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INFRASTRUCTURES – Chemin de fer Dakar-Bamako : La Banque mondiale et la Bad s’engagent à financer le projet

29 - Juin - 2018

Des requêtes de financement seront bientôt envoyées à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement (Bad), qui se sont engagées à financer le projet du chemin de fer Dakar-Bamako, a annoncé hier Amadou Ba, ministre de l’Economie, des finances et du plan, qui présidait la cérémonie de lancement du plan stratégique 2019-2023 du Port autonome de Dakar (Pad). En effet, la survie du Pad est tributaire de la réalisation dans les 12 prochains mois du corridor Dakar-Bamako. Selon le directeur général du Port, c’est une condition pour continuer à recevoir les marchandises maliennes dont 75% sont acheminés par train. C’est là une des problématiques auxquelles le plan stratégique va chercher à répondre.
La survie du Port de Dakar dépend de la réalisation rapide du chemin de fer Dakar-Bamako. Selon le directeur général, Aba­ba­car Sadikh Bèye, à défaut de cette infrastructure, Dakar peut perdre d’importantes parts du marché malien. Ce pays représente en effet 18% du trafic du port et les 75% de ce trafic sont ensuite acheminés par le train. «La réalisation du train est un élément de compétitivité vital, et si dans 12 mois ce chemin de fer n’est pas réalisé, le Port de Dakar pourrait perdre 75% du trafic malien», a estimé le directeur général à l’occasion du lancement du Plan stratégique 2019-2023 du Pad.

Cette préoccupation est d’ail­leurs partagée par le ministre de l’Economie, des finances et du plan. Selon Amadou Ba, des requêtes de financement seront bientôt envoyées à la Banque mondiale et à la Banque africaine de développement (Bad) qui se sont engagées à financer le projet.
«Le corridor Dakar-Bamako est absolument stratégique. Si demain il est facile d’envoyer des marchandises à Bamako, le port de Dakar sera naturellement le port des économies maliennes en sachant qu’ils ont le choix entre plusieurs autres ports pour s’approvisionner. Mais le corridor Dakar-Bamako est plus rapide, plus compétitif et moins coû­teux», explique M. Victor Ndiaye, de Performance groupe, qui a réalisé le plan stratégique.
Desserrer les goulots d’étranglement
Avec 18 millions de tonnes en 2017, le Pad présente un taux de rentabilité relativement faible. «Le Port de Dakar voit son trafic augmenter, son chiffre d’affaires également, mais par contre la rentabilité a très fortement chuté ces trois dernières années. Elle est de 3%, une des plus faibles au monde et il est indispensable qu’un certain nombre de mesures fortes soient prises», indique M. Ndiaye. Ce plan ambitionne ainsi de porter à 80 milliards de francs Cfa le chiffre d’affaires du port, contre 50 milliards actuellement, avec une rentabilité de 15%. Selon le consultant, le plan a montré que pour faire de Dakar un grand port régional et un corridor logistique, il faut d’abord en faire un port extrêmement efficace en termes de fluidité et de temps de passage. «Un port, c’est véritablement le temps que les marchandises et les bateaux font de leur arrivée jusqu’au départ. Et l’objectif, c’est qu’il soit le plus rapide possible. Aujourd’hui, on est entre 9 et 10 jours et l’objectif est d’arriver demain à moins d’une heure. Et il y a également tout ce qui concerne l’organisation interne. Une entreprise ne peut pas être performante si l’organisation interne n’est pas efficace», indique M. Ndiaye.
Il fait dire que les goulots qui étranglent le Pad sont multiples. Selon l’expert, malgré une croissance annuelle de 23% entre 2014 et 2016 et une croissance du chiffre d’affaires de 31%, le Pad est confronté à des problèmes de congestion et de manque de places de parking. En outre, il ne fonctionne pas à feu continu, contrairement à ses concurrents, et connaît des lenteurs dans les procédures de dépotage. En moyenne, il faut 3,2 jours d’attente par bateau là où le port de Lomé ne met qu’une heure et demie. Il s’y ajoute des infrastructures qui ne sont pas à la pointe. Le tirant d’eau de 13 mètres ne permet pas aussi d’accueillir les plus grands bateaux là où Lomé, avec ses 16 mètres, réalise 56% de ses opérations en transbordement. L’exiguïté de l’espace portuaire, 325 ha, est aussi responsable du manque de performance.
Ndayane, solution pour désengorger Dakar
A ce niveau, la réalisation d’un port à Ndayane est une solution qui permettra de désengorger Dakar. Avec ses 1 800 ha et un tirant d’eau de 18 mètres, Ndayane devrait ainsi se placer sur le segment des activités classiques, tandis que Dakar pourrait aller vers une spécialisation en services pétroliers et de pêche. «Il faut faire en sorte de préparer l’avenir et être très fort dans le segment des conteneurs qui est le marché le plus important dans l’activité maritime de demain. C’est déjà prévu avec Ndayane qui a les infrastructures et le tirant d’eau qu’il faut. Mais d’ici à ce que ce port arrive, il faudra que Dakar améliore son service vis-à-vis des conteneurs, ait plus d’espace de stockages et de lieux de stationnement pour les camions, et peut-être demain mettre en place un port sec a Diamniadio», précise M. Ndiaye.

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