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Leuz Diwane G, artiste-rappeur «ON N’A JUSQUE-LA PAS UN RAP SENEGALAIS»

15 - Octobre - 2018

Né et grandi à Mbao, Lamine Barro plus connu sous le nom de Leuz Diwane G est un rappeur qui a tissé sa toile sur la scène du hip hop sénégalais. Avec son premier album «Diagnosick» sorti en 2015, Leuz Diwane G a connu un véritable succès tant au niveau national qu’international. D’étudiant en master à l’Ucad ; à rappeur, son succès, le rap actuel, ses projets, Leuz Diwane G explique tout dans cet entretien.

Qui est Leuz Diwane G ?

Je m’appelle Lamine Barro connu sous le nom de Leuz Diwane G. Je suis né et grandi à Mbao. J’ai fait des études en Littératures et Civilisations américaines à l’Ucad au département anglais. Je suis allé jusqu’en master. Pour ma carrière artistique, j’ai commencé officiellement en 2004. J’ai fait le premier single. J’ai évolué en solo jusqu’en 2007. Et on a créé le groupe Diwane G formé par quatre membres de 2007 à 2011. Il y’avait Pape Abdoulaye Seck qui est devenu réalisateur, Mamadou Mansour Seck qui est en France et Ousseynou Diagne Seck. A partir de 2011, j’ai repris ma carrière solo. J’ai fait hip hop discover en 2012. Après, je suis allé au Maroc. En 2013, on a fait une vidéo de «So Confused» et à partir de 2015, on a sorti le produit officiel qui s’appelle «Diagnosick» où il y’avait 17 titres. On a participé à une compilation. Je dirai une mixtape africaine qui s’appelle « Afrique hip hop mixtape » et une compilation aussi de Mamadou Lamine Keita qui est sorti au Mali en 2013.

Comment avez-vous commencé le rap ?

Je dirai par curiosité. Au début, c’était juste par amour parce que j’ai grandi dans l’atmosphère avec mon oncle qui m’a très tôt plongé dans ce milieu. J’écoutais toutes sortes de musique mais avec le rap comme préférence. A bas âge, j’écoutais Daara J, Pbs, Rap’adio. J’ai commencé par reprendre les sons de certains artistes par amour. En 2004, je me suis mis à l’aise par curiosité mais bon il y’avait déjà l’influence à Mbao. Il y’avait Bamba J Fall qui faisait un peu partout le bruit et qui habitait juste à Rufisque et que Rufisque et Mbao, ce n’est pas loin. Ça faisait une influence directe. Ils ont fait un concert à Mbao et à partir de ce moment, toute la jeunesse commençait à même imiter. C’est venu comme ça. A partir de 2004, je me suis dit, ça peut aller plus loin. J’ai écrit des textes engagés dès le début. Mon premier son parlait de l’Afrique.

Vous étiez à l’Ucad. Pourquoi avez-vous abandonné les études pour le rap ?

Je n’ai pas abandonné les études. J’ai juste arrêté parce que je ne pouvais pas faire autrement. A partir de 2012, je devais m’inscrire pour faire mon master 2. Mais avec les réalités de la faculté, il y’avait des problèmes de signatures de professeur encadreur et tout. On courait tout le temps derrière les professeurs pour avoir une signature et tout. Et moi, je quittais Mbao 5h du matin pour arriver à 7h. Il y’avait une queue qui attendait parce qu’on devait avoir l’aval du professeur pour commencer les recherches. Parce qu’on devait traiter un sujet et voir le professeur s’il est d’accord ou pas. On galérait pour voir le professeur juste pour avoir la signature. Je n’étais pas le seul. Je me suis senti frustré. Je me suis dit ce n’est pas ça. On ne doit pas tout le temps courir derrière quelqu’un comme si c’était un Dieu. Donc, j’ai arrêté comme ça. Je suis parti au Maroc. J’avais toujours des ambitions de continuer mes études. C’était juste parce que les conditions n’étaient pas réunies.

Vous avez eu un véritable succès avec votre album «Diagnosick». Comment avez-vous vécu cela ?

2015, on l’a fait avec fierté parce qu’on s’est autoproduits. Parce que comme je dis, on n’est pas allés signer des contrats avec des labels. On a fait le boulot tout seul et franchement c’était une fierté de voir ce qu’on a construit entre nous. Ça a eu des résultats positifs. Le produit était sélectionné dans tous les Awards, les hip hop Awards du Sénégal. Ça nous a ouvert des portes parce qu’on a fait pratiquement tout le pays. On a fait toutes les grandes scènes. Franchement, c’était une fierté de savoir que notre travail a été accueilli avec plaisir.

