Khalifa Sall et l’arrestation de Mody Sy en 1993 : le retour de bâton

13 - Novembre - 2017

Du fond de sa cellule où il est incarcéré depuis huit mois, le maire de Dakar Khalifa Sall doit être sûrement hanté par le spectre de l’ex-député libéral, Mody Sy. Élu le 14 mai 1993, la veille même de l’assassinat de Me Babacar Sèye, le député Mody Sy fut arrêté le 20 mai 1993, accusé de faire partie des commanditaires de ce meurtre, avec la complicité de Khalifa Sall, à l’époque ministre en charge des Relations avec l’Assemblée nationale.

L’histoire bégaie. Les mêmes faits reviennent souvent sous une autre forme, avec parfois l’allure d’un pied de nez du destin. “Qui tue par les armes périra par les armes”, dit l’adage. Cela, Khalifa Sall ne le démentira pas. Lui qui avait joué un rôle central dans l’affaire Mody Sy, se trouve être, aujourd’hui, dans la même situation que lui.

Et l’argumentaire qu’il avait brandi devant l’Assemblée nationale pour défendre à l’époque la posture du gouvernement lui est aujourd’hui retourné par les tenants actuels du pouvoir, pour le déposséder de son immunité parlementaire, en passe d’être levée dans les prochains jours.

D’ailleurs, c’est le ministre porte-parole du gouvernement, Seydou Guèye, qui effleure l’affaire dans l’entretien accordé à EnQuête dans l’édition de ce jour. Il y a 24 ans de cela, le député du Parti démocratique sénégalais Mody Sy avait été, dans les mêmes formes, dépossédé non seulement de son immunité parlementaire, mais également de son poste de député, avant d’être condamné.

En effet, élu le 14 mai 1993, suite à la proclamation des résultats, la veille de l’assassinat de Me Babacar Sèye, le député Mody Sy fut arrêté le 20 mai 1993. Il lui était ainsi reproché de faire partie des commanditaires du meurtre de Me Sèye survenu le lendemain des Législatives. Il avait passé 14 mois en prison, avant d’être élargi.

Une situation d’autant plus inédite dans l’histoire politique nationale qu’elle avait profondément ému les Sénégalais, les organisations démocratiques de la société civile et les partis politiques. Mais face à ce vaste mouvement d’indignation et de réprobation, “la position du pouvoir de l’époque fut d’une implacable raideur et d’une violence brutale.

Le pouvoir soutenait que Mody Sy avait été arrêté, pas avant d’être élu, mais avant l’installation de l’Assemblée nationale qui interviendrait le 10 juin 1993”, disait-on.

Ironie du sort, le gouvernement était représenté, ce jour-là devant la représentation nationale, par Khalifa Sall, alors ministre en charge des relations avec l’Assemblée (dont un de ses membres, Mody Sy, était en prison). “En proclamant, dans un élan antidémocratique et profondément arbitraire, que Mody Sy était un “prisonnier ordinaire”, car n’ayant pas encore siégé à l’Assemblée nationale dont la 1ère session n’était pas encore convoquée au moment de son arrestation intervenue après la proclamation des résultats, le pouvoir était à la limite de la dictature”, poursuit-on.

Dans cette affaire, il faut savoir que, dans le sillage de la détention de Mody Sy (atrocement torturé, selon ses dires), les députés Abdoulaye Wade, Landing Savané et Papa Oumar Kane ont été arrêtés en 1994, “sous le fallacieux et inique motif de flagrant délit”.

Ainsi, le cas de Khalifa Sall d’aujourd’hui, relativement à la députation, ressemble sur plusieurs points à celui de Mody Sy, il y a de cela 24 ans. Avec cette particularité majeure : Mody Sy était un député prisonnier qui avait participé à une élection pour laquelle il avait été élu, avant d’être dépossédé de son statut de député, alors que Khalifa Sall est un prisonnier devenu député.

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