Kabirou Mbodje solde ses comptes : "Wari gêne; Macky Sall a été induit en erreur dans la vente de Tigo(…) C’est déplorable que des Sénégalais acceptent de jouer les prête-noms"

09 - Mai - 2018

Le Pdg de Wari Kabirou Mbodje sort de son silence. Dans un long entretien avec le quotidien Walfadjiri paru ce mercredi 9 et jeudi 10 mai 2018, il aborde entre autres question, le différend qui l’opposait avec ses actionnaires, l’achat avorté de Tigo, l’imbroglio sur le décret présidentiel… Morceaux choisis.

Wari gêne

Cela a commencé en voulant mettre Wari contre la Banque centrale sous prétexte qu’on est une menace. Ce qui est aberrant parce qu’on progresse depuis plus de dix ans sans exploser et de plus en plus de personnes l’utilisent. Cela gêne certains acteurs qui veulent positionner un autre modèle. On utilise des méthodes déloyales dont les dumpings de système et des campagnes de dénigrement, en activant des gens à qui j’ai gracieusement cédé des parts dans l’actionnariat.

Ces employés ont eu l’attitude pas de nature à créer la bonne entente dans la société et ont été remerciés. Ils sont maintenant utilisés par d’autres en disant qu’ils sont co-fondateurs. Donc, il faudrait que ces gens, déboutés par la justice, apportent les titres de propriété puisqu’ils disent qu’ils ont souscrit au capital. Ils sont utilisés par des gens dont le souci est de détruire Wari qui est tellement dans le cœur des populations qu’un autre modèle a du mal s’imposer. On assiste depuis des mois et des mois à des campagnes successives de tous ordres pour essayer de casser l’image de Wari.

Rachat de Tigo par Wari

C’est très simple. A l’issue d’un appel international auquel plusieurs structures télécoms internationales ont souscrit, Wari a présenté la meilleure offre technique et financière et a gagné. Et nous avons signé le 2 février, le contrat de Tigo à Wari. Lequel stipule de façon très simple qu’à la signature, nous devons payer la somme de dix millions d’euros. Et le reliquat des 129 millions devrait être payé le 2 novembre 2017. Donc, il n’était pas question de payer quoique ce soit au milieu ou de façon intermédiaire. Dans tous les processus d’acquisition dans le monde, il y a ce qu’on appelle « due diligence » où l’acquéreur regarde tout ce qu’on a prétendu lui vendre. Et cela dure huit à neuf mois.

Pendant ces réunion d’étape, il y a une qui était prévu le 2 juin où on devait évaluer cette «due diligence » et Wari devait apporter une lettre d’engagement irrévocable de financement du reliquat. Ce 2 juin, la banque tête de file nous a fait une lettre qui n’était pas révocable, car soumise à deux conditions : l’approbation de l’Etat et la finalisation de la diligence. Ce qui est normal. MiIlicom qui savait qu’il n’y avait aucune entrave, à cette réunion, a voulu continuer la transaction. En fait, s’il y avait un quelconque problème, ils auraient dû arrêter le 2 juin, lors de cette réunion d’étape. Mais non. Et c’est ainsi que nous avons payé les consultants de « due diligence », avec l’accord de Millicom comme le contrat de vente sur toutes les actions. Il y a des conditions qui disent que tout ce qu’on doit faire, devait l’être avec l’accord de Millicom.

Donc, le 2 juin jusqu’au 26 juillet, les conditions légales, économiques et techniques sont déployées sur le terrain. Et le 26 juillet, le consultant fait la réunion de clôture de sa mission où toute la direction générale de Tigo était présente, en plus du représentant régional. Il annonce avoir fini sa mission, que son rapport est concluant et qu’il fallait dire à la banque qu’elle peut décaisser. Mais le 28 juillet, nous recevons une lettre de dénonciation du contrat de Millicom, soit deux jours après. Donc, ces gens-là, pendant qu’ils étaient dans une transaction exclusive, faisaient derrière des transactions avec d’autres personnes. La signature du contrat du 2 février donnait une exclusivité de la transaction entre Wari et Millicom. Ils ne pouvaient pas travailler et discuter avec quelqu’un d’autre.

Le 1er août, l’Etat du Sénégal a signé le décret d’approbation. Mais ce décret a été caché, donc pas disponible alors qu’il été fait depuis le mois de mai. Donc, on est en plein dans le processus quand Millicom a fait des annonces comme quoi Wari n’a pas payé de chèque. Ce qui est véritablement un mensonge et un vrai préjudice à la crédibilité de notre groupe. A travers cette campagne de diffamation, il a dit qu’il devait chercher un autre acheteur. En conséquence de quoi, nous avons saisi la justice pour qu’on soit rétabli dans nos droits.

Free nous a demandé de nous désister moyennant un chèque

Même les personnes avec qui Millicom dit avoir signé, en l’occurrence Free, nous avaient déjà saisis avant la clôture des appels d’offres, sachant que nous étions finaliste avec eux dans l’appel d’offres, pour nous demander de nous désister moyennant un chèque. On sait maintenant comment ces gens ont su que nous étions à Dubaï pour venir nous demander de nous retirer. Nous pensions qu’ils le faisaient pour avoir nos chiffres. Quand nous avions gagné et que lors d’un forum à Genève, le président de la République a évoqué les champions sénégalais comme Sédima et Wari, on a reçu un appel de ces mêmes personnes de Free pour nous demander de travailler en partenariat technique et financier…

Macky Sall a été induit en erreur…

Millicom a écrit le 15 février (à l’Etat) et a dit que nous avons cédé la licence et l’Etat a approuvé. Et c’est ce que nous avons expliqué. Mais il y a des gens très proches du président de la République, qui ont passé leur temps à lui faire croire autre chose et l’ont amené dans des situations délicates où l’Etat signe des décrets alors que c’est impossible (…) Le fait qu’on ait travesti la position du chef de l’Etat sur sa volonté clamée et renouvelée de soutenir les champions sénégalais, montre qu’il y a quelque chose qui s’est passé que nous ne comprenons pas. On a réussi à l’induire en erreur, en lui faisant signer un autre décret qui pose un réel problème en termes de respect de la constitutionalité. Cela va plus loin que la vente d’un opérateur, il s’agit de la sécurité de l’investissement. Si dans un pays, on peut prendre la loi et l’interpréter à sa façon pour faire autre chose, cela devient inquiétant.

Yerim Sow, un prête-nom de Xavier Niel de Free pour acheter Tigo?

C’est déplorable que des Sénégalais acceptent de se mettre comme ça en avant pour jouer les prête-noms ou porteur de valises pour des interêts des étrangers. C’est aussi déplorable qu’on fasse croire certaines choses alors que depuis le début, Free et les autres étaient associés et qu’il n’a jamais été question d’un acteur sénégalais. Comment se fait-il que, du jour au lendemain, on trouve cette personne au milieu pour faire croire que c’est un Sénégalais qui est devant (…) Je ne suis pas dans le secret des dieux, mais il y a des questions à se poser dans cette manière de voir cette personne-là se faire attribuer des terrains de manière intempestive et des structures de l’aéroport de Diass. C’est étrange de le retrouver au milieu d’un jeu où il ne devait pas être présent.

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