Libération de Khalifa Sall : Wade, le dernier espoir de Mts

31 - Août - 2017

Député le plus âgé de la 13ème Législature, Me Wade devrait, conformément à l’article 6 du Règlement intérieur de l’Assemblée nationale, présider la session d’installation des élus du scrutin du 30 juillet. Manko taxawu senegaal espère de l’ancien Président une suspension des travaux pour exiger la libération du député Khalifa Sall.
C’est une autre trouvaille pour faire libérer Khalifa Sall : la coalition Manko taxawu senegaal (Mts) compte s’appuyer sur le Règlement intérieur de l’As­semblée nationale pour obtenir l’élargissement de sa tête de liste en prison depuis le 7 mars dernier dans l’affaire dite de la Caisse d’avance de la mairie de Dakar. «Au début de la Légis­lature, le plus âgé des membres présents sachant lire et écrire la langue officielle assure la présidence de la séance jusqu’à l’élection du Président (…) Il fait procéder à l’appel nominal des députés. Après avoir fait constater que le quorum est atteint, il déclare la séance ouverte.» A 91 ans, Me Abdoulaye Wade devrait normalement, s’adjuger en toute logique ce statut lors de l’installation de la 13ème Législature prévue en septembre. Jean Paul Dias, qui a théorisé cette possibilité hier lors d’une conférence de presse des leaders de Mts, invite l’ancien Président à «surprendre les travaux, en sa qualité de président de l’Assemblée nationale pour exiger la libération de Khalifa Sall». «Si Khalifa Sall n’est pas libéré, Wade a le pouvoir de suspendre la séance jusqu’à obtenir gain de cause. Je demande à Me Wade de prendre ses responsabilités. Le pouvoir est en train de trainer les pieds dans l’installation de l’Assemblée mais je dis à Me Wade de s’armer de patience et de rester au Sénégal», déclare, très en verve, Dias-père, en conseillant à Wade de ne pas écouter «ceux qui disent que la libération de Khalifa n’est pas dans son intérêt».
Tous ces arguments, Dias les avait développés dans un texte d’opinion paru dans certains journaux la semaine dernière. Il a dû se dire que l’écho attendu n’a pas eu lieu, et a voulu les porter de manière plus directe.
Téliko déjà interpellé
Il faut également relever que les avocats du maire de Dakar ont déposé sur la table du juge d’instruction, une demande de liberté provisoire, en s’appuyant sur l’immunité parlementaire dont devrait actuellement bénéficier leur client. Saisi à son tour par le magistrat instructeur, le procureur de la République doit dans les jours à venir, rendre une décision. Jean-Paul Dias interpelle aussi le président de l’Union de magistrats du Sénégal qui vient juste d’être élu. «J’appelle le président, Souley­mane Téliko, à prendre ses responsabilités. Le Bureau de l’Ums n’a qu’à aller voir les juges d’instruction pour leur rappeler qu’ils n’appliquent pas le droit dans cette affaire (Khalifa Sall). Si Téliko ne le fait pas, qu’il ne vienne plus nous parler d’indépendance de la magistrature», prévient-il.
La transition était toute trouvée pour que Dias-fils prenne le relais en rappelant son cas en 2012. Accusé de meurtre en décembre 2011, lors de l’attaque de sa commune, le maire de Mermoz-Sacré cœur a été libéré après son investiture sur la liste de Benno bokk yaakaar des Législatives de juillet 2012. «Le juge d’instruction Mahawa Sémou Diouf avait considéré que je devais faire campagne comme j’étais en détention préventive. Je jouissais de la présomption d’innocence. Aujour­d’hui, on a refusé la même chose à Khalifa Sall lors de la campagne. Pis, j’étais accusé de meurtre et non de détournement de deniers publics. On m’avait libéré. Alors si le cas de Khalifa Sall n’est pas de l’acharnement, qu’on explique c’est quoi», dénonce le député sortant. Il appelle les autorités religieuses à sortir de leur mutisme pour «raisonner» Macky Sall. Et il «oublie» de préciser que le procureur à l’époque était plus compréhensif parce que le pouvoir venait de changer, et que les alliés de M. Dias étaient arrivés aux affaires.
Néanmoins, a estimé Hélène Tine, depuis le 14 août, date de la proclamation des résultats par la Conseil constitutionnel, «chaque minute que Khalifa Sall passe en prison est une violation de ses droits». Celle qui vient de perdre son mandat de parlementaire enrage : «Le pouvoir en place continue, et ce depuis le début de cette affaire, de violer impunément les droits de Khalifa Sall. Nous ne pouvons pas en tant que députés, voter des textes et les voir violés par un homme pour des raisons politiciennes». De son côté, Moussa Tine écarte toute idée d’arrangement de type «protocole de Rebeuss» bis. «Nous n’allons pas négocier la libération de Khalifa. Nous réclamons que le droit soit appliqué», précise le leader de l’Alliance Pencoo. En cas d’échec de ces initiatives, Cheikh Guèye, Cheikh Bamba Dièye, Madiop Diop et Cie n’excluent pas d’interpeller les ambassades étrangères et les organisations internationales de défense des droits de l’Homme.

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