Hyper-présidentialisme, cencsure, limogeage… où va l’Etat sénégalais?

29 - Octobre - 2019

Il doit sans doute y avoir un gros malaise dans le gouvernement. Puisque parler du mandat présidentiel est désormais assimilable à un «délit d’opinion», de nombreux ministres et haut-fonctionnaires doivent tourner la langue sept fois avant de l’ouvrir. Cela, à côté de l’hyper-présidentialisme qui fait que nombre d’entre eux peinent à accéder au «Patron» qui, nous dit-on, travaille avec le téléphone.

La question du sociologue et historien français Pierre Birnbaum «Où va l’Etat ?» a tout son intérêt pour les Sénégalais. Non pas avec l’arrivée en force de titulaires de diplômes de grandes écoles dans le gouvernement, mais par la tournure de cette gouvernance «Fast-track» qu’on nous vend depuis des mois. Laquelle a totalement désarticulé l’Etat que Senghor nous a légué. Confondant, sans doute vitesse et précipitation avec ce slogan, Macky Sall a complètement désossé l’Etat. Surtout avec la suppression du poste de Premier ministre qui lui fait perdre un fusible et l’expose directement aux nombreuses affaires qui gangrènent le pays. En effet, aujourd’hui avec cette donne qui a pour but de rationaliser les choses et aller plus vite dans la résolution des problèmes des Sénégalais, il n’existe que lui. Les ministres semblent être là juste pour meubler le décor. Un changement de cap dans l’architecture institutionnelle qui le place à l’épicentre de tout et confine les ministres à exécuter les ordres téléphonés.

S’étant approprié tous les pouvoirs, Maky Sall semble montrer qu’il veut des collaborateurs plus terne que terne, se contentant juste de faire ce qu’il dit et l’épargnant de leur florilège de conseils. Ceux du cabinet noir suffisant largement.

Pis, avec sa mise en garde sur le débat sur le troisième mandat et les limogeages de Sory Kaba et Moustapha Diakhaté (voir ci-dessous), il a fini de mettre ses hommes au pas. Ce que les wolofs appellent «Mout mba mott». Ainsi, par la volonté d’un seul homme, comme le clamait Dominique de Villepin dans l’affaire Clearstream, tout le peuple marron-beigne et ses sbires sont obligés de clouer le bec sur ce sujet. Où est la démocratie d’opinion dans tout ça ? Les Sénégalais devraient-ils se contenter du seul son de cloche de l’opposition et des constitutionnalistes ? Une attitude qui prouve à suffisance que nombre de ceux qui nous dirigent, qui l’acceptent sans broncher, ne sont mus que par leur confort personnel dans le système. En tout état de cause, si Macky Sall veut clairement clore ce débat et pousser ses hommes à ne se concentrer que sur son œuvre, il n’a qu’à dire publiquement qu’il ne se représentera pas. Sinon, tout le reste n’est qu’embrouilles pour dérouler à sa guise son agenda politique.

De plus, si le chef de l’Etat limoge un agent de l’Etat qui s’est justement prononcé sur le nombre de mandats présidentiels alors qu’à côté un haut fonctionnaire a été accusé par un député, en charge de contrôler le gouvernement, sur une sombre affaire de 94 milliards de francs Cfa sans même être démis, cela devient incompréhensible aux yeux des étrangers qui vivent parmi nous. Un scandale qui n’est sans doute pas étranger au fait que certains fonctionnaires sont accusés d’être milliardaires grâce à leur position dans l’Etat et leur pouvoir de signature. Donc, si Macky Sall veut réellement une gouvernance «vertueuse» comme il le clamait jadis, il devrait s’attaquer à ce phénomène. Sinon, l’Ofnac, dont il disait que c’était pour son régime, la Crei étant pour le clan Wade, n’aurait aucune utilité avec son budget dans nos maigres ressources.

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