Dans cet album, on y retrouve les titres comme Early Morning, So Confused, Save Children. Qu’est-ce qui explique le choix de vos thèmes ?

C’est la vision, le combat, la philosophie. Depuis le bas âge, je me suis dit : chanter, c’est facile. Faire du rap, c’est facile mais il faut défendre quelque chose. Il faut partir de quelque chose, soit un combat. Et je crois que depuis le début, la philosophie de Diwane G, c’était ça. Le G de Diwane G signifie « Guiss Guiss » en wolof, la vision. On s’est dits : les gens qui ont la même vision, le même combat, se regroupent sur le même lieu de fréquentation. Et, c’est ça qui a fait Diwane G. On avait les mêmes pensées panafricanistes. Dès le début, on a eu des références. Moi, je cite tout le temps Cheikh Anta Diop, Thomas Sankara et j’ai fait des études en civilisations américaines. J’ai donc commencé à connaitre Malcom X, Martin Luther King etc. Et ça continue. Je m’identifie sur ces gens-là. Mon rap ne peut que s’approcher de leur combat. On s’est dits eux, ils se battent pour leur pays et nous, on a notre Sénégal. Il faut quand même qu’on essaie de s’adapter au hip hop et avec la même vision.

Récemment, vous avez sorti deux singles « Weerouwaay » et « Mburok Lém ». Est-ce que vous pouvez revenir sur ces deux titres ?

C’était juste pour fermer la fenêtre de «Diagnosick» parce qu’on a sorti le produit en 2015. De 2015 à 2018, ça faisait 3 ans et tout le monde attendait quelque chose. Je me suis dit, il était temps de sortir autre chose pour fermer la fenêtre et ouvrir une page pour un nouveau produit. On est en train de bosser sur un produit qui va sortir bientôt. On est dans un studio qui s’appelle Mass 36 à Keur Massar et avec « Mburok Lem », Brill Fighter a fait un travail colossal. « Mburok Lem » est une musique typiquement engagée contrairement à ce qu’on a l’habitude d’entendre.

Comment qualifiez-vous votre musique ?

J’ai essayé d’être le plus sénégalais possible. Comme j’ai dit tout à l’heure ; le combat, c’est l’Afrique, le Sénégal, la race noire. C’est être plus original possible. Au début, on cherchait et au fur et à mesure qu’on avance, on a trouvé notre identité et notre chemin. C’est cela qui fait que les sénégalais se retrouvent dans ce qu’on fait. On a essayé d’introduire les éléments traditionnels et tout, la façon de chanter, les étrangers aussi s’y retrouvent. Tout ce qui est original devient international. Les sénégalais de la diaspora y s’identifient. Les gens du monde entier, même s’ils ne comprennent pas quand même, ils peuvent détecter un son. C’est un travail bien fait donc plus on est original, plus on est international.

Comment trouvez-vous le rap actuel ?

Ça va dans l’ensemble surtout mais le côté commercial. Actuellement, on commence à remplir des salles, à faire de belles vidéos, à avoir des millions de vues sur YouTube. Mais le côté contenu, c’est ça qui reste. Il y’a des contenus vides. C’est juste de la musique pour faire de la musique. On a des réalités et il faut essayer d’adapter le rap à nos réalités. Il y’a des thèmes engagés, qui touchent la société. Je crois que le vrai sens du rap, ça doit tendre vers ça. Essayer de ne pas imiter. Je me dis on n’a pas encore un rap sénégalais jusque-là. On a un rap américain qu’on essaie de « sénégaliser » mais on n’a pas encore une touche personnelle du hip hop. On dit tout le temps du rap Galsen mais c’est toujours du rap Etats-Unis ou du rap France ou du Nigéria. Il faut essayer de creuser dans les thèmes, dans la musicalité surtout et dans ce cas-là, je pourrais dire un rap sénégalais.

Quels sont vos projets à venir ?

C’est actuellement les tournées qu’on a entamées depuis fort longtemps et qui continuent. On a fait un peu partout le Sénégal. Il y’a le produit qui est en cours et il y’a les vidéos qu’on va bientôt commencer à tourner. Mais, je crois que c’est la continuité du boulot. Bientôt, on aura la date de sortie du produit, de l’album, de la mixtape, du maxi. Je ne sais pas. C’est au staff de décider.

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