L’heure du bilan après les Législatives: la peur dans tous les camps

08 - Août - 2017

Le Sénégal vient encore de traverser- on ne sait trop comment ? – une zone de turbulence grave qui pouvait en saper la sécurité. Les législatives ont été vécues avec une victoire de Benno Bokk Yakaar au pouvoir qui a renforcé ainsi sa majorité au niveau du Parlement avec 125 députés sur 165.

Là-dessus, pas de soucis à se faire pour cette coalition. La « majorité mécanique » a survécu, menacée qu’elle avait été par le spectre de la cohabitation.

La déception est alors du côté de l’opposition dans ses différentes coalitions dont les plus en vue, Wattu et Taxawu, se sont arrogé les deuxième et troisième places avec respectivement 19 et 11 députés.

Me Wade a ainsi raté son objectif de mettre Macky en minorité. Son fils pour lequel il s’est battu devra encore attendre pour bénéficier d’une amnistie qu’à coup sûr, les députés majoritaires de Benno ne vont pas voter d’ici 5 ans.

Du côté de Khalifa Sall, son statut de prisonnier, même s’il est en détention préventive, augure de lendemains peu certains sur son élargissement, son installation comme député et son avenir politique du fait du procès qui peut être ouvert à tout moment avec ses conséquences imprévisibles.

Tout pour dire qu’une grosse déception plane sur une opposition qui certes n’a pas démérité du fait des couacs notés et qui sont, par moments, inacceptables, mais elle espérait tout de même mieux.

Les 7 députés de la coalition qui concentre le plus de leaders, la défaite de Malick Gackou à Guédiawaye et bien d’autres déboires lui font douter de la pertinence de sa stratégie et surtout du crédit qu’il faut apporter à la capacité d’indignation des Sénégalais.

Il se pose en effet un vrai problème quant à la stratégie à mettre en place en 2019 face à un adversaire qui ne reculera devant rien pour gagner les élections.

Alors, il n’est pas superflu de dire que la peur habite ce camp qui, face à deux défaites consécutives (référendum et législatives), se pose des questions légitimes.

Pourtant, dans le camp des vainqueurs, les mêmes appréhensions existent, cette fois-ci pour d’autres raisons.

Le pouvoir ne peut pas festoyer parce qu’il sait que ses résultats chutent d’année en année. De 65% lors de la dernière présidentielle, il en est à 49% aujourd’hui.

Des contre-performances qui en disent long sur l’effritement de son électorat emporté par les scissions parmi ses partis alliés et les problèmes internes au sein du parti au pouvoir, notamment lors des investitures.

Pis, Benno sait qu’il a été favorisé par un système électoral défectueux qui fait que paradoxalement, ceux qui sont globalement minoritaires avec 49%, emportent l’écrasante majorité du suffrage.

C’est dire que dans le camp du pouvoir, le calcul est simple : si c’était la présidentielle, il serait au second tour.

Des « primaires » ratées

Nous avons eu en effet des législatives présidentialisées. Tout le monde sait qu’il s’agissait en fait d’un premier tour de la Présidentielle. Or, le pouvoir a des frissons quand il voit ce qui s’est passé à Touba et même à Dakar.

L’électorat mouride qui est d’une grande importance dans ce pays, lui est encore hostile. Macky avait pourtant tout tenté. Des « investissements » dans la cité religieuse et sur les infrastructures et sur les ressources humaines, la mise sur orbite de marabouts de renom et autres stratégies de conquête n’ont pas fonctionné. Pourtant, dans le camp du pouvoir, on est conscient du fait qu’il ne faut surtout pas perdre Touba en 2019. Alors que faut-il faire ? C’est la grande équation. Une équation source d’angoisse.

C’est pour toutes ces raisons que nous estimons que la peur est dans chaque camp. Certes il y a un vainqueur et des perdants, mais personne n’a réussi ses « primaires » en perspective de la Présidentielle.

Il est vrai que des leaders comme Abdoul Mbaye, Gackou sans oublier Aïda Mbodji et Me El Hadji Diouf vont davantage s’interroger sur leurs avenirs politiques après de cuisantes défaites, mais du fait de ce que nous venons de démontrer et en sus des graves dysfonctionnements observés, les législatives ont échoué à donner une idée exacte du poids politique des potentiels candidats, surtout ceux qui sont plus en vue.

Khalifa Sall et Karim Wade pourraient être neutralisés par une Justice qui n’a pas encore révélé ses vraies intentions à leur égard. Pendant ce temps, Macky Sall a à peine gagné Dakar avec un score étriqué et perd Touba d’une manière qui sonne comme un désaveu.

Alors une grande incertitude plane sur le futur scrutin tant du côté des candidats qui seront en lice que de la victoire finale. Et pourtant, la campagne a curieusement commencé…

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