Ministre de l’Intérieur controversé : ABDOULAYE DÉROULE ET DIVISE

14 - Août - 2017

Récusé dès sa nomination en septembre 2013 par l’opposition et aujourd’hui par la Société civile, le ministre de l’Intérieur a souvent posé des actes qui tendent à donner du grain à moudre à ses détracteurs. Si sa neutralité fait débat, son mangement en a pris un sacré coup lors des Législatives du 30 juillet. Au point qu’on se demande s’il fera partie du prochain gouvernement.
Locataire à la Place Washington n’est pas de tout repos. Mbaye Ndiaye, avec ses larmes légendaires, l’a rappelé. Car le profil d’un ministre de l’Intérieur réclame de la froideur, de l’impassibilité… Si Me Ousmane Ngom a caractérisé le visage policier de la fin du règne de Wade, Abdoulaye Daouda Diallo est contesté depuis près de 3 ans pour sa «partialité». Aujourd’hui dans l’œil du cyclone, il est clairement l’homme à abattre du gouvernement. Il caractériserait, selon certains, la face hideuse du régime. Les nombreuses défaillances dans l’organisation des élections législatives du 30 juillet ont, semble-t-il, été la goutte d’eau qui a fait déborder le vase. Jadis uniquement cible des flèches de l’opposition, Abdoulaye Daouda Diallo ne fait même plus l’unanimité dans le giron présidentiel. «Le problème avec lui, c’est qu’il n’a pas toujours tenu un discours de vérité aux Sénégalais sur la confection des cartes d’identité. Je crois qu’aujourd’hui, Macky doit s’en débarrasser parce qu’il le gêne. Il devait démissionner juste après les élections pour ne pas gêner le Président», souffle un ministre-conseiller, sous le couvert de l’anonymat.
Des reproches même dans son propre camp
Nommé le 6 septembre 2013 en remplacement du général Pathé Seck que le scandale de la drogue dans la Police venait d’emporter, M. Diallo n’a jusque-là jamais convaincu les acteurs politiques. Son appartenance à l’Apr, doublée d’une fonction de maire de la localité de Boké Dialoubé, ont toujours été les arguments de ses pourfendeurs pour s’en prendre à ses actions. Sauf que, ironie de l’histoire, il semble vouloir donner du grain à moudre à ses détracteurs. C’est en quelque sorte donner le bâton pour se faire battre. On se rappelle l’affaire des cartes d’identité biométriques confectionnées dans les permanences de l’Apr à Pikine Nord, qui avait scandalisé l’opposition et lui a permis de crier à la fraude électorale. Récemment, il accusait, à l’Assemblée nationale, ladite opposition d’être derrière la pléthore de listes enregistrées aux Législatives. Et bien hypocritement, il regrettait la dislocation de Manko taxawu senegaal, version originelle, en désignant des partis qui n’ont jamais été dans cette coalition. Il avait même essuyé les railleries de Oumar Sarr du Pds qui l’a chahuté : «Les chiffres et les exemples que vous donnez sont faux. La plupart des organisations que vous citez n’ont jamais été membres de notre coalition. Si ce sont ces informations que vous donnez au Président, on doit s’inquiéter.»
Lors du référendum, ses services étaient loin d’être exempts de tout reproche sur la couleur des bulletins du Oui et du Non. Et comme pour enfoncer le clou, Abdoulaye Daouda Diallo se permet de donner les résultats du référendum du 20 mars 2016 avant même la Commission nationale de recensement des votes. C’en était trop, au point que même dans son propre camp, on le rappelle sérieusement à l’ordre. «Il faut continuer à respecter les normes républicaines en la matière (…) Je n’ai pas compris pourquoi il y a eu cette sortie du ministre de l’Intérieur pour donner des chiffres», sermonne Mbaye Ndiaye, Premier ministre de l’Intérieur du magistère de Macky Sall. Djibo Ka, qui est également passé par cette station, ne pouvait pas laisser passer la «bourde». «La prochaine fois qu’il organise les élections de façon impeccable sur le plan matériel, mais qu’il ne plonge pas trop dans la mare de la politique politicienne», invitait-il.
Sera-t-il dans le prochain gouvernement ?
Lors du Dialogue national initié par le président de la République, le 28 mai 2016, le ministre de l’Intérieur s’est appuyé sur le président de la République qui avait assuré sa défense devant les tirs de l’opposition qui s’offusquait des retards dans la distribution du fichier électoral à quelques jours du référendum. Sa tête sera aussi demandée à l’occasion de la refonte du fichier électoral. «Vous n’êtes ni indiqué ni apte à organiser des élections. Nous restons toujours sur notre position : vous êtes membre de l’Apr ; donc vous n’êtes pas neutre. Toutes les conditions d’un processus électoral fiable ont abouti à un choix d’une personnalité neutre. En 2000, avec un général de l’Armée (Lamine Cissé) et en 2011, avec un inspecteur général d’Etat (Cheikh Guèye). Par contre, vous êtes membre de l’Apr et maire de Boki Dia­loubé», assénait Dethié Fall de Rewmi le 9 juin 2016 lors d’une rencontre entre le ministre de l’Intérieur et les acteurs politiques.
Homme de confiance du président de la République qui l’a félicité dans l’organisation du scrutin du 30 juillet, Abdoulaye Daouda Diallo est toujours en poste. Mais jusqu’à quand ? se demandent certains Sénégalais. Le voir quitter le gouvernement dans le remaniement post-Législatives n’a rien d’irréaliste. D’après des personnes bien introduites au Palais, le Président Macky Sall avait voulu le limoger à deux semaines des Législatives, après avoir constaté les menaces qui pesaient sur le scrutin. Aujourd’hui, au-delà de la Cena qui a dénoncé certaines méthodes du ministre dans la distribution des cartes d’identité, la Plateforme des acteurs de la Société civile pour la transparence des élections (Pacte) a réclamé, la semaine dernière, la mise en place d’un ministère chargé des Elections et la nomination d’une personnalité neutre pour l’organisation des scrutins.

Autres actualités

23 - Juin - 2017

Kabirou Mbodje Wari : «On constate que depuis l’acquisition de l’opérateur de télécommunications Tigo, il y a un acharnement sur moi"

«Ce n’est pas juste un procès qui a été intenté contre Wari ou ma personne. Depuis 2012, c’est 11 procès qui ont été...

23 - Juin - 2017

Le maire Bamba Fall chez le ministre Amadou Bâ

La paix avant la guerre. Le calme avant la tempête. Têtes de liste départementales de Mànkoo taxawu Senegaal et de Benno bokk yakaar à Dakar pour les...

23 - Juin - 2017

6 ans après la manif’ de juin : Le 23 à jeun

Ce 23 juin ne semble pas s’annoncer comme les autres. Pourtant, il était question de ne plus avoir des députés béni-oui-oui comme ceux-là qui avaient...

23 - Juin - 2017

Le Ps sur Khalifa et Aïssata : «Ils ont délibérément choisi de violer les textes du parti»

En se présentant chacun sous sa bannière, Aïssata Tall Sall et Khalifa Sall ont «délibérément violé» les règles de discipline...

23 - Juin - 2017

Couverture maladie universelle : L’État a remboursé 10 milliards en 2016

L’État a remboursé 10 milliards de francs Cfa en 2016 pour la gratuité des soins, dans le cadre du programme de Couverture maladie universelle (Cmu). La...