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Les visages de l'opposition sénégalaise en France

18 - Mars - 2019

Le septennat du président Sall n’a pas été de tout repos pour l’opposition. Tenaillée entre une traque des biens mal acquis sélective, et l’article 80 de la constitution, un fourre-tout pour Macky Sall à la recherche de son autorité présidentielle. Une recherche d’autorité qui a conduit Macky Sall à envoyer certains de ses anciens camarades de lutte au bagne.

Ces « abus du pouvoir », la diaspora politique, particulièrement celle de France, a servi de caisse de résonance à une opposition « réduite à sa plus simple expression » au niveau national.

ReseauNews vous fait un focus sur ses hommes et femmes qui incarnent l’opposition sénégalaise au pays de Marianne.

Ibrahima Thiam, le chantre d’un Autre Avenir

Bardé de diplômes, haut fonctionnaire dans l’administration française, ce natif de Kaolack est quasi incontournable tout acteur politique sénégalais de passage au pays de Macron. Il a, dans un passé récent, piloté la fédération BGG de France. Juste le temps d’une rose. Fin stratège, il a tout de suite compris le fonctionnement des partis politiques.

Lui qui s’inscrit dans le progrès et se dépeint comme un homme libre, a claqué la formation de Pape Diop pour créer un nouveau cadre politique aux allures d’un mouvement politique « Un autre-Avenir ». Bien structuré et implanté partout au Sénégal, il trace son chemin. Ibrahima Thiam a été la tête pensante de l’opposition dès le début du mandat de Macky Sall.

Candidat déclaré à la dernière présidentielle, il n’a pas pu obtenir le nombre de parrain requis, et est à ce jour, le seul candidat déclaré à n’avoir pas donné de consigne de vote en faveur de qui que ce soit.

Placide et observateur, il est décrit comme un redoutable politicien. « Il organise quand il veut, et désorganise quand il veut aussi » glisse un de ses proches. Mais Ibrahima Thiam ne fait pas l’unanimité. Il décrit par certains de ses camarades de l’opposition comme un démiurge.

Le Triumvirat du Pds : Meissa Touré, Mamadou Seck, Ibrahima Diop

Constants et fidèles aux patriarches du Pds, le trio qui incarne le Pds en France ont mené le combat dès l’incarcération de Karim Wade. Déterminés, ils ont sonné la mobilisation pour établir un rapport de force avec les symboles de l’État du Sénégal en France.

D’ailleurs, les agents du Consulat commencent à trembler dès qu’ils les aperçoivent, car sachant qu’ils « sont là pour foutre le bordel ». Ces têtes sont ce qu’on peut appeler le symbole de la fidélité en politique.

Car ils ont été partout pour vilipender le régime de Macky Sall, malgré qu’ils soient confrontés aux affres de l’opposition. Ne jurant par Abdoulaye Wade et Karim Wade, ils ont suivi la consigne des Wade en s’abstenant de voter lors du scrutin du 24 février. Une preuve s’il en est que Wade peut compter sur leur fidélité.

Les frères Sall, des opposants fous dans l’âme

La fratrie des Sall n’est plus à présenter dans le milieu politique sénégalais en France. Les deux frangins sont bien ancrés dans l’opposition. Le grand-frère Babacar Sall est militant actif de Rémwi. C’est un téméraire qui ne reculerai même pas devant un lion. Un suicidaire diront certains.

Babacar est du genre qui débarque seul à la résidence de l’Ambassade du Sénégal à Paris, un jour de repos, pour perturber la tranquillité de l’occupant des lieux. Il fait partie du groupe des opposants qui a chopé Amadou Diallo, Consul Général du Sénégal à Paris avec ses trieuses de cartes, abreuvant le diplomate d’injures.

Quant au petit-frère Cheikh Ahmet Tidiane Sall, il a le même tempérament que son grand-frère, car bon sang ne saurait mentir. Il est même plus « chaud » que son ainé, confesse un opposant.

Les deux frères ont une trajectoire politique totalement différente. Ancien cadre de l’air, il a dès les premières heures de la gouvernance de Macky Sall, tourné le dos à la formation à l’APR. Ayant porté sur les fonts baptismaux Pastef France, il n’a pas trahi sa réputation en interpellant son leader Ousmane Sonko, au travers d’une lettre ouverte, de rejoindre l’opposition pour une liste commune aux dernières élections législatives.

