Grognes & grèves - des lois votées dans la précipitation : Le pouvoir des petits consensus

04 - Novembre - 2016

Grognes & grèves - des lois votées dans la précipitation : Le pouvoir des petits consensus

Le mot «concertation» est bien mal placé dans le dictionnaire des tenants du pouvoir actuel au Sénégal. Beaucoup de réformes sont engagées, toutefois, les concertations sont mal menées, le consensus bricolé, parfois même absent. Pendant qu’une grogne des magistrats se préparent, les greffiers sont en grève de 72h, les médecins ont bouclé leur troisième plan d’action récemment tandis que les enseignants sont dans l’antichambre. A l’origine de ces mouvements d’humeur, des réformes qui sont enclenchées sans une concertation préalablement et rudement menée avec les acteurs concernés.

Le Sénégal est en pleine mutation. Le virage à 360° est tellement abrupte que beaucoup de citoyens risquent de ne pas pouvoir tenir. En effet, des réformes et refontes des textes majeurs sont, actuellement, en cours. Chaque semaine en conseil des ministres, des textes sont adoptés et envoyés à l’Assemblée nationale. Seulement l’élaboration et la validation de ces législations se font en catimini. C’est quasiment au dernier moment que les acteurs sont impliqués à demi-teinte.

Le code pénal et le code de procédure pénale sont passés à l’Assemblée nationale la semaine dernière. Ces deux textes qui régissent la façon dont les justiciables sont traités dans la Justice sont très répressifs sur certains aspects. Ils traitent de beaucoup de secteurs sans que les concernés ne soient avisés. Des actes banals sont pénalisés à un niveau très sévère. Et jusqu’ici, il n’y a encore aucun plan de communication échafaudé afin que l’adage qui dit que «nul n’est censé ignorer la loi» puisse s’appliquer au citoyen. Car ces codes ont, fortement, été remaniés. Même les avocats et autres juristes y perdent leur latin. Dans leurs commentaires, on sent la peur les étreindre. Et pourtant ce sont bien des auxiliaires de justice.

Mêmes ceux qui traitent de la matière judiciaire sont laissés sur les carreaux avec ces vagues de réforme. Les projets de lois organiques portant sur la Cour Suprême et le statut des magistrats ont soulevé l’ire du syndicat des magistrats. En effet, l’Union des Magistrats du Sénégal a estimé que «ces nouvelles ne font que recycler des magistrats qui ont fait valoir leurs droits à la retraite. Il y a une gérontocratie qui ne dit pas son nom». L’UMS compte se réunir ce week-end d’ailleurs pour se prononcer et adopter une position par rapport à cette bravade des autorités au pouvoir.

Si les magistrats se préparent à bander les muscles, les greffiers eux sont déjà en ordre de bataille. Ils ont mis en branle leur cinquième plan d’actions pour fustiger le blocage des négociations. «Le comité technique composé des experts de la Fonction publique a le devoir d’étudier le projet de statut que le ministère de la Justice a produit. Il doit montrer en quoi le projet de statut est fort et en quoi, il est faible», avait déclaré mercredi le secrétaire général du SYTJUST, El Hadji Aya Boun Malick Diop.

La refonte partielle du Code électoral aussi fait des grincements de dents. L’opposition et la société civile ont dénoncé le semblant de consensus et s’inquiètent de la précipitation du pouvoir à envoyer le texte à l’Assemblée nationale.

L’année scolaire est pour le moment stable. Les enseignants donnent du temps au pouvoir pour mesurer l’effectivité des promesses qui leur ont été faites. S’il n’y a pas d’évolution d’ici mi-décembre début janvier le spectre des grèves risque de refaire surface.

Autres actualités

14 - Septembre - 2018

Parrainage à Bby: Macky nomme 14 délégués régionaux pour coordonner sa campagne

Le président de la République innove. Dans le cadre de sa campagne de parrainage, Macky Sall a désigné 14 coordonnateurs régionaux. Cette stratégie lui...

14 - Septembre - 2018

Madické Niang : «Le Sénégal est en détresse à cause de l’incompétence de Macky Sall»

Réhabilité par Me Wade, Me Madické Niang a conduit hier une délégation du parti démocratique sénégalais (Pds) au Magal de Serigne Abdou...

14 - Septembre - 2018

Le Forum civil vole en éclats

D’après Source A, il existe désormais deux Forum civil. À gauche, la tendance Birahim Seck-Me Moussa Félix Sow. À droite, ceux qui sont catalogués...

14 - Septembre - 2018

Qui en veut à l’Avocat Me Ciré Clédor Ly ?

Me Ciré Clédor Ly serait-il victime d’acharnement de la part de l’Etat du Sénégal. La question garde toute son importance et pour cause. L’Avocat...

14 - Septembre - 2018

Plan B : et si Wade jouait la carte Idy ?

Depuis la polémique ramadanesque consécutive à sa sortie sur la direction de la qibla pour la prière, Idrissa Seck est aphone. Il s’est limité, le jour de...