Hugues Diaz, directeur de la Cinématographie : «Nous devons aller à la conquête du marché asiatique»

04 - Juillet - 2017

Hugues Diaz, directeur de la Cinématographie du Sénégal, a récemment conduit une délégation à la 20e édition du Festival international de films de Shanghai. Au terme du séjour, il a accepté volontiers de livrer son sentiment sur l’intérêt de cette participation sénégalaise, tout en levant un coin du voile sur l’organisation prochaine des Rencontres cinématographiques de Dakar (Recidak). M. Diaz est également revenu sur l’importance de créer une véritable industrie cinématographique sénégalaise.
M. Diaz, suite à une rencontre que vous avez eue à Dakar avec une délégation chinoise, vous venez de participer au Festival international de films de Shanghai. Quel bilan tirez-vous de cette visite en Chine ?
Le bilan a été très positif. Le simple fait de venir participer et d’être considéré comme un représentant d’un pays et même d’un continent, car nous étions l’un des rares pays à participer au Festival international de films de Shanghai, est un grand honneur. Rien que cela c’est déjà une satisfaction. Ce sont des horizons diverses qui s’ouvrent à notre cinématographie parce qu’aucune cinématographie ne peut rester campée sur elle-même. Nous avons besoin d’apport de l’extérieur car nous avons besoin d’apprendre des autres. Et je pense que faire un voyage comme celui-ci, est déjà une aubaine avec la Chine. Nous voulons avec la Chine engranger dans la durabilité des accords de coproduction et d’échange cinématographique. Donc cela sous-entend qu’il nous faut préparer le terrain et le fait que nous soyons venus à Shanghai, est un des éléments fondamentaux pour concrétiser tous ces projets que nous avons avec la Chine. La 2ème satisfaction : c’est que cette visite nous a permis de voir comment évoluent les grands festivals. Le Festival international de films de Shanghai n’a rien à envier à d’autres festivals dans le monde, tant sur le plan de l’organisation que sur le reste. Nous sommes allés aussi parce que nous aspirons à organiser de grands évènements de dimension internationale. Rien que le fait d’aller en Asie a été une aubaine pour notre cinéma. La fois dernière, on était en Europe avec la Berlinale, puis après on était au Fespaco… Aller aux grands festivals de différents continents nous permet de mesurer l’ampleur et toutes les charges qui incombent à une bonne organisation de dimension internationale. Shanghai offre tellement d’opportunités. C’est pour cela qu’il y a tellement d’Américains, d’Européens qui viennent eux aussi participer à ce festival.
Qu’est-ce que cela apporte concrètement comme avancée à notre cinématographie ?
Le Festival international de films de Shanghaï comme je l’ai dit, ouvre de nouvelles portes à notre cinématographie. A la prochaine édition s’il plait au Bon Dieu, nous allons participer de façon active. Nous allons revenir ici avec des films, des productions sénégalaises et montrer aussi ce que vaut notre cinématographie. Pour le moment, je considère que notre participation était dans l’ordre de l’observation. Nous étions allés apprendre, connaitre et nous inspirer des points positifs de ce festival. On a su observer et mesurer tous les enjeux qui sont dans l’organisation. Les hôtels étaient «full», le dispositif organisationnel mis en place : que ce soient les transports jusqu’au plus petit détail ; l’accueil à l’aéroport… Nous qui voulons être les futurs grands ménagers du cinéma africain, il faudrait que nous puissions nous en inspirer. L’autre point assez fondamental : lorsqu’on va dans un festival comme celui-là, les rencontres sont importantes. L’une des plus belles rencontres, et ça je pense que c’est la surprise des surprises, c’était de rencontrer un acteur, un homme du cinéma mondial de la dimension de Jacky Chan. Je pense qu’il n’est pas donné à tout un chacun de rencontrer de grosses pointures comme Jacky Chan qui a eu la simplicité de nous recevoir mais aussi poser en photo avec nous. Il nous a surtout accordé quelques minutes de son temps précieux. C’était tout juste à l’issue d’une prestation, d’un grand évènement, d’une soirée de gala qu’il organise pour perpétuer l’œuvre qu’il est en train de faire dans le cinéma. C’est une rencontre que tout cinéphile aimerait avoir. Mais la plus importante des rencontres fut celle avec la Manager générale du Festival international de films de Shanghai. Elle nous a fait l’honneur de nous inviter à un déjeuner où nous avons partagé nos attentes, nos ambitions et des perspectives.
Quelles sont ces perspectives ?
