MODIFICATION DE L’ITINÉRAIRE DE LA MARCHE DE L’OPPOSITION SUR LA BASE DE L’ARRÊTÉ D’OUSMANE NGOM LA SOCIETE CIVILE SE DEMARQUE DU PREFET DE DAKAR

14 - Octobre - 2016

La décision du préfet du département de Dakar, de modifier l’itinéraire de la marche du front Manko Wattu Sénégaal prévue pour cet après-midi en se basant sur un arrêté du ministre de l’Intérieur n’enchante pas des activistes de la société civile sénégalaise. Interpellés par Sud quotidien hier, jeudi 13 octobre, sur cette décision de l’autorité, Aboubacry Mbodj secrétaire général de la Rencontre africaine des droits de l’homme (Raddho) a déclaré que c’est un «faux fuyant pour le préfet de se référer derrière un tel arrêté». Abondant dans le même sens, Me Assane Dioma Ndiaye, président de La Ligue sénégalaise des droits de L’homme (Lsdh) s’est dit même «surpris par la réaction de l’autorité préfectorale qui veut faire de l’arrêté pris par un ministre de l’Intérieur d’alors une jurisprudence. «Je pense que l’arrêté d’Ousmane Ngom est juste un moyen, je dirais même un prétexte pour interdire la marche de l’opposition», a conclu pour sa part, Boubacar Ba, président du Forum du Justiciable.

ABOUBACRY MBODJ, SECRÉTAIRE GÉNÉRAL DE LA RADDHO : «Je pense que c’est un faux fuyant...»

Nous dénonçons vigoureusement toute forme de restriction des libertés et à vouloir imposer aux personnes qui veulent manifester un arrêté qui ne tient pas la route. Cet arrêté a été pris par un ancien ministre de l’Intérieur qui n’est plus au gouvernement. Je pense que c’est un faux fuyant pour le préfet de se référer à un tel arrêté. La liberté de manifestation est garantie par la Constitution mais nous avons constaté que, depuis 2012 après la seconde alternance politique, la récurrence de l’interdiction de la manifestation pacifique. Nous même de la société civile, nous avons été victimes de ces interdictions intempestives, ce qui est un recul pour notre démocratie. Je pense que le préfet devrait discuter avec les organisateurs de cette marche et prendre toutes les dispositions pour encadrer cette manifestation. Pour nous, il est inacceptable que l’on nous dise qu’il y a certains lieux qui sont réservés aux manifestations et d’autres qui ne le sont pas. C’est un précédent dangereux à la démocratie et à la défense des libertés fondamentales.

Nous regrettons cette réponse du préfet parce que la plupart des interdictions des manifestations dont les déclarations ont été dûment déposées n’ont pas été motivées. Cette situation montre que le préfet utilise des arguments fallacieux pour contraindre les gens à renoncer à leur liberté fondamentale. Je comprends bien l’attitude de l’opposition et une frange de la société civile qui refuse qu’on leur impose un itinéraire, tout devrait se faire dans l’esprit de la négociation. Mais, le fait de brandir un arrêté déjà ne fait que crisper davantage les initiateurs de cette marche parce que ce n’est pas la première fois que l’on interdit une manifestation. Toutes les conditions sont réunies par rapport à l’itinéraire retenu par les organisateurs de cette marche. Et c’est une surprise que l’actuel régime se fonde sur un arrêté aussi fallacieux que celui signé par Ousmane Ngom dont on sait aujourd’hui les comportements et attitudes vis-à-vis du peuple sénégalais. Nous dénonçons cette décision du préfet qui va dans le sens de renforcement de la restriction des libertés fondamentales garanties par notre Constitution.

