Les astuces de l’Etat pour « maîtriser » la Justice, expliquées par Souleymane Téliko

05 - Janvier - 2018

Le président du Conseil supérieur de la magistrature, a accordé un entretien au journal En Quête. Actunet en propose un extrait relatif à l’indépendance de la Justice au Sénégal. Souleymane Teliko y explique par quels moyens l’Exécutif parvient à avoir une mainmise sur le Judiciaire.

« Dans nos sociétés modernes, la simple proclamation de la séparation des pouvoirs ne suffit pas à garantir l’équilibre des pouvoirs. C’est un postulat universellement admis que lorsque, dans un Etat quelconque, l’Exécutif se donne le moyen de choisir les Juges et les Procureurs, le risque d’instrumentalisation devient réel.

D’où l’enjeu que constitue la question de la gestion carrière. C’est précisément pour prévenir toute possibilité d’immixtion du pouvoir exécutif dans le fonctionnement du pouvoir judiciaire à travers la gestion de la carrière que des mécanismes, appelés garanties dont d’ordre fonctionnel (inamovibilité) et organique (Conseil supérieur de la magistrature). Or, la composition et le mode de fonctionnement actuel du Csm laissent trop de place à des possibilités d’immixtion de l’Exécutif. Et les propositions qui ont été faites sont justement destinées à prévenir toute possibilité d’instrumentalisation de la justice.

(…) Malheureusement, le Conseil supérieur de la magistrature que nous avons au Sénégal laisse apparaître que, pour ce qui est de la nomination des magistrat, la part du lion revient à l’Exécutif (à travers le ministre de la Justice), les autres membres (à savoir les magistrats) se contentant de la portion congrue.

(…) Aux termes de l’article 4 du statut du magistrats, c’est le ministre de la Justice, en sa qualité de vice-président du Csm, qui fait les propositions de nomination aux postes. C’est lui qui élabore les critères de nomination (qui peuvent varier d’une réunion à une autre), fixe l’ordre du jour, c’est-à-dire la liste des Juges et Procureurs susceptibles d’être affectés (…) L’étendu des pouvoirs du Ministre contraste avec le caractère symbolique des pouvoirs des autres membres du conseil. Ces derniers , qui n’ont pas le droit de faire des propositions, disposent d’une marge de manoeuvre très étroite. Ils sont placés devant l’alternative (approuver ou donner un avis défavorables) mais sans pouvoir faire une contre-proposition (…)

Le recours systématique aux notions de nécessité de service et d’intérim donne à l’autorité de nomination la possibilité de contourner le principe d’inamovibilité. Actuellement, plus de 90% des Juges sont en situations d’intérim et donc susceptible d' »être déplacés à tout moment. »

Autres actualités

07 - Septembre - 2021

La Conférence des leaders de Yewwi Askan Wi rejette la signature « sous réserve » de Bougane Gueye

Entre la Conférence des leaders de la coalition Yewwi Askan Wi et le patron du mouvement Gueum Sa bopp, ça file tout droit vers le désamour. Réunis ce mardi en...

06 - Septembre - 2021

Covid-19 : Baisse des cas de décès et des nouvelles contaminations

Les cas de décès ont connu une baisse ce lundi 6 septembre. Cinq (5) personnes décédées de Covid-19 ont été répertoriées dans les...

06 - Septembre - 2021

Moustapha Diakhaté: « Que Macky Sall ne reconnaisse pas ce régime de putschistes à Conakry… »

L’ancien président du groupe parlementaire de la mouvance présidentielle, Moustapha Diakhaté est formel: «Le coup d’Etat de Guinée Conakry est une...

06 - Septembre - 2021

Dakar : un mort enregistré au cours d’une bagarre aux Hlm

Deux (2) individus, chacun armé de couteau, se sont livrés à une bagarre sans merci samedi soir, aux Hlm Rail-bi, un quartier de Dakar. L’un d’eux, qui a...

06 - Septembre - 2021

Guy Marius Sagna : "Où était Mamady Doumbouya quand le peuple de Guinée était férocement réprimé par Alpha Condé ?"

"Ceux qui rendent une transmission démocratique du pouvoir impossible rendront une transmission violente du pouvoir inévitable. Ce n'est qu'une question de temps. La preuve par la...