">

Macky Sall acte 2, roi fainéant ou « despote éclairé » ?

09 - Avril - 2019

Un vieil adage nous enseigne que « tout pouvoir corrompt » et que le pouvoir absolu corrompt absolument. Macky Sall n’échappe pas à la règle. Si au cours de son récent septennat il n’a pas manqué de favoriser ses proches en les nommant à des postes clés, la présentation du nouveau gouvernement nous enseigne qu’il entend désormais disposer seul du pouvoir partant du principe « qu’on n’est jamais mieux servi que par soi-même ».
Si le chef de l’Etat vient en effet de reconduire Mohammad Dionne comme premier ministre c’est pour mieux l’évincer d’ici quelques semaines, voire quelques mois, le temps pour l’assemblée nationale d’avaliser cette réforme constitutionnelle. Une de plus ! Ou plutôt un nouveau tripatouillage. Et cette fois-ci à son bénéfice exclusif.
Les moins jeunes se souviennent qu’en 1963 Léopold Senghor avait lui-même supprimé le poste de Président du conseil, l’équivalent de celui de Premier ministre, (alors occupé par Mamadou Dia) afin de recentrer les pouvoirs au niveau de sa présidence. Senghor avait alors cumulé les deux responsabilités.
Plus tard, en 1983, un scénario presque identique s’était présenté avec la décision d’Abdou Diouf qui entendait privilégier le rôle et la prééminence de Jean Collin son tout-puissant secrétaire général de la Présidence. De cette période Diouf a hérité du surnom peu flatteur de « roi fainéant ».
Macky Sall, en nommant aujourd’hui Dionne ministre d’Etat et secrétaire général de la Présidence, un costume taillé sur mesure XXL, ne vise pas le même objectif. Le sien est plutôt de s’accaparer les pleins pouvoirs en « présidant » et en « gouvernant », ce cumul mettant fin au partage des postes généralement en vigueur dans un régime parlementaire. On risque d’assister désormais à une hypertrophie des pouvoirs ceux-ci étant concentrés entre les mains d’un seul homme, par ailleurs chef de parti.
Et il y a fort à parier que Macky Sall aspire à devenir comme Senghor un président hyperpuissant et non comme Diouf un roi fainéant. Accessoirement aussi l’actuel chef de l’Etat, à peine réélu pour cinq ans, s’assure déjà à une possible réélection en 2024 en éliminant un potentiel rival dans ses rangs, en l’occurrence Dionne. Chacun sait en effet que tout Premier ministre ne rêve que d’une chose en se rasant le matin : de devenir à son tour président de la République.
On ne sait si on doit féliciter l’artiste pour ce tour de passe-passe, ou si l’on doit condamner l’action d’un homme qui aspire peut-être à agir en « despote éclairé ». L’avenir nous le dira.

Ibrahima Thiam
Président du mouvement Un Autre Avenir

Autres actualités

25 - Septembre - 2024

SENEGAL-USA-COOPERATION / Cinq millions de dollars du gouvernement américain pour soutenir la lutte contre la corruption

Les États-Unis d’Amérique se sont engagés à mettre à place un programme de financement de 5 millions de dollars pour appuyer le Sénégal dans...

25 - Septembre - 2024

Guy Marius Sagna répond à Rufin : «Désespérée, la France cherche à opposer Diomaye et Sonko»

L’ancien député de la mouvance présidentielle, Guy Marius Sagna, se démarque du point de vue de l’ancien ambassadeur de la France au Sénégal....

24 - Septembre - 2024

SENEGAL-MONDE-DIPLOMATIE / Bassirou Diomaye Faye évoque sa vision d’un avenir meilleur pour l’humanité

Le chef de l’Etat sénégalais, Bassirou Diomaye Faye, a insisté lundi, à New York, sur le fait que le futur du monde ne pouvait pas se construire sur le...

24 - Septembre - 2024

SENEGAL-NECROLOGIE / Décès de Amadou Mahtar Mbow

L’ancien Directeur général de l’Unesco de 1974 à 1987, Amadou Mahtar Mbow, est décédé mardi, à l’âge de 103 ans, a-t-on...

24 - Septembre - 2024

SENEGAL-LEGISLATIVES / Samm Sa Kadu, une alliance électorale de sept entités politiques, mise sur pied (communiqué)

Sept entités politiques ont déclaré lundi avoir noué une alliance dénommée “Samm Sa Kadu”, respecter sa parole, pour participer aux...