Macky en France : les non-dits d’une visite de sauvetage

20 - Décembre - 2016

Macky en France : les non-dits d’une visite de sauvetage

Annoncée depuis plus d’un mois dans un tumulte carnavalesque, la visite du président Macky Sall risque de n’être historique que par le nombre de voyageurs qu’elle a mobilisé et les millions qu’elle aura coûtés au contribuable sénégalais. Pour accueillir toute la république sénégalaise embarquée dans l’avion présidentiel, François Hollande a dépêché un triste inconnu. La France, habituée a envoyé des seconds couteaux aux présidents africains foulant son sol, n’aura donc pas fait d’exception avec Macky Sall qui lui apporte pourtant monts et merveilles.

Historique, ils ont dit. Pour Seydou Gueye, la visite que le chef de l’Etat effectue en France consacre le leadership de Macky Sall. «Le Sénégal est à l’honneur. C’est un moment important qui consacre définitivement le leadership du président Macky Sall », a soutenu le porte-parole du Gouvernement et de l’APR. Seulement, si du côté de la mouvance présidentielle, on bombe le torse distillant des adjectifs pompeux, en France, c’est loin d’être l’emballement. Pour accueillir la grande délégation sénégalaise, François Hollande a envoyé Annick Girardin. Rien contre la ministre de la Fonction publique qui occupe la 15e place dans l’ordre protocolaire du gouvernement français. Mais pour une visite qualifiée d’Etat, la grande France aurait pu trouver un nom plus clinquant que celui de l’ancien secrétaire d’État au Développement et à la Francophonie, sous Manuels Valls.

Une France hautaine

Macky Sall n’est certes pas le premier président africain que la France snobe en lui envoyant un inconnu pour l’accueillir. Le 20 octobre 2015, le président malien Ibrahima Boubacar Keita, en visite d’Etat à Paris, a été accueilli par l’Ambassadeur du Mali en France et le président du Conseil régional du val de Marne, Christian Favier. « L’affront » a été particulièrement décrié au Mali où l’on a parlé de manque de considération. Avant IBK, c’est le président de la transition burkinabé, Michel Kafando, qui se faisait accueillir le 31 mai 2015 à l’aéroport par l’Ambassadeur du Burkina Faso à Paris, Eric Tiaré. Son successeur à la tête du Burkina n’a pas été mieux loti lors de sa visite en France le 4 avril dernier. A sa descente d’avion, Roch Marc Christian n’a trouvé que l’ambassadeur de France au Burkina. Quand il s’agit d’un président africain, le président français ne dépasse guère le seuil de l’Elysée où il attend son hôte.

Si, comme Maliens et autres burkinabé, les Sénégalais se sont offusqués de cet accueil pour le moins glacial, c’est non seulement parce que la visite a été vendue tellement cher aux Sénégalais et aussi parce que Macky Sall ne part pas en Hexagone les mains vides. En plus d’avoir mobilisé l’essentiel des ministres et directeurs de l’administration pour une aventure qui va en coûter au contribuable, le chef de l’Etat s’en est allé consolider davantage la France au Sénégal où elle est pourtant grandement présente.

Visite de sauvetage

Est-ce une coïncidence si Stéphane Le Foll a quitté Dakar en juillet dernier pour promettre quelques jours plus tard une solution «dans les jours qui viennent» aux salariés d’Alstom à Belfort ? Rien n’est moins sûr. Coïncidence ou pas, le gouvernement français qui avait trouvé un moratoire de quatre ans grâce à l’achat de 15 Tgv, semble avoir trouvé le bon client (ou pigeon) pour maintenir l’usine encore en vie pour quelques années. En achetant 15 trains bi-mode (diesel/électrique) à l’usine, le Sénégal enlève une méchante épine au pied de François Hollande qui a fait du maintien en vie d’Alstom une affaire personnelle. «François Hollande tente de reprendre la main après qu’Alstom a annoncé mercredi (7 septembre) l’arrêt de la production de trains sur le site d’ici 2018. La décision du groupe industriel, arguant d’une pénurie de commandes, mettrait en péril l’avenir de 400 salariés», renseignait en septembre dernier un journal français. Pour un contrat estimé à 149,66 milliards de FCFA soient 228,4 millions d’euros, l’usine, à défaut d’être rayonnante, a de quoi tenir pour quelques autres années.

Ce dossier bouclé ce lundi, avec la signature du contrat par Macky SALL a visité le chantier qu’il a participé à maintenir encore en vie, ne sera pas le seul à faire l’objet de discussion. Si jusque-là, le chef de l’Etat n’a pipé mot quant à l’exploitation de ces TER, il est fort à parier qu’au terme de sa visite, la France mettra la main sur cet autre secteur juteux. «L’actualité brûlante c’est l’engagement du Sénégal avec la prise de parole au travers une interview du président de la République Macky SALL, diffusée en clôture du forum qui dit – peut-être en avance de phase parce que pour le moment rien n’est signé, le contrat n’est pas passé – vouloir donner la construction et l’exploitation du TER à un groupement français à l’intérieur duquel se trouve la SNCF », avait indiqué Stéphane Volant, secrétaire général de la SNCF. Une éventualité toute somme logique. Le groupe énergétique français Engie, en partenariat avec Thales, construit, Alstom fournit les trains et la SNCF gère l’exploitation. Un vrai partage d’hyène pour reprendre l’adage Wolof.

Avec toutes ces concessions parmi tant d’autres, Total s’est positionné sur le pétrole, Macky Sall devrait être accueilli par le gouvernement français en intégralité. Mais, en réalité, il s’agit d’un nouveau bluff rappelant l’histoire du «vieux nègre et la médaille», contée par Oyono, pour reprendre Babacar Gaye, porte-parole du Pds.

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