Karim Wade et Khalifa Sall : revers judiciaires pour deux ténors de l'opposition, qui visent toujours la présidentielle

31 - Août - 2018

Deux des principaux opposants au président sénégalais Macky Sall, le maire de Dakar Khalifa Sall et l'ex-ministre Karim Wade, ont vu leurs espoirs de se présenter à la présidentielle de 2019 contrariés jeudi par la justice, mais ils ne perdent pas espoir de revenir dans la course selon leur entourage.

Dans la matinée, Khalifa Sall a vu sa condamnation à cinq ans de prison pour escroquerie confirmée par la cour d'appel. Et en début de soirée, la Cour suprême a rejeté le pourvoi de Karim Wade contre son exclusion des listes électorales, préalable indispensable à une candidature.

"Khalifa Ababacar Sall: le tribunal confirme le jugement" rendu en première instance en mars, a déclaré le président de la cour d'appel, Demba Kandji, en l'absence du maire de la capitale, dans un palais de justice placé sous haute sécurité.

La cour d'appel a également condamné Khalifa Sall et trois de ses sept coaccusés à verser "solidairement" la somme de 1,8 milliard de francs CFA (environ 2,75 millions d'euros) à l'Etat du Sénégal.

"Nous ne sommes pas surpris. J'ai cessé de croire depuis longtemps en cette justice. Khalifa Sall n'y croyait pas, raison pour laquelle il n'a pas comparu. La décision rendue n'est pas une décision de justice mais une décision politique", a commenté un de ses avocats, Me Ciré Clédor Ly.

La confirmation de la peine, attendue, constitue un sérieux revers pour cet homme politique populaire de 62 ans, considéré comme l'un des rares adversaires à pouvoir menacer dans les urnes le président sortant Macky Sall, qui devrait briguer un second mandat en février 2019.

- "Pas privé de la présidentielle" -

Mais dès l'annonce de l'arrêt, ses proches ont souligné que la course à la présidentielle n'était pas encore perdue pour Khalifa Sall, qui compte saisir la Cour suprême. Il "conserve encore sa chance d'être candidat et d'être éligible", a insisté devant la presse Me Ly.

Khalifa Sall n'est "pas privé" de son droit à concourir "tant qu'une condamnation définitive n'a pas été prononcée", a également indiqué à l'AFP une membre de son entourage.

"Leur stratégie c'est d'éliminer des candidats à la présidentielle", dont Khalifa Sall, a de son côté indiqué élu dakarois, Bamba Fall. "C'est un combat politique, nous allons l'engager".

Khalifa Sall, en détention depuis mars 2017, avait été condamné en première instance pour "escroquerie portant sur des fonds publics" et "faux en écriture", pour le détournement d'environ 2,5 millions d'euros prélevés entre 2011 et 2015 sur les caisses de la Ville de Dakar.

Maire depuis 2009, ce dissident du Parti socialiste (PS) et de la majorité présidentielle affirme que les poursuites judiciaires à son encontre visent à l'empêcher de se présenter à la présidentielle, ce que démentent les responsables de la majorité.

- Grâce présidentielle -

"Pourvoi rejeté", a laconiquement déclaré le président de la Cour suprême en rendant son arrêt quelques heures plus tard dans l'affaire Karim Wade, fils et ministre de l'ex-président Abdoulaye Wade (2000-2012) et lui aussi candidat déclaré à la présidentielle.

M. Wade avait vu sa demande d'inscription sur les listes électorales rejetée le 2 juillet par le ministère de l'Intérieur, qui avait invoqué des dispositions du Code électoral privant de droits civiques toute personne condamnée à plus de cinq ans de prison.

Il avait été condamné en 2015 à six ans de prison ferme, à plus de 210 millions d'euros d'amende pour "enrichissement illicite" et à la confiscation de tous ses biens. Le verdict avait été confirmé en appel en août 2015, mais il a bénéficié d'une grâce présidentielle en juin 2016 et vit depuis à l'étranger, principalement au Koweït.

Pour l'un de ses avocats, le député Madické Niang, l'arrêt de la Cour suprême n'exclut cependant pas Karim Wade de la course à la présidentielle. "Nous avons d'autres recours mais nous n'allons pas les dévoiler ici", a-t-il affirmé en estimant que "ce qui s'est passé aujourd'hui montre que le système judiciaire est du coté du pouvoir".

Une centaine de prétendants ont manifesté leur intention de se présenter au prochain scrutin présidentiel mais aucun n'a le même niveau de notoriété ou de popularité de Khalifa Sall ou Karim Wade.
Source impact.sn

Autres actualités

06 - Octobre - 2017

Sénégal – Mauritanie : Pourquoi Macky danse avec le « diable »

La sécurité des sénégalais en Mauritanie est la préoccupation qui pousse l’Etat sénégalais à épouser des choix du...

06 - Octobre - 2017

Scandale à l’IAAF : les avocats de Lamine Diack fusillent son fils Massata

Les déclarations irresponsables et tapageuses de Massata Diack à travers la presse font peser des risques sur la défense de son père, alors qu’une affaire de...

06 - Octobre - 2017

Présidentielle 2019 : Idrissa Seck en accord avec Habib Sy, pour regrouper l'Opposition

Au cours de la rencontre qui a eu lieu au domicile de l’ancien Premier ministre du président Abdoulaye Wade, Habib Sy a présenté les contours du PPO. Dans un...

06 - Octobre - 2017

Avenir de Yavuz Selim : LUNDI DE DÉCISION

L’administration du groupe Yavuz Selim Sa, le ministre de l’Intérieur et les responsables du ministère de l’Education vont se revoir lundi prochain pour une autre...

06 - Octobre - 2017

Exclus de la gestion de l’Aibd : Apas menacent de bloquer l’aéroport de Dakar

Craignant de perdre leurs emplois avec l’avènement de l’Aéroport international Blaise Diagne (Aibd) dont le démarrage est prévu le 7 décembre...