La chose la plus importante c’est qu’une fois rentrés au Sénégal, de préparer les réalisateurs et les sociétés de production pour participer à la prochaine édition de 2018. Je veux avec notre cinématographie, faire une razzia dans toutes les compétitions à l’international : que ce soient les films d’action, les documentaires, les fictions…. Nous allons leur proposer des films de chez nous, pour leur montrer qu’au Sénégal, on fait aussi des films et même des films d’action. Même si ce n’est pas encore à leur niveau d’évolution, l’essentiel c’est que nos jeunes participent et aillent apprendre. Ça crée une émulation. Nous avons vu dans les films projetés à Shanghai que celui qui a réalisé un documentaire sur l’Afrique est un étranger. Là-dessus, il y a de quoi sensibiliser les producteurs, bien les préparer parce qu’il faut envoyer des films de qualité. Je pense que le Sénégal, l’Afrique doit venir ici pour s’inspirer de ce qu’ils font. Avec mes autres collègues africains, parce que si je suis allé à Shanghai, c’est aussi pour le compte de l’Afrique, je ferai tout pour que nous ne soyons pas en reste. Je vais partager cette expérience avec mes chers collaborateurs, mes collègues : qu’ils soient sénégalais ou africains pour qu’on puisse nous inspirer de ce festival. C’est un festival qui nous concerne et qui est proche de nous, par rapport à notre esthétique, nos thématiques. Je pense qu’on partage avec la Chine ses valeurs. Notre rencontre avec la patronne de ce festival a été très bénéfique pour faire participer nos pays à ce grand festival qui est ouvert. Mais il faut surtout que nous aussi nous invitions ces personnes pour, à long terme, établir des jumelages pour qu’elles nous poussent vers un niveau d’organisation élevé.
Vous pensez pouvoir réaliser une organisation pareille pour les prochaines Recidak ?
En tout cas, nous aspirons à ce que j’ai vu comme organisation. Que les gens puissent avoir les billets à plein temps ; le défi de l’information ; faire participer des volontaires et vraiment professionnaliser nos organisations. Moi, je suis très séduit par ce que j’ai vu à Shanghai. Et pourquoi ne pas demander aux responsables de ce festival de venir au Sénégal pour nous aider à davantage professionnaliser chaque édition, pour mûrir nos projets, nos ambitions et les perspectives que nous avons pour notre cinéma ? J’ai eu une rencontre avec mon ami par qui est passée l’invitation, je tiens à le remercier. C’est le Directeur général de la chaine de cinéma chinoise Cctv. Nous avons beaucoup échangé pour que des contenus africains puissent intégrer le marché chinois et que les productions chinoises soient mieux ventilées sur le continent. En tout cas nous sommes ou­verts à ce partenariat gagnant-gagnant. Bientôt nous allons leur envoyer des productions sénégalaises et africaines. C’est un enjeu culturel mais à la fois aussi économique parce que le marché chinois avec le milliard d’individus, peut nous permettre de concrétiser ce que j’appelle le cinéma business avec des salles fonctionnelles, des multiplex fonctionnels… C’est autant d’atouts que la Chine possède et autant d’atouts qu’ils pourront partager avec nos pays qui sont en train de remettre en marche leurs cinématographies. Je dois également féliciter les membres de la délégation sénégalaise. Nous avons marqué cette édition du festival de Films de Shanghai par notre présence. Nous avons cette fois-ci amené un réalisateur mais c’est préparer les autres à aussi vivre l’expérience plus tard. Nous allons les pousser à venir explorer le cinéma africain. Nous avons mis dans notre délégation un journaliste pour que tout ce que nous avons vécu soit transcrit fidèlement. Ce qui a été fait. Pour nous, il est important à chaque voyage de mettre un homme de presse, de la communication dans la délégation pour relayer la présence sénégalaise à ces rencontres. En définitive, nous sommes revenus heureux d’avoir pu atteindre nos objectifs.
«Je suis très séduit par ce que j’ai vu à Shanghai»
Vous relancez les Recidak après un long temps d’arrêt, c’est un véritable challenge qui vous attend quant à l’organisation….?
