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Imbroglio du jeu politique: Fada ou l’art d’une transhumance plus ‘’soft’’ !

13 - Juin - 2018

L’audience a eu lieu avant-hier au Palais de la République. Modou Diagne Fada est dans une dynamique sinon de rejoindre Macky Sall, du moins de ne plus s’opposer à lui. Un adversaire de moins, comme qui dirait.
On l’avait certainement senti ou ressenti dans les déclarations de son parti somme toute assez ambiguës. L’ancien Président du groupe Liberté et démocratie à l’Assemblée nationale sait que ses frères de parti doutent de lui et savent depuis longtemps qu’ils ne peuvent plus compter sur lui.
Même s’il n’entre pas dans le Gouvernement, il entre dans le mouvement, celui-là des souteneurs de Macky comme l’Apr, Macky 2012, Benno et tant d’autres.
Mais ce n’est pas sans doute pas là une surprise. Celle-ci surviendra dans les prochaines semaines lorsque d’autres leaders politiques seront reçus au Palais.
Les démarches vont bon train et j’en connais qui sont déjà d’accord à 80%.
A ce propos, il est important de savoir qu’il y a deux façons de transhumer : La transhumance directe et celle que l’on peut qualifier d’indirecte.
La première est celle de ceux qui rejoignent sans sommation le pouvoir et surtout son parti. Ceux-là font légion et il est inutile d’en exhiber la liste du reste assez bien connue.
A côté de ceux-ci, il y a les autres dont la transhumance est plus ‘’soft’’. Ils parlent avec Macky directement ou indirectement, reçoivent son argent, son appui et travaillent pour lui en fragilisant ses adversaires.
Nous pensons que Modou Diagne Fada est de ce groupe, comme du reste beaucoup d’autres comme Samuel Sarr dont l’hibernation politique de longue durée a trahi la volte-face. Et ils ne sont pas les seuls. La liste est longue.
Cette nouvelle forme de transhumance est celle de ceux qui n’entrent ni dans le parti présidentiel ni dans le Gouvernement.
Pourtant, ils ne s’en sont pas moins efficaces. On l’a surtout observé lorsqu’il s’est agi de fragiliser le Pds. Nombre de caciques de ce parti ont déclaré mettre en place des formations politiques. Ils ont fini par ôter les masques.
C’est à cause de ce phénomène insidieux dans notre système politique que les discours des hommes politiques ne valent plus grand-chose.
Ce sont des déclarations à prendre avec circonspection. Car, chez nous, les ennemis d’hier peuvent être les amis d’aujourd’hui, et vice-versa. Les gens agissent au gré de leurs intérêts et ceux qui semblent plus vulnérables sont ceux qui ont déjà goûté aux délices du pouvoir. Celui-ci est comme une drogue et attire par ses multiples avantages et opportunité.
Cependant, nous ne pouvons pas manquer de souligner que la transhumance est un phénomène qui a fragilisé substantiellement le jeu démocratique sénégalais. Il aide à caser nombre de délinquants à col blanc dont, souvent, la place est entre les barreaux. Il fausse le jeu des partis politiques, détruit ces derniers, fragilise les coalitions et humilient à jamais ceux qui s’y prêtent. Ils perdent souvent l’estime des autres et font profil bas.
Ces types d’hommes politiques que l’on peut qualifier d’alimentaires ne forgent plus le respect. Ils entrent dans une forme d’hibernation et deviennent peu efficaces pour ceux qui les recrutent.
C’est pourquoi, il serait important que la classe politique réfléchisse sur un phénomène qui pose un réel problème d’éthique.
Il a, en réalité, les mêmes causes que la corruption. C’est dire que tant que les hommes politiques une fois au pouvoir n’hésitent pas à vivre au-dessus de leurs moyens, il en sera toujours ainsi. Le train de vie, cela s’entretient. Et souvent ce sont ceux qui jurent de ne jamais transhumer qui le font allégrement, secoués par leurs difficultés de survie.
Comme quoi, le phénomène est encore pour perdurer longtemps.

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