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Me Assane Dioma Ndiaye : "Il faut aux avocats des arguments juridiques pour défendre les dossiers plutôt que de mobiliser l'opinion publique seulement"

09 - Octobre - 2019

La sortie de l'Ordre des avocats pour mettre en garde les avocats des différentes parties dans l'affaire dite des 94 milliards, ne laisse pas indifférent l'avocat Me Assane Dioma Ndiaye, président de la Ligue sénégalaise des droits humains (Lsdh). Joint par Seneweb, il analyse la sortie des avocats de Sonko et de Mamour Diallo et le rappel à l'Ordre signé du bâtonnier de l'Ordre des avocats.

"Je l'ai écouté ce matin, il disait qu'il y a des cacophonies dans le milieu des avocats qui sortent souvent dans la presse, alors que les dossiers sont en justice ou en voie de l'être. Il a pris comme référence aussi la sortie de Me El Hadji Diouf, quand il sortait pour faire une vidéo. A mon avis, il (le bâtonnier : ndlr) veut éviter que les dossiers se défendent plutôt dans les médias qu'en justice", commente Me Ndiaye.

Il estime toutefois que "le moment choisi peut être discutable. Mais il (le bâtonnier : ndlr) aurait pu prendre cette décision bien avant que les avocats ne sortent. C'est une cuisine interne entre les avocats et ils pourront réagir par rapport à cela. Mais ça, c'est une décision du bâtonnier qui veut encore apporter plus d'ordre, plus de cohésion dans leur démarche et éviter de descendre dans l'arène politique".

Dans le même registre, Assane Dioma Ndiaye de regretter "l'impact de la politique sur les affaires judiciaires. Les avocats souvent sont mêlés dans ces feuilletons politico-judiciaires, mais il faudrait aussi qu'il y ait beaucoup plus de professionnalisme en leur sein, qu'ils puissent trouver des arguments juridiques pour défendre les dossiers plutôt que de mobiliser l'opinion publique seulement: ça, c'est l'affaire des politiques. C'est très difficile, parce qu'on est dans le champ politique. Maintenant, c'est au niveau de l'Ordre des avocats de trouver le juste milieu. Il faut qu'ils en discutent".

"Au bâtonnier, recommande-t-il, d'appeler ses collègues pour trouver une formule qui puisse arranger le corps, qu'ils ne puisent pas léser les parties concernées".

Quid des appréhensions du leader de Pastef ?

"Ousmane Sonko est connu dans le milieu depuis le début comme quelqu'un qui alerte, c'est presque un lanceur d'alerte. De l'autre côté, on lui reproche de n'avoir pas répondu quand il s'agit d'aller donner les preuves de ses accusations. Il peut aussi les brandir, les montrer", conseille-t-il.

"De l'autre côté également, ce que je ne comprends pas, c'est l'absence de plainte de la part de Mamour Diallo qui serait diffamé. On ne voit pas encore la plainte. Ce retard aussi est un peu suspect, depuis lors on en parle, depuis quelques mois et il n'y a pas eu de plainte", déplore l'avocat.

"On attend, s'il y a une plainte, de voir comment le procureur va réagir, ajoute-t-il. C'est une affaire dont personne ne sait encore où est-ce que se trouve la vérité. Il vaut mieux que la justice se saisisse pour que la vérité puisse éclater. On sait que l'Ofnac a été déjà saisi, il reste au procureur de s'autosaisir… Que ce dossier soit un dossier que le procureur puisse régler".

Pour rappel, dans un communiqué de presse, l'Ordre des avocats dit avoir constaté, "ces derniers temps, avec regret des interventions désordonnées et peu reluisantes de quelques- uns de ses membres dans les médias, généralement sur des affaires pendantes ou en voie de l'être devant les cours et tribunaux".

Dans le document, Me Pape Leyti Ndiaye de regretter que "ces interventions médiatiques constituent souvent, voire toujours, des infractions aux dispositions de notre règlement intérieur". Or, "les avocats, ajoute-t-il, doivent être les premières sentinelles du respect scrupuleux de leurs règles professionnelles".

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