C’est vrai les RecidaK sont très attendues, mais pour ne pas décevoir, nous allons commencer, après près de 15 ans d’arrêt, à faire remarcher la machine. Ce ne sera pas facile. Mais nous allons tenter de réconcilier notre pays avec les grandes manifestations culturelles. Ce n’est pas toujours facile, ce sont des organisations qui demandent des moyens. Les invités doivent être logés, pris en charge dans des hôtels, tout ça c’est de l’argent…. Et je pense que l’Etat du Sénégal, les municipalités, doivent s’impliquer. Nous avons vu l’engagement des collectivités locales, la mairie de Shanghai, pour le Siff. Vous allez en Inde c’est pareil, ce sont les municipalités qui viennent en appoint aider de telles initiatives. Donc les Recidak, j’ai un peu peur, vu le niveau d’organisation auquel nous avons eu à assister, vraiment il n’est pas facile de les égaler. Alors, nous allons faire avec les moyens dont nous disposons. Mais sans pour autant manquer d’ambition. Il faudrait qu’on fasse une manifestation qui puisse permettre aux décideurs, à l’Etat, aux collectivités, de comprendre les enjeux, qu’il y a dans l’organisation des festivals de cinéma. C’est à la fois des marchés, c’est tellement d’opportunités qui sont offertes pour la destination Sénégal. Parce que nous sommes une destination que nous devons promouvoir et on ne saurait le promouvoir que par des mots. Je pense que les Recidak, ce ne serait qu’un tremplin parmi tout ce qui s’organise. C’est pourquoi nous avons demandé aux autres festivals, aux autres manifestations cinématographiques qui sont organisées par les privés, de venir fondre avec les Recidak pour qu’on ait une organisation forte en novembre….
Etes-vous déjà dans les préparatifs ?
Nous sommes en train de nous mobiliser. Il y a déjà le défi de la programmation de grands films. Nous envisageons d’associer des gens qui vont dans des festivals, quelqu’un comme le réalisateur Mansour Sora Wade, qui est souvent membre de jury, et tant d’autres peuvent venir constituer le collège de la programmation pour que nous puissions programmer des films vraiment qui sont de différents horizons. Des œuvres qui nous viennent à la fois de l’Asie, de l’Amérique, de l’Afrique, de l’Europe. Nous allons surtout faire participer des professionnels de l’industrie cinématographique ou de la diffusion cinématographique. Parce que nous voulons organiser un marché qui va permettre aux jeunes producteurs sénégalais de présenter leur production à des distributeurs, à des chaines de télévision, donc pour aussi vendre. Il nous faut créer un marché. Cela n’existe pas. Et un marché pareil qui va être créé durant ces Recidak permettra aux diffuseurs, aux télévisions, aux plateformes numériques, aujourd’hui qu’il y a l’avènement des salles de cinéma, donc de venir acheter du contenu qui soit de l’Afrique, du Sénégal et même du monde. Ce sera un marché qui offre des opportunités à des producteurs, des diffuseurs pour venir vraiment financer soit la diffusion, soit la production. Les Recidak sont connues pour le niveau très haut de réflexion. Et sur cet aspect aussi, nous prévoyons une série d’ateliers, de conférences, de colloques. C’était ça la vocation première des Recidak, créer des réflexions, organiser des réflexions qui soient structurantes pour le cinéma africain. On avait commencé à définir des problématiques très urgentes, cinéma et développement pour ne pas dire émergence. Parce que l’émergence on en parle dans nos pays mais regardez les pays dits émergents se sont appuyés sur leur industrie cinématographique, culturelle, l’Inde par exemple, la Chine. Regardez la Chine, les pays comme le Brésil, sont des pays qui produisent beaucoup et qui véhiculent des images positives de leur pays et qui attirent des investisseurs étrangers. C’est ce que nous voulons faire comprendre à nos décideurs. Le thème provisoire c’est : cinéma africain et développement. Il s’agira de voir comment articuler l’industrie cinématographique à tout ce qui concerne l’économie de la culture, l’industrialisation de nos pays, le cinéma et l’éducation, comment le cinéma, les films, peuvent contribuer à l’éveil des consciences des jeunes. Tout ça ce sont des problématiques que nous allons poser….
L’organisation des Récidak avait été agitée l’an dernier et cela n’a pu se faire. Cette fois-ci sera-t-elle vraiment la bonne ?
