Moustapha KASSE, doyen honoraire de la Faseg sur l’émergence économique «L’ETAT ET LE SECTEUR PRIVE DOIVENT FORMER UN BINOME...»
La Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes) a organisé hier, lundi 28 janvier un atelier de partage sur le thème « Patriotisme et émergence économique ». Dans sa communication le professeur Moustapha Kassé, doyen honoraire de la Faculté des sciences économiques, qui procédait en même temps à la présentation de son dernier ouvrage intitulé « Le secteur privé, jambe faible de l’émergence entre entreprenants et entrepreneurs », soutient que pour arriver à l’émergence économique, l’Etat et le secteur privé doivent former un binôme dans lequel le secteur privé aura une très grande part.
«Le secteur privé participe à la création de richesses, d’emplois et également au bien-être des populations. A partir de ce moment, si l’Etat se propose de mettre en place des politiques sectorielles qui permettent d’arriver à une croissance au taux le plus élevé possible en vue de distribuer plus de revenus aux populations, il va s’en dire que les deux institutions doivent aller ensemble, c’est-à-dire que l’Etat et le secteur privé doivent former un binôme dans lequel le secteur privé aura une très grande part particulièrement dans les investissements ». C’est la conviction du professeur Moustapha Kassé, doyen honoraire de la Faculté des Sciences économiques de l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Il s’exprimait hier, lundi 28 janvier, lors d’un atelier de partage sur le thème « Patriotisme et émergence économique », organisé par la Confédération nationale des employeurs du Sénégal (Cnes).
Selon lui, pour atteindre l’émergence économique, il est nécessaire que le secteur privé soit associé dans tous les processus de décision et qu’on mette en place des institutions de promotion de renforcement d’appui de soutien au secteur privé. « Dans mon ouvrage, j’ai parcouru toutes les expériences qui ont été développées dans le monde et particulièrement en Afrique pour promouvoir le secteur privé. Même les Etats Unis sur certains aspects renforcent leurs Pme-Pmi. Vous avez l’Afro business qui est une institution de promotion de l’entreprise privée. En Allemagne, c’est la même chose. Vous avez au Japon exactement les mêmes techniques. Si on dit qu’au niveau mondial ; les Pme-Pmi sont les cendrillons de l’économie, il faudrait mettre en place des institutions qui puissent les promouvoir. Ces institutions peuvent être des institutions d’encadrement et d’appui. Par exemple des subventions, des agréments fiscaux etc», a-t-il laissé entendre.
«IL Y A TROP DE DISPOSITIFS D’APPUI AU SECTEUR PRIVE»
Même s’il reconnait que des efforts ont été faits dans ce sens, l’économiste trouve qu’il y a trop de dispositifs d’appui au secteur privé qui ne sont même pas connus par le secteur privé lui-même. Parlant du patriotisme économique, c’est à dire la possibilité de défendre son économie nationale, le professeur Kassé soutient : « Le patriotisme économique est composé de deux aspects. Dans l’aspect défensif, on essaye de faire en sorte qu’on sécurise son secteur privé par des législations et des règlements bien précis. Cela peut être un patriotisme plus offensif : en ce moment, on prépare l’entreprise à prendre des parts de marché à l’extérieur. Autrement dit, nous ne pouvons pas sous prétexte de répondre à des standards internationaux qui sont imaginaires, nous priver de faire comme tout le monde. Il y a des pratiques nationales. Je crois à ces pratiques nationales. Partons de notre petit Sénégal. Essayons de voir comment nous pouvons faire en sorte de promouvoir nos propres biens nationaux ». Suivant toujours le professeur Kassé, il existe des distorsions trop grandes entre nos capacités de production et nos capacités de consommation. « On importe presque plus de 22% et on exporte que plus de 12%. Cela veut dire que notre pays travaille pour l’extérieur. Or le patriotisme économique devrait nous permettre un partage équitable des revenus », a-t-il conclu.