Législatives 2017- Victoire de « la majorité mécanique »

04 - Août - 2017

Des 45 départements du pays, Benno Bokk Yakaar va certainement en contrôler au moins 42. La coalition au pouvoir va être accréditée d’au moins 125 députés sur les 165 que va compter la nouvelle Assemblée nationale.

Dakar vient aussi de tomber dans l’escarcelle du pouvoir qui en avait fait une question d’honneur, même si certaines localités comme Touba résistent toujours.

La polémique sur la sincérité du vote va encore longtemps occuper le terrain politique, étant entendu qu’à Touba et à Dakar, la victoire de l’un dérange l’autre.

Mais ces tiraillements, aussi importants qu’ils soient, ne vont pas considérablement changer une donne importante : c’est que le pouvoir va, encore une fois, être majoritaire à l’Assemblée.

Il en a toujours été ainsi depuis le Président Senghor, père de la Nation. Rien ne va ainsi changer dans cette nouvelle législature. L’Assemblée ne sera pas de rupture, loin de là. Tous les desiderata de l’Exécutif seront exécutés avec maestria. Les députés, parce qu’ils ont été investis par Macky qui avait eu l’onction de la conférence des leaders, pensent lui devoir bien cela. Comme les autres députés que l’on a toujours eus, il en sera ainsi. On aurait supprimé l’Assemblée nationale, rien n’aurait changé véritablement dans la vie de la Nation. L’Assemblée nationale a toujours été estampillé « caisse de résonnance », « chambre d’enregistrement », etc.

Malgré cela, tout le monde veut y entrer pour le motif qui tient au fait que le député a des avantages du point de vue rémunération. Et ceux qui sont au niveau du bureau et de la présidence des groupes parlementaires n’ont rien à envier aux Ministres.

Notre Parlement est ainsi un puissant instrument de promotion de ceux qui y entrent et non de la démocratie dont il est censé servir en étant un instrument de contrôle de l’action gouvernementale, entre autres missions.

Adieu la cohabitation

C’est dire que le Sénégal vient de rater l’occasion d’entrer dans l’histoire parlementaire du monde. Avec la cohabitation, notre pays serait entré non pas forcément dans une instabilité institutionnelle comme en Guinée Bissau, mais dans une nouvelle ère où l’Assemblée va exercer ses vrais prorogatives. Elle ne fera nullement de cadeaux à un Exécutif dont le Chef va y réfléchir à deux fois avant de poser un seul acte important.

Ce genre de situation est même arrivé au Président Obama, l’ancien Chef de la Maison blanche auquel les deux chambres parlementaires de son pays étaient hostiles.

Nous avons raté la cohabitation. Nous devons nous contenter de rester médiocres en n’osant pas affronter l’adversité basée sur une légalité froide de partage du pouvoir. Le régime a eu manifestement peur de cette donne. Il a fait tout ce qui était à sa portée en termes de stratégies et parfois de manœuvres pour vaincre. Pour lui, il fallait éviter que l’opposition ait la majorité.

Les électeurs, quant à eux, n’ont pas cherché outre mesure à faire bousculer le statu quo ante. Conséquence, notre démocratie fait du surplace et parfois, régresse. En tout cas, on matière parlementaire, on fait moins que la Mauritanie et la Guinée Bissau.

Si on ne peut plus organiser des élections dignes de ce nom en permettant le libre jeu de l’expression démocratique et plurielle, c’est qu’il y a un problème qu’il faut identifier et combattre.

Si l’administration ne peut pas organiser des élections sans faire la part belle au pouvoir en place, c’est grave et il faut y remédier. Car, on oublie souvent que les opposants d’aujourd’hui pourraient être au pouvoir demain. Et malheureusement, les tenants de ce pouvoir ont tendance à profiter des failles qu’ils connaissent bien.

Nous n’avons jamais vu une élection aussi mal organisée pour une institution budgétivore et peu utile. La transhumance et l’achat de conscience ont été érigés en règle pour élire des députés fainéants à qui l’on donne peu d’opportunité d’être utiles à quelque chose.

Et les choses ne changeront que si les tenants du pouvoir décident qu’il en sera ainsi. Si Diouf n’avait pas voulu perdre les élections en 2000, il avait les moyens d’organiser un forcing. Wade de même en 2012. Retenons en effet que la démocratie ne fait des avancées que si le Prince aux commandes décide de faire des concessions.

Ainsi, le jour où Macky décidera que le jeu sera libre, ouvert avec des règles partagées par tous, il en sera ce jour-là ainsi.

Malheureusement, pour ces élections-ci, il avait manifestement une trop grande envie de gagner

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