Makhtar Cissé : un mythe s'effondre sous le poids du mensonge

23 - Avril - 2020

« Avec ses lunettes, et son allure de gendre idéal (Makhtar Cissé), on lui donnerait le Bon Dieu sans confession »

Pendant de nombreuses années, Makhtar Cissé s’est construit un mythe tenace. L’homme au « CV quasi parfait » qui se vantait d’avoir sorti la SENELEC des ténèbres était en réalité un piètre prestidigitateur (illusionniste) et un fieffé menteur qui a berné les sénégalais grâce à une intense campagne de communication bâtie sur du vent. En 2018, Makhtar Cissé, annonçait en grandes pompes que le résultat net de la SENELEC sur l’exercice clos au 31 décembre 2017 s’élevait exactement à 36,376 milliards de francs CFA (cf le rapport annuel 2017 de la SENELEC).

En moins d’un an, ce chiffre fantaisiste et préfabriqué s’est dégonflé comme un ballon de baudruche. Pour bien comprendre comment Makhtar Cissé a dupé son monde, il faut prêter attention à un détail important figurant dans le rapport 2017 de la SENELEC, relatif aux observations mises en exergue par les commissaires des comptes des cabinets d’audits KPMG et MAZAR. Dans le rapport 2017, les cabinets KPMG et MAZAR ont formulé des réserves qui ne souffrent d’aucune ambiguïté « Comme pour les exercices précédents, les commissaires aux comptes n’ont pas été en mesure de valider de manière satisfaisante, d’une part, les immobilisations corporelles et incorporelles de la SENELEC dont la valeur nette au 31 décembre 2017 s’établit à 459 782 millions FCFA au regard de l’absence d’inventaire physique, des insuffisances dans le suivi et la gestion des immobilisations, et d’autre part, au vu des subventions d’investissement qui figurent au passif du bilan (108 069 millions FCFA) ».

Mais l’élément le plus important réside dans le fait que les 2 cabinets d’audits ont précisé de manière claire que les états financiers sont établis par la Direction et arrêtés par le Conseil d’Administration, dont l’actuel Directeur Général de la SENELEC (Pape Demba Bitéye) était membre. Autrement dit, les 2 cabinets d’audits KPMG et MAZAR se sont fondés sur des états financiers « maquillés » et validés par le Conseil d’administration de la SENELEC, pour produire un rapport biaisé, décernant un satisfecit pour la société. Il convient de dénoncer avec vigueur, la légèreté avec laquelle KPMG et MAZAR ont pris pour argent comptant les états financiers erronés produits par la SENELEC. S’agit-il d’un manque de rigueur de leur part ou ont-ils été abusés comme tant d’autres par les chiffres fantaisistes et mensongers fournis par la SENELEC ? Ce qui est intéressant, c’est que le rapport sur l’exercice 2017 de la SENELEC réduit à néant l’argumentaire officiel, mensonger tendant à disculper l’actuel DG, Pape Demba Bitéye qui ne serait pas au fait des difficultés de la boîte. Un énorme mensonge, puisqu’il est écrit noir sur blanc dans le rapport, que Pape Demba Bitéye était bel et bien membre du Conseil d’administration qui a validé les faux états financiers de la SENELEC sur l’exercice clos 2017. En réalité, l’ancien DG Makhtar Cissé et le nouveau DG Pape Demba Bitéye qui prétend avoir hérité d’une situation difficile sont 2 fieffés menteurs qui se moquent des sénégalais.

En élaborant un plan de communication mensonger fondé sur exclusivement des éléments de langage (technique de communication) consistant à nier mordicus l’existence d’une hausse du cout de l’électricité, que les tous les sénégalais qui reçoivent leurs factures constatent et en tentant par un stratagème honteux et ridicule de transformer une hausse en un « ajustement tarifaire », le régime incompétent et corrompu de Macky Sall insulte l’intelligence de 14 millions de sénégalais.

Aucune campagne de « com » au monde n’est en mesure de nier le réel (la hausse du coût de l’électricité au Sénégal, est une réalité tangible, effective, chiffrable et constatable par les ménages sénégalais). Chaque sénégalais peut comparer sa facture d’électricité avec les précédentes pour connaître le différentiel énorme, en termes de pourcentage ou de dizaines de milliers de francs CFA. Nul besoin de sortir de « Sciences PO, Saint-Cyr ou Polytechnique » pour constater la réalité palpable de la hausse du cout de l’électricité : en effet, le contenu du porte-monnaie de chaque sénégalais, après paiement de la facture d’électricité est plus parlant que tous les discours mensongers et communiqués de presse du régime de Macky SALL. Les sénégalais qui l’ignorent certainement ont échappé au pire (la note allait être plus salée), car en 2018, le Ministère de l’Energie et des pétroles, a fait preuve d’une incroyable audace, en introduisant une requête, le 05 avril 2018, auprès du CRD (Comité de Règlement des Différends de l’ARMP), pour soustraire la SENELEC aux obligations du code des marchés publics. Aussi incroyable que cela puisse paraître, la SENELEC voulait obtenir un quitus afin de passer des marchés de gré à gré, dont les montants se chiffreraient à des centaines de milliards de F CFA. Le tout, sans aucun contrôle de la Direction Centrale des marchés publics et de l’ARMP, et surtout sans aucune mise en concurrence. Sentant le piège tendu, et dans un ultime élan de sursaut, l’ARMP (pour une fois), par sa décision N°058/18/ARMP/DEF du 25 avril 2018 a rejeté la requête du Ministère du pétrole et de l’Energie, précisant clairement que les activités liées à l’exploitation de la SENELEC ne pouvaient, en aucun cas, déroger au code des marchés publics.

En vérité, le scandale lié à la hausse vertigineuse du cout de l’électricité a mis à nu l’entreprise de mystification de Makhtar Cissé basée sur le mensonge et la manipulation des chiffres. Comme le précise un célèbre adage « Où que vous soyez, le mensonge finit toujours par toujours par vous rattraper ». Dans une lettre en date du 27 octobre 2019, adressée au Vérificateur Général, M.François Collin, je lui demandais de réclamer le départ (démission) de l’IGE Makhtar Cissé qui a intégré le Secrétariat politique de l’APR, en application de l’article 19 de la Loi n°2011-14 du 8 juillet 2011 qui interdit aux Inspecteurs généraux d'Etat en activité, d'appartenir à un syndicat ou à un parti politique ». Après ses mensonges sur l’état financier de la SENELEC, Makhtar Cissé doit démissionner de l’IGE et rendre compte de sa gestion.

Dans 48 heures (le 31 décembre 2019), le Président de l’APR, Macky SALL, s’adressera à la Nation sénégalaise, dans une allocution télévisée, pour se conformer à un exercice convenu et faire la seule chose qu’il sait faire depuis son accession à la magistrature suprême en 2012 : raconter des bobards à ses compatriotes. Un régime dont la seule ligne de conduite est le mensonge, et dont le fait marquant de l’année 2019 est l’arrestation spectaculaire du député Bougazelli, membre du parti au pouvoir : un député faussaire, et blanchisseur d’argent sale.

Tout le symbole d’une gouvernance erratique et médiocre, pilotée par un homme, Macky Sall, sans cap, ni vision, arrivé dans des circonstances exceptionnelles au pouvoir en 2012 (élu par défaut), et qui, vraisemblablement, sortira de l’histoire du Sénégal par la petite porte.

Seybani SOUGOU – E-mail : sougouparis@yahoo.fr

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