Manko – Benno : entre désirs et délires

18 - Mai - 2017

Manko – Benno : entre désirs et délires

La veille des Législatives est une période amusante, non pour les enjeux, mais pour le théâtre des acteurs politiques. En cette période pré-électorale, franchise, loyauté, ferveur citoyenne, schizophrénie, discours orduriers, démagogie, paranoïa et haine se croisent et s’entrecroisent dans une atmosphère dédaigneuse où désirs et délires s’unissent en diphtongue pour faire du jeu politique sénégalais une véritable comédie. Les uns dérapent. Les autres trichent. D’autres encore versent dans le chantage, si ce n’est la folle démagogie.

Chaque responsable politique de l’opposition et du Pouvoir vend la peau de l’ours sans l’avoir abattue. Aucune alternative n’est encore présentée par l’opposition et aucun programme envoutant n’est exposé par le Pouvoir, si ce ne sont la continuité de ce qui fut vomis et le Plan Sénégal Emergent conçu hors de l’Afrique, dans l’hexagone. Et c’est justement ce qui amuse. Ne reste pour programme, du Pouvoir comme de l’Opposition que la diabolisation. Les gens de l’APR et de Benno Bokk Yakaar ciblent les personnes de l’opposition et celles-là, en retour, répliquent contre la personne de Macky Sall et ceux qui sont avec lui.

Ambitions déraisonnables et irrationnelles

Ceux de l’Opposition comme ceux du Pouvoir jurent tous être dépositaires de légitimité et de puissance politique. Ceux qui n’ont jamais gagné certifient avec fermeté et assurance qu’ils sortiront vainqueurs dans leurs bases politiques, s’ils en ont d’ailleurs. Ceux qui ont gagné aux dernières Locales promettent une victoire écrasante évidente.

Même un Maire APR d’une commune d’arrondissement de Dakar, qui ne vise que la grande Maire, assure qu’il gagnera à 100%, une prétention démesurée qui conduit soit à une fraude locale pour y arriver, soit à une volonté totalitaire pour se donner la légitimité de remplacer Khalifa Sall. Ce Maire en a quand même le bon droit. Sa descente permanente sur le terrain peut lui être bénéfique, mais sans un pourcentage de 100%.

Mais son appétence politique est, au moins, plus responsable que celle de ce Secrétaire général du Parti de Colobane qui invite les responsables politiques du Pouvoir, et particulièrement de son parti, à investir non le terrain politique, mais les média. Macky Sall de l’obédience de qui il relève maintenant, appréciera si c’est à travers les média qu’il faut arracher Dakar des mains de Khalifa Sall en profitant de son embastillement et remporter, par ricochet, les 45 Départements du Sénégal. Le déraisonnable et l’irrationnel vicient finalement le jeu politique. Et les désirs politiques se muent en délires quand des femmes envahissent spectaculairement un boulevard pour bloquer la circulation et exiger la libération de Khalifa Sall.

Manko de paradoxe, APR de bizarrerie

La Coalition Manko est déterminée en à découdre avec Macky Sall, son parti et les partis alliés qui sont avec lui. Mais la géopolitique de cette dynamique unitaire qui réunit des chefs de parti, est paradoxale et insolite. Chaque chef de parti de Manko a un passé institutionnel et un parcours politique exceptionnel. Personne n’accepte d’être derrière un autre. Le Président du Grand Parti, Gackou, en est le coordonnateur et non la Tête de Liste. Qui assurera véritablement cette charge politique redoutable et délicate ?

C’est la question qui n’est pas posée, si bien qu’il est nécessaire de laisser le temps faire son œuvre pour être persuadé que l’essentiel des partis de l’Opposition se sont vraiment unis pour les Législatives. Les Sénégalais ont applaudi leur unité tout en doutant de la solidité de leur consentement. Et face à cette opposition, les Sénégalais rigolent et s’indignent de cette pagaille qui règne dans l’APR et des bizarreries de la Coalition qui la soutient. Macky est impuissant devant l’anarchie dans laquelle s’engloutit son parti pris en otage par une boulimie.

Folie et dérapage

Les engagements des uns comme des autres sont à la fois démentiels et immodérés. Le Directeur général du Port Autonome de Dakar, pour le triomphe de l’APR et de la Coalition qui l’accompagne, a pris un engagement drôle et unique dans l’histoire. Il est prêt à vendre chaussures et chaussettes pour la victoire aux Législatives. Une première ! Et de l’autre côté, c’est un Secrétaire d’Etat qui menace sur fond de chantage : « Nous n’accepterons plus d’être en rade ! Si le parti ne veut pas de nous, nous en tirerons les conséquences », assène-t-il.

Au même moment, un DG de société dérape, confirmant le mal de l’homme politique sénégalais qui est celui de toujours croire que toute structure d’Etat qui lui est confiée en une période bien déterminée, est son bien. Directeur de la Société de transport public, Dakar Dem Dikk, ce responsable politique se loue lui-même les bus de la société, portant préjudice aux usagers et rendant un mauvais service à Macky.

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