Inaugurations en cascade: Macky cache mal sa psychose du second mandat

24 - Janvier - 2019

En 2012, Me Wade demandait aux Sénégalais de lui laisser finir ses chantiers. Il en avait fait une obsession, tant il tenait à inaugurer certains ouvrages qui n’étaient pas achevés.
En 2019, Macky inaugure lui, des chantiers non-achevés comme le Ter et multiplient ses déplacements partout dans le pays dans ce sens. Surtout ces derniers temps.
D’ailleurs, en début février, la veille de l’ouverture de la campagne, la Vdn 3 sera, elle aussi, inaugurée.
Macky est en train de faire feu de tout bois partout au Sénégal, dans les quartiers, les villages, pour achever des chantiers ou, en tout cas, accélérer les travaux parfois au prix de grands désagréments pour les usagers.
Et les motivations profondes sont connues de tous. Le besoin de présenter un bilan spectaculaire dans le but de convaincre l’électorat et, bien sûr, bénéficier d’un second mandat.
Qu’est-ce qu’il y a de mal à cela ? Un président est élu, entre autres, pour développer son pays avec des infrastructures de pointe. Cela fait partie de ses promesses de campagne et il n’y a rien à dire à cela.
Cependant, force est de constater que c‘est la première fois que l’on inaugure des ouvrages inachevés. Même le pont de Farafégné devra être retouché pour, parait-il, permettre aux gros porteurs de passer.
La réalité est que Macky s’empresse et s’engouffre dans une campagne déguisée, obligeant les médias à violer l’interdiction du CNRA de diffuser toute forme de campagne électorale directe ou indirecte en cette période. Ici, tout le monde sait que Macky anticipe la campagne avec une frénésie telle qu’on dira qu’il fait ses adieux. Or, il n’en est rien. La réalité est plus simple.
Les sondages commandités ne donnent pas toujours des chiffres rassurants. Et Macky, bien que majoritaire encore, ne souhaite pas aller au second tour. C’est un secret de polichinelle.
Or, il a une telle psychose du second mandat qu’il est prêt à tout pour atteindre le résultat escompté. C’est malheureusement cela le pouvoir. L’appétit vient en mangeant et une fois que l’on s’y habitue, on devient dépendant, exactement comme en matière de consommation de substances psychotropes. Ceci est d’autant plus valable quand le Grand manitou a engagé une bonne partie de sa famille dans la gestion et ne souhaiterait pas que la dynastie s’effondre aussi vite.
Pis, il y a les risques de règlement de comptes avec des lois aussi liberticides que l’article 163 bis du Code pénal sur l’enrichissement illicite.
Ainsi, comme Wade, il reste convaincu que ce sont les grands chantiers qui sont les plus attrayants et qu’il faut miser sur ces édifices pour tenter de convaincre le grand nombre.
Mieux, c’est sous son magistère que le pétrole et le gaz ont été découverts. Or, pour rien au monde, cet ingénieur spécialisé dans les mines ne veut laisser le soin à un autre d’en piloter l’exploitation après avoir réussi l’exploration.
Alors, il fallait écarter les adversaires potentiels les plus dangereux, laisser l’organisation des élections à un Ministre-partisan, domestiquer le pouvoir judiciaire et réduire l’opposition à sa plus simple expression.
J’ai cependant un souci supplémentaire. Comme le mandat de 7 ans, le second mandat de 5 ans, même s’il est acquis, va prendre fin, un jour. Et alors, que fera Macky ?
On me dira que l’on n’en est pas encore là. Mais je pose le débat pour que tout le monde prenne conscience des raisons profondes qui poussent les Chefs d’Etats africains à s’éterniser au pouvoir.
Ali Bongo au Gabon, Paul Biya au Cameroun, Idriss Deby au Tchad, Faure Gnassingbé au Togo, Denis Sassou-Nguessou au Congo, et bien d’autres, sont arrivés un jour au pouvoir dans leurs pays et n’ont jamais voulu partir.
Joseph Kabila en Rdc a imposé Félix Tshisekedi, Mohamed Ould Abdel Aziz en Mauritanie et Alpha Condé en Guinée vont tenter le même scénario.
Comme quoi, le Sénégal n’est pas à l’abri. Et cela doit faire réfléchir…

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