NAUFRAGE DU BAC

06 - Juillet - 2017

Une fuite à grande échelle du baccalauréat 2017 pour les candidats des séries littéraires. Du moins pour le moment car les séries scientifiques ne sont pas concernées. Seules celles des littéraires sont touchées. Les épreuves dominantes des littéraires, notamment l’histoire et la géographie, le français ont été finalement annulées pour fuite. La reprise est prévue pour le lundi 10 juillet à partir de 8 heures.

Pas d’épreuves de remplacement pour déjouer toutes suspicions de fuites du Baccalauréat 2017. C’est tout un système qui a pris de l’eau étant entendu que les fuites enregistrées concernent les matières dominantes des candidats de séries littéraires. Après la philosophie, les épreuves de français et d’histoire et géographie (HG) qui ont été sur place publique avant le démarrage officiel des examens. Les réseaux sociaux, comme nous vous l’indiquions en annonçant les fuites d’anticipées de philosophie, sont passés par là. Via WhatsApp, une fuite à l’échelle presque nationale a été organisée. Cette situation jugée inadmissible et injustifiable par le directeur de l’Office du bac. « Nous avons décidé d’annuler l’épreuve de français des séries L qui devait se dérouler ce matin (hier, Ndlr). Il en sera de même pour l’épreuve d’histoire et de géographie : deux candidats ont été surpris avec l’épreuve avant qu’elle ne soit distribuée », précise Babou Diakham face à la presse au siège du ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche.

Pour sauver la face d’un examen dont les résultats sont déjà remis en cause, l’Office du bac a décidé de reprogrammer les épreuves concernées lundi prochain 10 juillet à partir de 8 heures. «Les inspecteurs généraux de l’éducation et de la formation des disciplines concernées s’y attèlent pour un bon déroulement de cette épreuve de remplacement», a fait savoir Babou Diakham.

Cette situation intenable appelle les autorités en charge de l’Enseignement supérieur et de la Recherche de situer les responsabilités. C’est une enquête administrative et judiciaire que les services de Mary Teuw Niane ont décidé d’enclencher, en raison de la rupture d’égalité entre candidats, pour connaitre les conditions d’une mise à disposition des épreuves avant démarrage officiel. «Les fuites font partie de l’organisation des évaluations, c’est ce qui explique toutes les garanties autour du choix des sujets», estime Babou Diakham.

Le département ministériel dirigé par Mary Teuw Niane n’a pas encore annoncé une plainte comme ce fut le cas lors des fuites constatées sur les épreuves de philosophie. Toujours est-il que des voix s’élèvent pour exiger la reprise de la session 2017 du Baccalauréat. Depuis les épreuves anticipées, les syndicats d’enseignants continuent de monter au créneau pour appuyer cette hypothèse du report devant maintenir, disent-ils, la crédibilité du premier diplôme universitaire. C’est le cas du secrétaire général du Syndicat autonome des enseignants du moyen secondaire du Sénégal (Saemss-Cusems), Saourou Sène, qui souhaite la reprise du bac 2017 et aller vers une enquête pour situer la responsabilité de ces fuites tous azimuts.

Du côté de la société civile, c’est une déception totale compte tenue de l’accalmie qui a prévalu durant cette année académique. La Coalition des organisations en synergie pour la défense de l’éducation publique (Cosydep) estime que les autorités n’ont pas tiré tous les enseignements nécessaires concernant l’affaire des 690 élèves-maitres, l’épreuve de mathématiques du dernier concours général et la fuite sur les épreuves de philosophie.

«Les anticipées ont été un alerte que les autorités n’ont pas pris au sérieux en allant porter une plainte contre X, alors qu’elles devaient accorder une oreille attentive aux acteurs», souligne Cheikh Mbow de la Cosydep. Face à cette situation, la Cosydep préconise l’ouverture d’une enquête sérieuse, car considérant Babou Diakham comme un maillon d’une chaine. «Nous sommes pour une annulation du Bac pour ces enfants qui ont subi une inéquité. Nous prônons une révision du système d’évaluation pour une éducation de qualité», a relevé Cheikh Mbow.

Les candidats à Immaculée conception ratent les épreuves de mathématiques

L’annulation des épreuves du français par le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche a fait des dégâts collatéraux sur le déroulement des sujets prévus dans l’après-midi. Alors que les candidats des séries littéraires étaient appelés à travailler sur les mathématiques, plus de 300 potaches venus de différentes écoles n’ont pas pu composer à l’immaculée conception. Les élèves ont eu la surprise de voir les portes de l’école fermées.

