Mise en œuvre «tronquée» de la charte de bonne gouvernance démocratique LES «ASSISARDS» FONT LE PROCES DU MACKY

11 - Juin - 2018

La célébration de l’An X des Assises nationales avant-hier, samedi, n’a pas seulement été le lieu du bilan d’une décennie d’existence de ce grand forum organisé du 1er juin 2008 au 24 mai 2009, afin de trouver une solution consensuelle et durable à la crise politique, éthique, économique, sociale et culturelle du Sénégal. Elle a surtout été l’occasion pour les parties prenantes, syndicalistes, universitaires, partis politiques, de dénoncer la non-application par l’Etat, en somme par Macky Sall, des conclusions issues de ce forum et cela, malgré les engagements solennels du candidat à la magistrature suprême et futur chef de l’Etat entre les deux tours de la présidentielle de 2012.

Sous la houlette du Pr Amadou Makhtar Mbow, président des Assises nationales et ancien patron de l’Unesco, les «Assisards» ont le procès du régime en place qui a tourné le dos à la Charte de bonne gouvernance démocratique, quoiqu’il fût signataire des dites conclusions.
A l’instar du député Mansour Sy Djamil, ancien membre de la Commission scientifique des Assises nationales, voire du Pr Boubacar Diop, ex-coordonnateur de la commission Gouvernance sociale des Assises. Abondant pour sa part dans la même dynamique, le Pr Amadou Makhtar Mbow comme pour montrer l’actualité intemporelle de la Charte de bonne gouvernance démocratique a fait part de la mise sur pied d’un Institut des Assises nationales pour opérer le suivi des conclusions de ce grand forum de concertation qui a réuni en son temps opposition, société civile, monde des affaires et Sénégalais lambda.
MANSOUR SY DJAMIL DE BESS DU NIAKK, MEMBRE DE LA COMMISSION SCIENTIFIQUE DES ASSISES : «De reniement à reniement, de trahison à trahison, on a mis de côté les Assises nationales»
Les Assises nationales n’étaient pas un point de départ. C’était plutôt l’aboutissement d’un processus. Lorsqu’à l’époque, nous nous sommes réunis à Saly-Portudal, il y avait trois scénarii possibles qui se présentaient à nous. Le premier scénario, c’était que le Président Abdoulaye Wade rejoigne les Assises. Le deuxième scénario, c’était qu’il triomphe et détruise l’élan des Assises. Le troisième scénario, c’était qu’Abdoulaye Wade perde le pouvoir et qu’une équipe issue des Assises nationales le remplace. Et c’est à ce 3ème scénario, le moins probable et le plus favorable, qu’on a assisté. Dieu nous a gratifiés de ce scénario parce que, le 25 mars 2012, Macky Sall issu des Assises nationales et signataire de la Charte de bonne gouvernance démocratique et des conclusions des Assises, était devenu le président de la République. Donc, on était en droit de s’attendre à ce que, compte tenu de ses engagements, les conclusions des Assises trouvent un début de traduction dans la réalité. Six années après, nous pouvons dire aujourd’hui que les fruits n’ont pas tenu les promesses des fleurs. Parce que de renoncement à renoncement, de reniement à reniement, et même de trahison à trahison, on a mis de côté les conclusions des Assises nationales. Et comme je l’ai déjà dit, on ne peut pas faire mieux. J’étais dans la commission scientifique et deux années durant, on a travaillé d’arrache-pied, des efforts exténuants qui ont abouti à ces conclusions avec des ressources humaines de très haut niveau et de très haut talent. En plus, nous avions la majorité à l’Assemblée nationale, ce sont nos gars qui étaient dans le gouvernement. Il était tout à fait possible de prendre les conclusions, secteur par secteur, durant la discussion de la Loi de finance, voir ce que proposait le gouvernement qui était notre gouvernement, celui de Benno Bokk Yaakaar, essayer par suite de voir ce qu’on pouvait faire la première année, la deuxième année, la troisième année jusqu’à épuisement des conclusions des Assises. Cela n’a pas été le cas/ Maintenant, on est obligé de faire un travail d’éternel recommencement.