Le refus net de Sonko va causer son départ du Pastef. Toujours très engagé et ancré dans l’opposition, l’ancien basketteur jouit d’une légitimité politique auprès de ses camarades opposants. C’est pourquoi il a été propulsé à la tête du Front pour le Départ de Macky Sall (FDM), pour coordonner les activités de l’opposition en France. Il a récemment démission de cette plateforme pour créer sa propre formation politique.

A la fois sympathiques et impulsifs, les frères Sall n’hésitent pas à aller jusqu’au bout de leurs combats politiques. Les « apéristes » connaissent leur fougue.

Les frères peuvent devenir très ingérables tant leurs pulsions les entraînent parfois dans les extrêmes. Et les anecdotes les concernant ne manquent pas. Les unes moins glorieuses que les autres.

Sidy Fall, le singleton audacieux

Revendiquant l’héritage de l’ancien président du Conseil, Mamadou Dia, Sidy Fall du Msu est une personnalité politique atypique. Il s’identifie à un parti où militants et activités se résument à sa propre personne.

Très humain, il voit la conspiration partout et ne pardonne pas ses camardes politiques qui ont causé l’effondrement du FPDR. Sidy Fall est reconnu pour ses éléments de langage tels que « sortir le Sénégal de la torpeur et de la misère », « la transformation du sel de Fatick…. ». Des formules qu’il ressasse-t-il à chacune de ses saillies incendiaires contre le régime.

Très ambivalent, capable de s’inviter dans un meeting de l’Apr pour tenir un discours élogieux à l’endroit de madame Mbacké, responsable des femmes de l’APR France, et à la minute qui suit, adresser une contribution aux journalistes pour peinturlurer le régime de Macky Sall, Sidy Fall est un homme à part.

Foncièrement bon en dehors de la politique, M. Fall est un homme dont il vaut mieux avoir à ses côtés que de l’avoir en face de toi en politique », sourit un acteur politique. Pourquoi ? « Parce qu’il se soucie peu de ce que les gens vont penser de lui ».

Aboubakr Bengelloun, l’emmerdeur

Laboratoire d’idées, dont tout lui échappe à la phase de la concrétisation, cet acteur de la société civile est connu pour son esprit combattif. Informaticien de formation, il a créé une kyrielle d’organisations sociales, politiques, solidaires dont certains sans lendemain.

Très engagé, son désamour envers les politiciens est manifeste, mais les fréquente et établi des accords d’intérêt avec eux. Après avoir mis en place « Diaspora plurielle » dont le slogan était tout sauf les politiciens, il est parti s’allier avec le PDS et s’est retrouvé investi par les libéraux pour la dernière députation.

Semblant très organisé, il est, avec ses chiffres et statistiques, la mémoire de l’opposition en France. Qu’on l’aime ou qu’on le déteste, il peut être à la fois la solution et le problème des cadres politiques de l’opposition implantés en France.

Malick Youm, Yaye Amy Diop, le PS-Résistant

Leur chemin s’est retrouvé au lendemain de l’éclatement du Ps au Sénégal. En farnce, ils incarnent le Ps version Khalifa Sall, l’ancien maire de Dakar qui purge sa peine à Rebeuss.

Convaincus de la conspiration politique dont a été victime Khalifa Sall, ils ont mis avec Sanou Dione et consorts, une entité politique pour mener la lutte contre Ousmane Tanor Dieng et le régime de Macky Sall.

Le sieur Youm est un banquier. Un dandy à chacune de ses apparitions. Il reflète un homme épicurien, la bienséance et la prestance. Bref, un pacha. Très cultivé, ses talents oratoires démasquent son caractère narcissique.

Très susceptible aux critiques, il tient tant bien que mal à faire exister le PS selon la vision du chef bagnard.

Yaye Amy Diop est une battante. Elle ne connait que le PS. Très proche du maire de Dakar pour avoir été présidente des jeunes socialiste dans le passé, elle fait son devoir d’opposant, pas un seul jour où elle ne plaide pas via les réseaux sociaux la libération de l’ancien Édile de Dakar.

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