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GESTION DE LA SODAV, ABSENCE DU MINISTRE DE LA CULTURE, CHERTE DU GRAND THEATRE, MANQUE D’ECOLE DE MUSIQUE… CHŒUR DE COMPLAINTES DES MUSICIENS

12 - Janvier - 2017

GESTION DE LA SODAV, ABSENCE DU MINISTRE DE LA CULTURE, CHERTE DU GRAND THEATRE, MANQUE D’ECOLE DE MUSIQUE… CHŒUR DE COMPLAINTES DES MUSICIENS

Lors d’une conférence de presse, tenue hier, mercredi 11 janvier, au Just 4 You, l’Association des acteurs de l’industrie musicale (Aim) dirigée par Zeynoul Sow, ont passé en revue tous les maux qui gangrènent leur secteur. Elle fustige le non paiement, depuis un an, des redevances par la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav) sans aucune justification. Les artistes dénoncent aussi la cherté du prix pour organiser un concert au Grand Théâtre, de même que le manque d’écoles de formation en musique et celui de soutien du ministre de la Culture et de la Communication, Mbagnick Ndiaye. Un ministre qu’ils ne peuvent pas rencontrer, malgré les multiples demandes, disent-ils. Pour mettre fin à cela, l’Aim interpelle Macky Sall qui a décrété 2017 année de la culture, à revoir la gestion de la Sodav, à se séparer des autorités qui ne font rien pour la culture et à tout faire pour que la Sodav paie sans délai l’argent qu’elle doit aux artistes musiciens.

Ce sont des musiciens très remontés contre la Société sénégalaise du droit d’auteur et des droits voisins (Sodav), le ministre de la Culture et de la Communication et l’administrateur du Grand Théâtre, qui ont rencontré la presse hier, mercredi 11 janvier, au Just 4 Yu. En brassards rouges, les musiciens et acteurs de la musique regroupés au sein de l’Association des acteurs de l’industrie musicale (Aim), ont fait savoir qu’ils sont restés un an sans recevoir un seul sou de la Sodav. «Constatant la situation très difficile qui prévaut dans le secteur de la musique, particulièrement le non paiement d’un an de salaires différé des ayants droit de la Sodav, l’Aim exige le paiement sans délai de redevances des artistes musiciens et de tous les ayants droit», a fait savoir le président de l’Aim, Zeynoul Sow. Poursuivant son propos, il souligne que la situation est « grave » car la Sodav jusqu’à aujourd’hui n’est pas venue pour leur justifier les raisons de ce retard. Ce qui leur a permis de dénoncer ce «manque de communication» des gérants de la Sodav. «Nous ne pouvons pas comprendre le fait que les gens soient pris en otage avec leurs familles pendant toute une année et sans communication », a laissé entendre Zeynoul Sow.

Pour sa part, le guitariste Jimmy Mbaye n’est pas aussi allé par quatre chemins pour déverser sa bile sur la Sodav. Pour lui, «la Sodav n’a rien fait et elle ne respecte pas les artistes, qu’elle nous donne notre argent. Si la Sodav ne peut pas faire mieux que le Bureau sénégalais du droit d’auteur (Bsda), qu’elle laisse le Bsda revenir». Jimmy Mbaye n’a pas aussi manqué de dénoncer la situation «difficile» des artistes, empirée par la piraterie. Sur ce, dit-il, «nous qui possédons des studios d’enregistrement, nous qui passons tout notre temps dans les studios, à faire de la musique à faire, à écrire de la musique, si on ne peut rien gagner avec cette musique, si des mécènes veulent vous trouver dans votre salle d’exécution pour contribuer financièrement à votre vécu, ce serait très méchant et malhonnête de dire qu’on fait beaucoup d’argent. Quand tu sors un album, tu es piraté et personne ne nous soutient». «Il faut que les radios et les télés commencent à payer pour la diffusion de la musique et qu’on arrête de donner de l’argent aux animateurs pour qu’ils fassent la promotion », soutient le guitariste.

Etalant encore sa colère, l’Aim regrette le fait que d’autres structures soient financées et que la culture soit restée en rade par les autorités. «Plusieurs structures dans notre domaine ont été subventionnées durant l’année 2016 et nous n’avons pas vu une de ces structures poser un acte concret », ont tenu à préciser les artistes.

Zappés par Mbagnick

Ils ont aussi fait savoir qu’il fait presque un an qu’ils n’arrivent pas à rencontrer le ministre de la Culture et de la Communication, malgré les multiples demandes. «Un ministre que nous ne pouvons pas rencontrer. Depuis un an, nous cherchons à le rencontrer, pour une association de ce genre qui est la plus représentative dans le domaine de la culture, en vain», déplore Zeynoul Sow. Non sans relever que les musiciens voient les autorités qu’en cas de mort d’un artiste ou à la télé. «Nous ne les voyons qu’en cas de catastrophe et c’est regrettable », déplore M. Sow. Le cri de cœur des artistes continue, «Quand des artistes restent une année entière sans percevoir leurs dus, qu’ils soient pris en otage par un groupuscule de personnes et qu’on n’en parle pas toute l’année, c’est qu’il y’a un problème. On a souvent entendu des problèmes de primes mais des problèmes de salaires pendant une année entière, c’est parce qu’il y’a des gens qui sont impliqués dans cette affaire qui sont proches du ministre, et qui ne veulent pas en parler. Quand nous restons une année sans recevoir de salaires, sans rencontrer le ministre, sans recevoir de subventions, ça veut dire que le ministre de la culture ne nous sert à rien. Il est temps de ces gens qui nous prennent en otage».

