Le cinéma sénégalais "sur une bonne pente" (Hugues Diaz)
Le cinéma sénégalais est aujourd’hui sur "une bonne pente", a estimé samedi le directeur de la cinématographie Hugues Diaz, en réaction au sacre de la réalisatrice franco-sénégalaise Mati Diop dont le long métrage ’’Atlantique’’ a obtenu le "Grand Prix" du jury de l’édition 2019 du Festival de Cannes qui a pris fin le même jour.
"Le cinéma sénégalais est aujourd’hui plus que jamais sur la bonne pente et a besoin de soutien et de motivation forts", a réagi M. Diaz, dans un entretien téléphonique avec l’APS.
Selon lui, "c’est beaucoup de sacrifices qui viennent d’être récompensés, des sacrifices de la réalisatrice, de l’équipe technique et des jeunes acteurs. C’est la consécration de jeunes qui croient au cinéma", a souligné Diaz.
"Oui, il fallait vivre un tel moment dans l’histoire du cinéma sénégalais, c’est une émotion très forte. On a été très sublimé, l’attente a été longue, on sentait que ce film avait un potentiel fort, recevoir le Grand Prix est ce qu’il y a de plus sublime", a-t-il dit.
Le directeur de la cinématographie appelle les investisseurs privés à soutenir le cinéma sénégalais voire africain, parce que "beaucoup de défis sont devant nous désormais".
Le film "Atlantique" de Mati Diop est une coproduction sénégalaise, française et belge avec le soutien de la Côte d’Ivoire.
Les acteurs réunis par Mati Diop dans "Atlantique" jouent pour la plupart leur premier rôle au cinéma. C’est le cas de Ada (Mame Binta Sané) dans le rôle principal, de l’inspecteur de police Issa et de Souleiman.
Il y a aussi le chevronné acteur Ibrahima Mbaye dit "Thié". "Cela a été extrêmement difficile de faire jouer ces acteurs, j’ai fait un casting sauvage dans la rue, je suis allée chercher les personnes dans leur contexte social et culturel. C’est une pure fiction ancrée dans le réel", a expliqué la réalisatrice, "émue et heureuse" à la fois.
Entre son court métrage "Atlantiques" (2010), son documentaire "Mille Soleils" (2013) et ce long métrage "Atlantique", Mati Diop évoque un "même mouvement" par lequel elle essaie d’investir et d’apprendre, de découvrir, d’interroger son pays, le Sénégal, qui le "fascine" et la "déçoit" à la fois.
Mati Diop devient ainsi la première réalisatrice africaine à être distinguée à Cannes. Elle est d’ailleurs la première femme cinéaste noire à figurer dans la sélection officielle du festival de Cannes qui a réuni 21 films.