclus, placés au-devant du front, pour combattre l’ennemi Covid-19. En langage militaire, des Brigades des Jeunes Combattants Contre le Coronavirus (BRIJEC) pouvaient être créées dans les différents quartiers des quatre régions, les plus touchées par la maladie, que sont Dakar, Thiès, Diourbel et Ziguinchor. Sous l’égide du ministère de la Jeunesse, des partis et mouvements politiques, de la société civile, des daara etc., les jeunes seraient formés et encadrés par les professionnels de santé, pour informer, sensibiliser, sous des formes à définir d’un commun accord avec le ministère de la Santé.

L’occasion serait ainsi donnée au chef de l’Etat, de prolonger le dialogue national, la concertation entamée, et de renouer le fil des échanges avec ces acteurs. Les artistes et particulièrement, le mouvement Hip Hop viendrait en appui. De larges plages leur seraient consacrées sur les plateaux de télévision, de radio et des réseaux sociaux. Usant du langage qui leur est propre, ils transmettront les messages qui siéent à leurs camarades et amis. Les forces de sécurité n’interviendraient qu’en dernier ressort, en cas de troubles à l’ordre public. On ne gouverne pas un pays par des mesures susceptibles de transformer l’énergie de la jeunesse en colère dans la rue. La force de la jeunesse doit toujours être orientée vers le progrès. En tout état de cause, pour gagner la guerre, l’Etat doit investir davantage dans le secteur de la santé. Des recommandations qu’Alioune voudra bien porter à la connaissance de qui de droit, s’il les juge utiles. Après cet échange, Alioune et moi devrions consacrer le temps de nos discussions à d’autres activités non moins utiles. Qu’il trouve ici l’expression de ma fraternelle et sincère considération.

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