L’audience de tous les possibilités !

12 - Octobre - 2019

Me Abdoulaye Wade, l’ancien président du Sénégal de 2000 à 2012, de retour au Palais de la République en temps que chef du seul parti de l’opposition disposant d’un groupe parlementaire et non en tant que chef d’Etat : voilà le grand paradoxe que nous réserve le micmac politique sénégalais en ce samedi 12 octobre 2019.

Sept années après avoir perdu le fauteuil présidentiel, le « Pape du Sopi » retrouve en effet les couloirs du Palais pour rencontrer son successeur et ancien Premier ministre, Macky Sall, devenu entretemps Président de la République, et surtout pour consacrer l’élan de retrouvailles entre le chef du parti au pouvoir et le premier parti de l’opposition, en termes de représentativité parlementaire.

Reste à savoir maintenant quel sera l’ordre du jour de cet élan de décrispation dans la scène politique : amnistie pour Karim Wade et Khalifa Sall, suppression du parrainage, réunification de la famille libérale, union pour un grand parti présidentiel ou…

Le climat de dégel des relations très tendues entre l’actuel chef de l’Etat, Macky Sall et son prédécesseur, Me Abdoulaye Wade, se poursuit de plus belle. Après les retrouvailles à l’inauguration de la grande mosquée mouride, Massalikoul Djinane, le 27 septembre dernier, les deux chefs d’Etat (l’ancien et l’actuel) se retrouvent de nouveau ce jour. Cela, au niveau du palais de la République. Ladite rencontre évoquée par certains médias a été confirmée par la cellule de communication du Parti démocratique sénégalais (Pds), dans un communiqué rendu public. La note parvenue à la rédaction hier, vendredi, indique que «suite à l’invitation de Monsieur Macky Sall, Président de la République du Sénégal, Maître Abdoulaye Wade, Ancien Président de la République et Secrétaire General National du Parti Démocratique Sénégalais (PDS) se rendra au Palais de la République, ce samedi 12 octobre 2019, à 17 heures».

Une rencontre qui pourrait prendre des allures de réconciliation après les retrouvailles faites sur supervision du guide religieux des Mourides, Serigne Mountakha Mbacké. Cette visite et/ou audience qui polarise l’attention des Sénégalais, particulièrement les observateurs de la scène politique, intervient après un différend vieux de plusieurs années entre les deux hommes et dont le point nodal fut l’emprisonnement, dans le cadre de la traque des biens dits mal acquis, de Karim Wade, fils de l’ancien président (2000-2012) et plus tard candidat déclaré du Pds à la présidentielle de 2019.

La libération après 03 ans de prison par grâce présidentielle de ce dernier, condamné auparavant à six années de prison et à une amende de 138 milliards de F Cfa, son « exil » à Doha comme l’invalidation de sa candidature à la présidentielle de 2019 n’avaient contribué qu’à exacerber les rancœurs entre les deux hommes. Et malgré toutes les tentatives de réconciliation entreprises par des personnes de bonne volonté composées de notabilités politiques, coutumières et religieuses, aucune avancée n’avait été enregistrée dans le contentieux Macky-Wade. Il a fallu l’intervention de Touba, une rencontre le jour de la Tabaski et un deal en coulisses (selon certains) pour qu’un climat de dégel s’installât entre les deux hommes.

L’inauguration de la mosquée Massalikoul Djinaan, le 27 septembre, allait consacrer les retrouvailles sous la supervision de Serigne Mountakha Bassirou Mbacké, le Khalife général des Mourides. Moins de quarante-huit heures plus tard, l’ancien maire de Dakar, Khalifa Sall, bénéficiait d’une remise de peine totale et humait l’air de la liberté. Deux semaines après la poignée de mains de la réconciliation entre Abdoulaye Wade et Macky Sall, les deux hommes se retrouvent aujourd’hui au Palais pour sceller vraisemblablement leur rapprochement. Reste à savoir quel ordre du jour de cette audience. Les sujets ne manquent pas tant les attentes sont grandes de la part du « Pape du Sopi ».

Parmi celles-ci, on relève en premier l’amnistie pour Karim Wade et… Khalifa Sall, la suppression du parrainage entre autres…

Pour Macky Sall, les contours des retrouvailles pourraient être liées à une volonté de renforcer l’hégémonie de son parti (Apr) avec une réunification de la famille libérale, une union pour un grand parti présidentiel ou, comme le dirait Thierno Alassane Sall, son ancien ministre de l’Energie devenu aujourd’hui opposant, une volonté de « sauver sa peau après son départ du pouvoir ».

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