PR BOUBA DIOP, COORDONNATEUR DE LA COMMISSION GOUVERNANCE SOCIALE DES ASSISES NATIONALES : «Le point essentiel est que le Président ne peut pas diriger les instances d’un parti politique»
Cette rencontre aurait dû se tenir à l’Université. C’est au dernier moment qu’on a fait croire que la rencontre ne pouvait pas se tenir à l’université. C’est une honte. Cela montre que ce pays a régressé. Et c’est dommage. Comment faire avancer le Sénégal sur le plan politique, économique, social dans ces conditions ? Cela montre le degré d’immaturité des gens qui nous dirigent et à tout étage. Les Assises nationales ont produit un travail remarquable dans tous les domaines. Les Assises ne sont ni la Bible ni le Coran ni la Thora. Les Assises n’ont jamais dit cela. C’était un diagnostic de la situation depuis l’indépendance à nos jours, pour savoir pourquoi le Sénégal a eu de tels problèmes et comment en sortir. C’est donc un travail remarquable qui a été d’ailleurs été traduit en toutes les langues nationales…Tout Sénégalais qui veut que ça avance pourra puiser dans les conclusions des Assises…Certes, tous les points ne figuraient pas dans les conclusions, par exemple le pont de vue des jeunes parce qu’il n’y avait pas assez de jeunes, les questions sécuritaires, le problème de la Casamance. Il y avait des questions qui n’avaient pas pu être réglées. Donc, il ne faut pas donner l’impression que les Assises ont tout réglé, on ne l’a jamais dit. C’était une méthode, une démarche, il y a eu un produit et ce produit, on peut l’améliorer…Les Assises sont un patrimoine national, africain et international. Mais la question essentielle déclinée lors des Assises est que le Président de la République ne peut pas présider les instances d’un parti politique. Est-ce que cela est réglé au Sénégal ? D’ailleurs, tous les problèmes qu’on a résultent de cette donne. Un président qui veut être président de parti, président de l’Etat et président de tout. Comment pouvez-vous bouger avec ça. Et ça, c’est un recul même par rapport à l’histoire africaine».
PR AMADOU MAKHTAR MBOW, PRESIDENT DU COMITE DE PILOTAGE : «Dans une logique de continuité, nous allons créer un Institut des Assises nationales»
Le Professeur Amadou Mokhtar Mbow, ancien directeur général de l’Unesco et président du comité de pilotage et du bureau des Assises nationales qui a ouvert les débats, lors de la rencontre-bilan des 10 années des Assises, a exhorté l’Etat à respecter ses engagements en appliquant les conclusions de ce grand forum qui s’est déroulé entre le 1er juin 2008 et le 24 mai 2009. Dans la foulée, il a invité les gouvernants à faire passer l’intérêt supérieur du pays en lieu et place des intérêts personnels. Faisant le bilan des 10 ans des Assises nationales, aujourd’hui plus actuelles que jamais, le président Mbow a annoncé que, dans une logique de suivi des conclusions des travaux, un Institut des Assises nationales sera mis sur pied. « On a décidé de la continuation des Assises en créant un Institut des Assises nationales. On vous demande d’apporter votre collaboration à cet institut en choisissant ceux qui doivent y être. On vous avait envoyé une circulaire pour vous définir les grandes lignes de cet institut, son financement. On vous avait aussi demandé vos avis et appréciations à transmettre au bureau qui va les étudier et les évaluer pour les insérer dans le processus. Nous ne cherchons ni à promouvoir quelqu’un ni à combattre un autre, nous ne cherchons que ce qui serait le mieux pour le pays et ce que les Assises pourraient apporter au bénéfice du Sénégal ».

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