J’avais refusé l’année dernière d’organiser les Recidak pour une raison principale : comment voulez-vous organiser des Recidak sans une salle aux normes internationales qui n’a ni Dcp ni rien du tout. Nous nous sommes battus avec les promoteurs privés pour avoir des salles aux normes. Les investisseurs privés que sont Bolloré et autres ont compris. Une salle que nous allons inaugurer peut-être les semaines à venir est aux normes internationales. Parce que si on fait venir les étrangers dans un pays nommé le Sénégal et qui n’a pas une salle aux normes internationales, ce serait ridicule. On ne peut pas faire du cinéma n’importe comment, il y a une évolution technologique. On projette aujourd’hui avec des Dcp, avec des salles conviviales qui donnent envie d’y aller… Il faut un certain nombre d’infrastructures. Aujourd’hui, on peut relancer les Recidak parce qu’il y aura au moins 4 écrans. Le Magic Land va offrir 3 écrans, le Canal Olympia 1 écran, l’institut français est aux normes et cela permettra aux gens de venir regarder des films dans des conditions optimales. Cela va donner envie à la population sénégalaise, aux cinéphiles africains du monde qui sont au Sénégal de se réconcilier avec le cinéma. Parce que le cinéma c’est beau, la magie du cinéma se trouve dans la technologie, dans le rendu, le grand écran, du bon son, de la bonne image. Même si le film n’est pas bon, les gens doivent se dire : ah la magie du cinéma, de belles images, un bon son, un cadre accueillant, confortable, sécurisant,…
«L’état sénégalais veut renforcer le secteur privé du cinéma»
Certaines personnes se plaignent tout de même du fait que ce sont beaucoup plus les privés qui ouvrent ces salles de cinéma et donc est-ce que ça profite vraiment à l’Etat du Sénégal ?
Ce que nous voulons faire c’est de renforcer le secteur privé du cinéma, l’Etat met à la fois un environnement légal, réglementé mais économique. Et l’Etat va vraiment comme on dit : recouvrer ce qu’il donne parce qu’aujourd’hui le Fopica c’est ouvert à l’exploitation. Aujourd’hui, il y a 4 salles qui vont être rénovées avec du matériel nouveau numérisé mais pour 2018, nous envisageons de doubler, de mettre 8 salles dans les régions et que l’Etat va payer. Dans quel pays du monde ça se passe comme ça ? En France, quand la numérisation est venue, la Cnc a fait financer à outrance, le Maroc en fait autant, il n’y a pas un pays qui ne renforce pas son secteur privé. Aujourd’hui l’Etat ne peut pas reprendre ses salles de cinéma. Au Sénégal on a tout vendu, l’Etat avait tout vendu. Alors faudrait-il aujourd’hui reprendre tout cela à zéro ? On perdra du temps. Ce qu’il faut, c’est de permettre à des investisseurs privés, ceux qui construisent des hôtels par exemple, en construisant ils peuvent au moins mettre 2 salles de cinéma. En Côte d’Ivoire c’est ainsi organisé dans les centres commerciaux. A chaque fois qu’il y a un nouveau centre commercial, on crée une salle de cinéma. C’est cela que nous sommes en train d’inculquer au secteur privé et ils ne seront pas seuls, l’Etat va les aider sur le plan économique, à lancer la machine. Aujourd’hui nous laissons un peu ces privés-là qui investissent pour respirer financièrement. Actuellement, l’Etat ne récupère aucun franc, pourtant il y a des taxes, il y a des reversements, il faut reverser des droits sur les tickets vendus. Mais aujourd’hui nous fermons les yeux parce que le nombre de salles n’est pas impressionnant. Pour tout dire, il n’y a que 2 salles qui fonctionnent, les autres ne sont pas considérées comme des salles… Elles vivent de la piraterie. Mais nous les poussons à se réorganiser, à se rénover en mettant la numérisation. Avec la numérisation, on ne pourra plus tricher…. L’économie du cinéma se mesurera par le nombre d’écrans. C’est un travail de longue haleine, il ne faut pas qu’on se presse, bâtissons les choses durablement, sécurisons les investissements, qu’ils soient étatiques ou privés.
Vous avez évoqué tout à l’heure la participation sénégalaise au Siff pour l’année prochaine. Pensez-vous que les films, qui sont produits aujourd’hui dans le cadre du Fopica, peuvent déjà aller en compétition dans ce festival qui est quand même d’un certain niveau ?
Effectivement ! Cela est possible d’autant que le Fopica par essence, dans son fonctionnement premier, vise l’excellence, l’excellence dans l’écriture, l’excellence dans la production et c’est sur plusieurs critères qui sont des critères souhaités par le festival. C’est-à-dire l’esthétique, une esthétique créative qui reflète des valeurs culturelles à la fois nationale mais universelle, une valorisation des thèmes qui épousent les contours de l’universalité. Tous les films aujourd’hui, sinon la majorité, sont conformes à ces exigences du Fopica et de ce festival. C’est pourquoi je dis quand même que nous pouvons et nous pourrons présenter des films de haute facture qui pourront valoir à l’Afrique, ça je tiens à le dire, des distinctions jamais égalées pour un pays africain. C’est vrai que des pays du Nord comme l’Egypte, le Maroc, la Tunisie, si je ne me trompe, ont eu à participer au festival de films de Shanghai et ont gagné des prix. Mais en Afrique Subsaharienne, je pense que c’est un défi pour nous de venir à la conquête de ce marché asiatique et international. Venir à la conquête de ce marché mais également faire connaitre ce marché aux Africains.
