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Le « Ndéwéneul » qu’il ne fallait pas attendre du président

03 - Août - 2020

Harcelés par la valse impudique des prix des denrées de première nécessité, alarmés par corona qui multiplie les morts et les contaminés, les Sénégalais sont déboussolés, cherchant à quel saint se vouer. C’est le temps des incertitudes, des lendemains de Tabaski qui ne chantent et n’enchantent pas. C’est surtout pendant ces moments difficiles, partagés entre crainte et désargentement, que les esprits se tournent machinalement vers le chef dont la voix tranquillisante n’est jamais dépourvue d’espoir à susciter. Se tournant vers Macky SALL, beaucoup auraient aimé, à l’occasion de cette fête de Tabaski, l’entendre confesser : « Après huit ans de tâtonnement, d’errance, de pilotage à vue et d’injustice, je reconnais mon échec. Pour le bien du Sénégal, j’ai décidé de limiter la casse ici et maintenant ». Mais ce formidable « déwéneul » (cadeaux donnés à l’occasion de certaines fêtes), le leader de l’APR est trop pingre et très peu démocrate pour le donner.

Pape DIOUF, Pape Malick SY, Moise Ambroise GOMIS, Cheikh Sadibou FALL, Mamadou Bamba NDIAYE, Babacar TOURE et maintenant Mansour KAMA. En quelques mois, le Sénégal a perdu beaucoup de ses fils parmi les plus prestigieux. Calcinées par Corona ou autre, les bibliothèques qui s’embrassent ne se comptent plus du bout des doigts. Dans n’importe quel pays, autant de figures qui disparaissent en l’espace de quelques mois, cela aurait suscité une prise de conscience collective et commandé un sursaut national qui ne peut se faire sans l’impulsion du président.

Pourtant, Macky SALL l’a tenté et réussi au tout début de la pandémie. En se rendant au palais de la République, le 24 mars 2020, pour rencontrer le chef de l’Etat, les leaders politiques de l’opposition étaient dans cette dynamique. « Nous sommes venus répondre à cette invitation, parce que nous considérons que les moments que nous vivons sont particulièrement graves et qu’ils doivent appeler chacun au sens de la responsabilité et du dépassement(…) Je crois que notre seule présence ici suffit à démontrer que l’heure est grave… ». A l’instar d’Ousmane SONKO qui tenait ce discours, les autres leaders de l’opposition qui avaient également fait le déplacement étaient persuadés de la pertinence de « l’appel de la Nation ». Et les acteurs politiques n’étaient pas les seuls à donner leur onction au commandant en chef. Acteurs de la société civile et de la presse, tout le monde s’accordait sur l’impérieuse nécessité de la cohésion sociale. La suite est connue. Après avoir demandé et obtenu les clefs du camion, Macky SALL est allé le garer à la fourrière après avoir effectué ses courses personnelles. Ainsi, le leader de l’APR profitait de cet état de grâce que lui confèrent l’état d’urgence et l’aval des Sénégalais non pas pour faire face à l’ennemi commun, mais pour consolider ses positions au Sénégal avec la nomination de sinistres personnages.

Seulement, quand Ousmane SONKO, Idrissa SECK et autre Khalifa SALL jugeaient la situation grave, le Sénégal n’avait enregistré aucun décès. Ce dimanche 2 août 2020, il en compte 209 après avoir dépassé la barre des dix mille contaminés. C’est donc, à juste titre que certains ont attendu et espéré que, Macky SALL mette à contribution la fête de la Tabaski avec tout ce que cela comporte comme solennité, pour, en plus de rassurer ses concitoyens, les inviter à plus de cohésion, à plus de solidarité, à davantage de précaution. Le ministère de la Santé, dépassé par la situation pandémique, avait annoncé la couleur en décalant son point de situation quotidien de 10 heures à 12h30 pour laisser la place au discours du chef de l’Etat. A l’arrivée, c’est un Macky SALL terne et tâtonnant qui a adressé un message insipide et alarmant auquel peu de Sénégalais ont prêté attention. « Regardez ceux qui ont été les plus touchés ont été les personnes âgées. Par conséquent, la jeunesse a un rôle déterminant, un rôle essentiel. Parce qu’elle peut penser qu’elle est tout à fait protégée contre la maladie, ce qui n’est pas d’ailleurs prouvé mais elle doit protéger les parents qui sont à la maison, elle doit protéger les personnes âgées qui sont à la maison. Donc il faut absolument le respect des gestes barrières. Aujourd’hui, il n’y a pas encore de médicaments, on le sait, on traite les symptômes, les médecins font ce qu’ils peuvent mais la seule solution qui peut aider à freiner la propagation de la maladie, c’est le respect des gestes barrières. C’est surtout et principalement le port correct du masque… », a déclaré Macky SALL dans un français chaotique comme à chaque fois qu’il improvise un discours.

En définitive, le seul « déwéneul » que Macky SALL a donné, c’est Luc Nicolaï l’a reçu. Reconnu coupable «d’association de malfaiteurs, détention de drogue et de complicité de tentative d’extorsion de fonds » et condamné à 5 ans de prison dont 1 avec sursis, l’ancien ( ?) promoteur de lutte a obtenu mieux que Seydina FALL Boughazelli en bénéficiant d’une grâce présidentielle qui l’a sorti de prison à la veille de la célébration de la Tabaski. Après Mamadou Woury DIALLO, condamné à 5 ans de prison pour trafic de faux médicaments et gracié alors que son procès en appel ne s’était pas encore tenu, c’est un autre délinquant qui jouit de la signature de Macky SALL. Pour lui, Luc Nicolaï dehors, ce sont des combats en perspectives. Ainsi, à défaut d’une stratégie de lutte cohérente ou même d’un discours rassurant, Macky a choisi sa panacée : la lutte.

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