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La loi sur le parrainage votée jeudi prochain : la stratégie de Macky

13 - Avril - 2018

Le président Macky Sall ne recule pas d’un iota. Il a fait examiner la loi en Commission technique hier, laquelle va passer en commission des lois lundi avant d’atterrir en plénière le jeudi 19 avril.

L’information, donnée par le porte-parole du Parti démocratique sénégalais (Pds) Babacar Gaye sur sa page facebook, a été partagée par les médias et les citoyens au moment où le Président de la République, en visite chez le Khalife général des Layènes, lançait un appel aux Sénégalais pour que ceux qui ne sont pas d’accord avec ses orientations le fassent d’une façon civilisée.

Tout pour dire que Macky ne reculera pas d’un iota. La loi sur le parrainage qui impose 65 mille signatures, dont au moins 22 mille par département, va passer comme lettre à la poste, majorité mécanique oblige.

Les gesticulations de la société civile et des politiques, surtout de l’opposition, qui sont contre le projet, n’ont laissé ni chaud ni froid le locataire du Palais qui déroule tranquillement son agenda avec la mise en place de son directoire de campagne, direction 2019.

La réalité est que le Président Sall ne saurait ignorer que le projet est très décrié au point d‘ailleurs que des voix discordantes commencent à se faire sentir dans son propre camp.

Diop Sy a fait une sortie hier pour le moins révélatrice. Allié de Macky, il a fait remarquer qu’il n’est pas d’accord que cette loi soit votée. Il a notamment laissé entendre que le Président ‘’ne doit pas se préoccuper de savoir qui sera candidat et qui ne le sera pas’’. Et qu’avec son bilan, ‘’il peut gagner facilement la présidentielle’’ s’il y a bien sûr une bonne politique de communication.
Une déclaration qui veut dire, a contrario, que le parrainage est fait dans le dessein de faire gagner l’élection, confirmant ainsi les craintes de l’opposition et de la société civile.
Ce qu’il se passe, c’est que Macky et ses ouailles ne pensent pas du tout qu’il y aura un autre 23 juin. Ils sont tellement convaincus de l’inactivisme de l’opposition, de son manque d’unité et de capacité surtout de mobilisation, qu’ils se disent que ‘’rien ne va se passer’’.
Les menaces sur la portée d’une quelconque mobilisation ne sauraient, aux yeux des décideurs, prospérer parce que le peuple ne serait pas prêt à ce type de soulèvement et que l’opposition ne serait pas assez convaincante.

Mieux, la capacité d’intervention des forces de l’ordre a été renforcée par du matériel venu notamment de Turquie car Macky semble s’être préparé au pire.
Au demeurant, on ne change pas une stratégie qui marche. En 2012, il avait réussi à tromper la vigilance de ses alliés de l’opposition en choisissant de battre campagne alors qu’eux étaient confinés à la place de l’indépendance. Il était un des rares opposants, sinon le seul, à être sur le terrain et à avoir mis en place les équipes et les moyens qu’il faut pour assurer la victoire.

Eh bien, il compte également sur le même scénario. Si l’opposition actuelle, appuyée par une bonne partie de la société civile, privilégie les manifestations et les sit-in notamment à Dakar, Macky va les adouber sur le terrain. Ce n’est pas un hasard s’il a choisi ce moment pour mettre en place son task-force.

Comme il sait que cette stratégie lui avait valu la victoire, il va la reconduire en piégeant ses adversaires en les confinant à des tâches de protestation autour de projets de loi exactement comme en 2012.

C’est dire que la provocation de ses adversaires semble être intégrée dans la stratégie du pouvoir. Si ceux-ci se trompent de combat prioritaire et s’arc-boutent sur ceux contre le parrainage, il va largement en profiter en essayant de convaincre les Sénégalais de sa bonne foi et de l’irresponsabilité de ses contradicteurs.

En conséquence, le combat sur le parrainage est important, mais l’opposition ne saurait tomber dans le piège d’en faire une bataille prioritaire.
Macky est en train de dérouler sa stratégie, il leur appartient d’en faire de même en évitant justement le scénario de 2012.

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