Laity Ndiaye : l’écrivain poète devenu instituteur de brousse

02 - Août - 2018

Enseignant et poète, Laity Ndiaye procède ce 8 août à la cérémonie de dédicace de son recueil de poèmes «Journal d’un schizo», au centre culturel de Kaolack.
À 29 ans, Laity Ndiaye peut s’estimer heureux d’avoir ravivé la flamme laissée par les Abdoulaye Sadji et Mariama Ba, ces valeureux instituteurs qui ont donné à la littérature sénégalaise ses lettres de noblesse. Le 7 mai 2018, la maison d’édition » L’Harmattan » éditait et publiait son troisième recueil de poèmes intitulé » Journal d’un Schizo« , un ouvrage de 106 pages.
« Après le recueil » Textes vespéraux », et « L’apocalypse » qui était une pièce de théâtre en vers, des ouvrages publiés chez Edilivre / Tremplin qui est une maison d’édition française, j’ai voulu changer de cap et travailler avec des compatriotes, revenir au bercail » nous livre Laity Ndiaye, sorti nous accueillir devant la maison familiale sise au quartier Sara Nimzatt ( commune de Kaolack), la mine joviale, du haut de ses 1, 80 m et sa sveltesse de sahélien typique.
Dans la famille Ndiaye, la lecture est une religion. La bibliothèque pleine de livres qui trônent au fond du salon en est une illustration parfaite. « J’ai toujours aimé la lecture. Ça a commencé par les œuvres au programme puis les revues. Mais c’est un camarade de classe nommé Cheikh Oumar Niang qui m’a transmis le virus de l’écriture de la poésie. Il avait l’habitude de venir en classe avec les vers qu’il écrivait et les déclamait, c’est comme ça que j’ai eu mes premiers amours avec la poésie » nous rappelle M. Ndiaye.
2001, retour de la famille au Sénégal 

Né à Agroville en Côte d’Ivoire, tout comme l’ensemble de ses frères et sœurs, c’est en 2001, à la veille des violences politiques, que Laity Ndiaye et sa famille rentrent au Sénégal, la terre de leurs ancêtres.
En 2005, le jeune poète décroche son Brevet de fin d’études moyennes (BFEM) à Ndoffane Laghem et le baccalauréat littéraire en 2008 au lycée Valdiodio Ndiaye. Orienté à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar, il y obtient sa licence en langue anglaise en 2013.
Sa petite sœur Dior Ndiaye, 22 ans, étudiante en management à l’université de Thiès voit en son frère un modèle et ne tarit pas d’éloge à son endroit. « Laity est une référence pour moi. Un frère protecteur et généreux, il est ouvert, avec lui on passe toujours des moments formidables », explique la jeune étudiante qui suit aussi avec attention la production libertaire de son frère. Mais elle a ses préférences dans ce que fait son frère. «S’il y’a une production qui m’a marquée chez lui c’est « Ma petite sœur’’ publié dans le recueil ‘’Journal d’un Schizo », un texte qui conscientise toutes les filles de mon âge face aux dangers qui les guettent » témoigne-t-elle.
La poésie semble être une expression artistique qui cimente la famille Ndiaye quelque part indépendamment du fait que le livre ait une place de choix chez eux. Partageant sa passion pour la poésie, Dior affûte sa plume et produit, elle aussi, des poèmes.
L’enseignement et la poésie : deux activités complémentaires
En 2017, Laity passe le Concours de Recrutement des Elèves Maîtres (CREM) à Kaolack. Il fait partie de la 5e promotion admise et formée au Centre régional de formation des personnels de l’Éducation (CRFPE) de Fatick. Ce qui lui permet d’ouvrir une nouvelle page de son histoire. C’est à l’école franco-arabe de Ndiebel dans l’inspection de l’éducation et de la formation (IEF) du département de Kaolack que Laity Ndiaye commence à enseigner en 2018. « L’enseignement et l’écriture de poésie sont deux activités compatibles. En plus, j’aime la nature ce qui fait que je me sens mieux là où j’enseigne. Par contre, le partage de mes écrits, l’absence de connexion Internet et de bibliothèque me posent problème au village » se confie le poète – instituteur de brousse.
La poésie ne fait pas vivre son homme
Malgré ses 3 œuvres publiées et ses nombreuses productions dans des revues poétiques comme « 17 secondes », « La Cause Littéraire « ou « Le Capital des mots », Leyti Ndiaye ne vit pas de sa poésie. » Avec Edilivre, je n’ai rien gagné comme droit d’auteur, la base du contrat était un paiement à partir du cinquantième livre vendu. Aujourd’hui, j’ai entamé un nouveau partenariat avec L’Harmattan/ Sénégal, j’espère que ça sera différent » espère t- il.
Comme tous les poètes, Laity est un rêveur. » Il y’a toujours de la place pour rêver du meilleur, même si les rêves sont utopiques, ça fait espérer et vivre. Mon rêve le plus immédiat est de mettre sur pied un cadre d’expression et de vulgarisation comme une revue afin de permettre aux jeunes talents de s’exprimer, de vulgariser leurs productions. »

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