Macky appelé à la rescousse

Toutefois, pour mieux garantir le développement de la musique et une gestion transparente, les musiciens veulent que le président de la République, Macky Sall qui a décrété 2017 une année de culture, leur vienne en rescousse. «L’Aim interpelle l’Etat sur la gestion de la Sodav qui inquiète les ayants droit, car nous allons prendre nos responsabilités le moment venu pou se débarrasser de ces lobbies qui prennent en otage la culture sénégalaise», martèle Zeynoul Sow. Il ajoute : «nous interpellons Macky Sall pour qu’il mette les gens à la place qu’il faut pour que la culture puisse décoller. Si tout le monde s’accorde sur le fait que la culture a régressé au Sénégal, c’est parce qu’il y’a un problème et le problème, c’est le ministère de la culture qui ne joue pas son rôle».

La cherté du Grand Théâtre dénoncée

L’association des acteurs de l’industrie musicale dénonce, jusqu’à la dernière énergie, le montant exhorbitant que les administrateurs du Grand Théâtre demandent pour l’organisation d’un concert. Selon eux, 4 à 5 millions de F Cfa, «c’est trop, alors que c’est un édifice public financé par la Chine avec un budget de fonctionnement de près de 800 millions.» «Les acteurs culturels et artistes qui organisent les concerts paient des prix exorbitants de 4 à 5 millions de FCfa sans compter les taxes de sécurité payés », déplore le président de l’Aim. Pour mettre fin à ce que les musiciens qualifient « d’arnaque », l’Aim exige la «baisse systématique du prix, usurier et pratiqué au Grand Théâtre». Pis, «ceux qui gèrent le Grand Théâtre ne sont pas du secteur, ils sont méconnus dans le secteur, ce sont des anciens artistes peut-être ou anciens acteurs, mais qui ne connaissent pas la réalité du terrain », disent-ils. Et Zeynoul Sow d’ajouter «puisque les administrateurs font du commerce et donc le Grand Théâtre pourrait être confié au ministère du commerce comme ça, il pourrait instaurer les règles du business ».

Fermeture de rideaux en plein concert de Pape et Cheikh : «Une humiliation», selon Pape

Le chanteur Pape du groupe Pape et Cheikh a profité de l’occasion pour dénoncer la fermeture de rideaux par les administrateurs du Grand Théâtre en leur pleine soirée, le vendredi dernier 6 janvier, alors qu’il ne restait que deux morceaux pour finir, mais aussi après avoir payé beaucoup d’agent. Selon Pape, des trémolos dans la voix, «c’est vraiment regrettable de payer à la Sodav, au Grand Théâtre et pour la police, pour les sapeurs pompiers qui ne viennent même pas . Il faut payer avant l’ouverture même de la porte. Les 180 billets leur reviennent, sans oublier le matériel à loué, car celui du Grand Théâtre n’est pas bon. Et comme si cela ne suffisait, ils vous coupent en pleine soirée». Non sans relever le manque de sponsors qui préfèrent d’autres évènements que les soirées. «C’est de l’humiliation», dit Pape. Zeynoul Sow, pour sa part, a fait savoir qu’il regrette aussi ce qui est arrivé à Pape et Cheikh. «Après avoir payé une somme de 3millions 700 mille F, Pape et Cheikh se sont vus fermés les rideaux au milieu du spectacle de haute facture qu’ils ont préparé et que même le ministère ne peut pas organiser, c’est une arnaque et un manque de respect».

Manque d’écoles de musique au Sénégal

L’Association des acteurs de l’industrie musicale a lancé un véritable cri de cœur à l’Etat du Sénégal pour une création d’écoles de musique pour pouvoir former de bons musiciens. Selon Zeynoul Sow, «Cela fait plus de 20 ans qu’on ne forme plus de bons musiciens au Sénégal parce qu’il n’y a pas de bonne école de musique ». Et pourtant, dit-il, «il y’a des références de musique africaine et mondiale qui sont là », en donnant comme exemple Pape, Papis Konaté, Abdou Guitté, Jimmy Mbaye, Tapha Cissé, Alioune Kassé Salam Diallo, entre autres, qui étaient sur le présidium. Et si on n’assiste pas au développement de la musique au Sénégal, c’est parce que les ténors ne sont pas invités à partager leurs expériences, a tenu à préciser M. Sow. Comme solution, «il y’a des gens qui prennent la culture en otage, qui ne font pas ce qu’il faut, c’est le moment de les libérer et de laisser la place aux vrais acteurs de prendre les choses en main ». Et si «nous ne pouvons pas rencontrer le ministre de tutelle ni son cabinet, comment nous pourrons rendre efficaces les projets que nous détenons », fustigent les musiciens.

2017, année de la culture

Après que le président de la république ait décrété 2017, année de la culture, l’Aim attend de lui une audience pour trouver solution à leurs maux au cours de l’année. Pour cette année 2017 également, l’Aim compte organiser plusieurs activités pour faire revivre la musique. Parmi ces activités Zeynoul Sow cite l’anniversaire de l’association des acteurs de l’industrie musicale qui sera organisé les 10, 11 et 12 février pour «rendre hommage aux artistes de valeur décédés et qui ont tout fait pour la culture car le ministère ne fait rien ».

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