Avez-vous bon espoir quant à l’organisation prochaine d’un festival international de films chinois au Sénégal ?
Ah oui ! Nous y pensons depuis bien longtemps. J’envi­sage d’en parler avec le responsable des cinémas chinois qui est le ministre en charge de toutes les questions liées au cinéma. Lors d’une visite de travail avec les professionnels, nous l’avons évoqué par le passé (…), pour vraiment organiser un festival du film chinois au Sénégal. Après il était prévu de venir également présenter le cinéma sénégalais à Beijing en Chine. Nous travaillons avec le service culturel de l’ambassade de la Chine au Sénégal à concrétiser cette initiative salutaire. Parce que, il ne suffit pas que d’accueillir, de recevoir, mais aussi nous avons des choses à proposer, des films, des productions de haut niveau à présenter aussi au public chinois. Nous allons y travailler, déjà pour que ces films soient sous-titrés en chinois. Nous allons donc faire une sélection très tôt de films sénégalais qui devront être montrés pour que nous puissions faire le doublage en Chine ou bien même avec l’institut Confucius, amener des jeunes étudiants qui parlent chinois à bien traduire nos films sénégalais et vice-versa. Les Chinois pourront eux aussi traduire en français les films qu’ils voudront bien présenter chez nous. Tout est possible. Déjà, on voudrait que l’édition 2017 des rencontres cinématographiques de Dakar ait comme invitée d’honneur la Chine et ça nous l’avons encore réitéré lors de notre séjour à Shanghai. Et je pense que les Chinois sont très enthousiastes de venir à la rencontre de l’Afrique. Nous allons encore poursuivre les discussions pour voir comment la Chine pourrait être impliquée pour concrétiser cette semaine du cinéma chinois au Sénégal.
Qu’est-ce que cette coopération avec la Chine apporte en ce qui concerne la formation dans les métiers du 7e art ?
Beaucoup de choses. Déjà en septembre prochain, trois agents de la Direction de la cinématographie se rendront à Beijing et se feront former au niveau de toutes les structures qui accueil­lent des infrastructures cinématographiques. Ils vont se familiariser à ce qu’on appelle l’organisation d’une industrie cinématographique. Parce qu’au Sénégal on va aller vers ça, pour construire une véritable industrie du cinéma sénégalais. Par rapport à tout ce que l’on fait aujourd’hui, il y a un maillon qui manque. Il n’y a pas d’industrie réelle du cinéma sénégalais. Et c’est ce maillon que nous voulons reconstituer. Certains iront en France également pour se faire former mais nous avons tellement voulu que la Chine nous appuie en ce sens, car nous sommes proches de l’Asie, de l’Inde, de la Chine. Alors, il nous faut bénéficier et aller apprendre de l’expérience chinoise. Qui est une très grande expérience en termes d’infrastructures, en termes de traitement des archives cinématographiques mais surtout en termes d’organisation de l’industrie cinématographique… Au-delà des fonctionnaires sénégalais qui iront pour des stages d’imprégnation, nous voulons aussi que de jeunes étudiants sénégalais aillent se faire former, mais aussi pour booster la formation de hauts cadres du cinéma sénégalais. C’est vrai que cela se fait déjà avec le Maroc, la France, les Etats-Unis. Mais aujourd’hui, je pense qu’il est encore mieux de venir à l’école asiatique en Inde, en Chine pour d’autres métiers sur lesquels ils excellent.
Qu’est-ce que la Chine a de particulier dans ce domaine ?
Nous avons vu par exemple par rapport aux effets, ils ont vraiment des avantages concurrentiels par rapport aux autres pays de l’Europe. Et ça va rien nous coûter d’amener autant de jeunes pour 3 mois se familiariser avec par exemple les effets spéciaux, avec des décors, avec des métiers vraiment pointus du cinéma. En tout cas-là, nous avons quand même demandé, dans le cadre des accords de coopération culturelle entre la Chine et le Sénégal, que le secteur cinématographique aussi ait sa part de jeunes cinéastes, de jeunes réalisateurs qui viendront à l’école de la Chine…. Outre la Chine, l’Inde est connue pour son Bollywood. Ces pays font des films de haute qualité et je pense que rien que pour cela, il y a de quoi venir s’en inspirer pour vraiment asseoir une industrie cinématographique nationale forte….

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