BOUBACAR BA, PRÉSIDENT DU FORUM DU JUSTICIABLE : «L’arrêté d’Ousmane Ngom est juste un prétexte pour interdire la marche»

Je pense que l’arrêté d’Ousmane Ngom est juste un moyen, je dirais même un prétexte pour interdire la marche de l’opposition. Parce qu’un arrêté ne peut pas être au-dessus de la Constitution qui prévoit et définit la marche. Et, cette Constitution est au dessus de l’arrêté. Le préfet ne doit pas brandir comme argument cet arrêté d’Ousmane Ngom pour interdire la marche de l’opposition. Je ne cesserais jamais de le dire, nous sommes face à un régime qui interdit systématiquement toutes les manifestations et c’est très grave. Récemment, la société civile notamment Amnesty, la Ligue sénégalaise des droits humains, le Forum du justiciable et d’autres segments de la société civile avaient initié un rassemblement pacifique pour dénoncer les mauvaises conditions de vie des détenus de Rebeuss mais le gouvernement s’y est opposé farouchement. Donc, aujourd’hui si on nous dit qu’il y a un arrêté qui interdit l‘accès au niveau du ministère de l’Intérieur, je dirais que ce n’est pas un argument de taille parce que la marche est prévue par la Constitution qui est au-dessus de l’arrêté de l’ex-ministre de l’Intérieur.

Il appartient aux organisateur d’une marche pacifique de voir quel itinéraire les arrange parce que cela y va de leur crédibilité. Peut-être ils vont se dire que si nous empruntons tel ou tel itinéraire, à partir de ce moment on pourra avoir gain de cause et que notre cause sera bien entendue. Mais faire une marche avec un itinéraire où ils pensent que leur cause ne sera pas entendue ou qu’ils draineront moins de monde ou encore leur message ne va passer, je pense que cela n’a pas de sens. En plus, je pense qu’on a aujourd’hui un effectif de forces de l’ordre assez suffisant pour encadrer une quelconque marche. À mon avis, même une marche vers le Palais de la République peut être encadrée. Il suffit juste de mettre les moyens et les gens feront leur marche tranquillement et rentreront chez eux. Maintenant, brandir un arrêté pour dire qu’il y a un arrêté Ousmane Ngom qui vous interdise de manifester, je pense que c’est juste pour semer le désordre et passer par là pour interdire la marche.

ME ASSANE DIOMA NDIAYE, PRÉSIDENT DE LA LIGUE SÉNÉGALAISE DES DROITS DE L’HOMME (LSDH) : «C’est irrecevable de dire que l’arrêté du ministre de l’Intérieur fait jurisprudence»

Je suis surpris par le fait qu’on brandit un arrêté pris par un ministre de l’Intérieur d’alors pour en faire une jurisprudence. Je pense que chaque décision administrative répond à une circonstance et à une appréciation donnée. Je me rappelle qu’en 2011, à la veille de la présidentielle de 2012, on nous avait parlé d’une interdiction formelle de manifestation au niveau du Plateau. Mais, cela avait été démonté à l’espèce et je me rappel que Sidy Lamine Niass avait même convoqué une manifestation à la place de l’indépendance qui a été finalement encadrée par les forces de l’ordre. À l’époque, nous avions clairement dit que la Constitution ne précise pas sur quel endroit, il doit y avoir des manifestations ou pas.

On ne devait jamais interdire une manifestation parce que l’autorité administrative a tout simplement la prérogative d’encadrer dès lors qu’elle reçoit une information sur la tenue d’une marche à tel endroit et à telle heure. Maintenant, il reste que nous ne sommes pas contre qu’il y ait discussion sur l’itinéraire de la marche entre l’administration et les organisations d’une manifestation en vue d’un meilleur encadrement. J’aurais beaucoup aimé que le préfet, en fonction de l’encadrement et de l’ampleur que pourrait avoir cette marche, se contente à proposer un itinéraire qui puisse permettre aux forces de l’ordre de mieux encadrer cette marche. Mais dire qu’il y’a un arrêté qui avait été pris par un ministre de l’Intérieur et que cet acte fait jurisprudence, de mon point de vue, c’est irrecevable.

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