Lutte contre la corruption au Sénégal : les conditions ne sont pas réunies

22 - Décembre - 2017

L’Office nationale de lutte contre la contre la fraude et la corruption (Ofnac) a rendu public avant-hier, un rapport-diagnostic sur l’état de la corruption au Sénégal.

Eh bien, l’Ofnac a répété ce que tout le monde savait : Les forces de sécurité, la santé et l’éducation sont en tête.

Oui, mais, après ? Transparency international le répète tout le temps dans ses rapports de ce genre. Nous avons une administration et une société ‘’corruptogène’’. L’heure n’est plus alors au diagnostic. Nous savons tous ce qu’il en est. Et surtout, n’accusons pas nos traditions et notre culture. Cela n’a rien à voir. Les causes sont ailleurs, surtout dans nos faibles mécanismes de prévention et de répression.

L’Ofnac, présentée comme l’artillerie lourde dans cette lutte, ne se trouve pas forcément adaptée. C’est une machine intéressante mais grippée par des tares que l’année dernière, en, pareil moment, le conseiller anti-corruption à l’Office des Nations unies de lutte contre la drogue et le crime, Samuel de Jaegere, avait listées. C’était le 09 décembre 2016.

Il avait dénoncé, et à juste titre, des manquements graves dont souffre l’Ofnac, liés notamment au mode de nomination de ses membres, surtout le Président, au mandat de 3 ans, insuffisants, à l’absence d’expertise de ses enquêteurs, au fait que ces derniers ne peuvent pas mener des perquisitions, des fouilles, etc.

Il s’y ajoute le fait que les magistrats du Parquet auxquels sont destinés les rapports, ne sont pas indépendants vis-à-vis du Ministère de la Justice. Ils ne bénéficient pas de l’inamovibilité et peuvent être sanctionnés par leurs supérieurs en cas de dénonciation.

Conséquence de tout cela, c’est que l’Ofnac perd son temps à commanditer des enquêtes coûteuses dont tout le monde connaissait le résultat. Or, il est important que l’institution nous dise ce qu’il en est des dossiers de corruption et des activités de lutte préventive enclenchées y compris dans les écoles.

L’Ofnac a en effet besoin d’un plan d’action efficace, au double plan de la prévention et de la répression. Ses moyens financiers qui ne sont pas rendus publics (une autre faiblesse), doivent être suffisants. Et son Président doit être protégé.

Malheureusement, ce qui s’est passé avec le prédécesseur de l’actuelle Présidente, en l’occurrence Nafi Ngom Keïta, ne milite pas en faveur de la pugnacité de l’actuelle. L’antécédent du limogeage ou de la non-reconduction de Mme Keïta va encore longtemps peser sur l’institution. On l’a à l’œil et elle le sait.

Or, celle-ci doit être libre, crainte et respectée. Mieux, elle doit pouvoir, dans les prochaines semaines, proposer des solutions et une posologie adaptée.

Ça ne sert à rien de diagnostiquer si l’on ne fait rien. A ce propos, une réforme de l’Ofnac même s’impose en s’intéressant au mode de nomination de ses membres, à leur statut, à la durée de leurs mandats, à leur compétence, leur expertise, son budget, etc.

Il faut des personnalités indépendantes et rendre obligatoires les poursuites en cas de saisine de l’Ofnac.

L’institution doit être forte, indépendante, outillée par son expertise. Or, ce n’est pas actuellement le cas. Certes elle est utile, mais pas suffisamment opérationnelle.

La preuve, l’année prochaine, on sera là encore à faire des diagnostics.

La lutte contre la corruption dans la plupart des pays africains souffre notamment des mêmes tares liées au fait que les gouvernants qui ont en général quelque chose à se reprocher, ne vont jamais scier la branche sur laquelle ils sont assis. Ils continuent à mettre le coude sur certains dossiers, ce qui fausse le jeu et rend la lutte actuellement impossible à gagner.

Autres actualités

28 - Mars - 2020

Moustapha Diakhaté : "Ne laissons pas le Coronavirus infecter la démocratie"

Moustapha Diakhaté appelle à "confiner la violence policière". Réagissant suite à la répression notée dans le cadre du couvre-feu, l'ancien...

28 - Mars - 2020

Covid19 - Un faux médecin qui réalisait des tests, arrêté par la police

La Sûreté urbaine de Dakar enquête depuis quelques jours sur le cas d'une blouse blanche, Dr A. Samba. Invité dernièrement à une émission de...

28 - Mars - 2020

Lutte contre le #COVID19- Barthélémy Dias renonce à ses indemnités de maire pendant 6 mois

En plus l'aide de 100 millions dégagés cette semaine, le conseil municipal de la commune de Mermoz Sacré-cœur a décidé d'augmenter sa contribution qui...

27 - Mars - 2020

Point Covid-19 de ce vendredi 27 mars... 14 nouveaux cas positifs et 2 malades guéris

Le ministère de la Santé et de l'Action sociale fait le point de la situation sur l'épidémie de Covid-19 au Sénégal ce vendredi 27 mars 2020. 14 nouveaux...

27 - Mars - 2020

Coronavirus : les dons reçus par le ministère de la Santé s’élèvent à 1 milliard 330 millions de francs CFA

Le ministère de la Santé a déclaré vendredi avoir reçu des dons d’une valeur de 1 milliard 330 millions 830 mille 785 francs CFA (en espèces et en...