«Il n’y avait personne là-bas. Ni le président du jury, ni les surveillants», nous a fait savoir un parent d’élèves. Dans un désarroi total, les potaches ont fait appel à leurs parents qui ont décidé à leur tour, de saisir un huissier qui a effectué le déplacement pour constat.

MBOUR : Entre perturbations et reprise des épreuves

Le déroulement des épreuves du Bac 2017 a connu des perturbations. En effet, les épreuves de Français et d’Histo-géo ont été entachées pour de fuites. Les candidats des différents centres d’examen du Bac 2017 se soucient de la continuation de la conquête du premier diplôme universitaire. Hier, matin (mercredi 5 juillet), alors que tout semblait bien se passer, des candidats commençant à trimer et à décortiquer les épreuves de français sont avertis d’arrêter de composer dans la langue de Molière. Les commentaires fusent de partout et viennent confirmer, les fuites dans les épreuves dans les réseaux sociaux.
Les candidats interrogés s’attendent au pire et pensent être sacrifiés à l’autel de la négligence et de l’irresponsabilité après tant d’efforts fournis au prix de mille privations. Des parents d’élèves n’en croient pas à leurs oreilles et leurs yeux avec la constance des faits.
Si d’aucuns sont prompts à politiser la tournure des événements après une année scolaire calme et apaisée, une chose non enregistrée depuis une décennie, d’autres pensent les choses comme des défaillances des personnes chargées de piloter l’organisation du bac.
La reprise des épreuves ciblées est attendue avec amertume. La présence des forces de sécurité dans les centres d’examen a dissuadé les probables fauteurs de trouble en réaction aux fuites. Ainsi, le déroulement des épreuves a pu reprendre correctement dans l’après-midi.

Entre frustrations et désolations

Les fuites des épreuves de français et d’histoire et de géographie ont fini par installer un sentiment de frustrations et de désolations chez les candidats.

Le lycée Maurice Mixte Delafosse présente un environnement calme hier, mercredi 5 juillet. Il est 11 heures dans cet établissement où règne désormais un sentiment de tristesse et de désolation pour les candidats tentant de décrocher le premier sésame universitaire.
Un groupuscule d’élèves par ci et par là. Les sujets de discussions ne portent pas sur le fonds de l’épreuve de français soumis à leur réflexion. Loin de convoquer les grands auteurs qui ont marqué la littérature africaine, européenne et autres, pour étayer leurs argumentaires. Ici, et d’ailleurs partout au Sénégal, ça tourne autour de cette fuite des épreuves de français et d’histoire et de géographie du Bac 2017. Et c’est dommage pour cette jeune candidate qui avait fini de traiter le sujet soumis à sa réflexion chez elle.

«Je suis frustrée car j’avais fini de traiter l’épreuve la veille chez moi », nous fait savoir Aminata. C’est le cas aussi Moussa, élève en classe de terminale L2, qui avait la correction de l’épreuve en poche. « Cela n’arrange pas mes affaires. Nous avons reçu le sujet vers 2 heures du matin sur lequel nous avons travaillé jusqu’à 5h du matin dans ma chambre».

Pendant que certains élèves faisaient la nuit blanche pour la correction des sujets, d’autres étaient déjà plongés dans les bras de Morphée en attendant une journée encore longue pour cogiter sur les épreuves. C’est le cas de Oumar qui se dit «frustré quand les surveillants ont décidé de reprendre nos feuilles à cause des fuites au niveau de l’épreuve de français. C’était vers 8h 48».

«Je ne savais pas que ces sujets avaient fuité. C’est après que des camarades m’ont appelé pour me dire que ces épreuves étaient disponibles et ils les ont traités la veille vers 2h du matin chez eux», confie-t-il d’un ton décevant.
Au collège notre Dame du Liban de Grand Yoff, c’est aussi un sentiment de désolation qui prévaut. La candidate Aminata Ndiaye se dit «outrée» par ces fuites, car ayant mobilisé toutes ses énergies pour le Bac.
«Tout ce que j’ai appris revient à zéro. C’est très dur !» se désole-t-elle.

ZIGUINCHOR : Candidats et parents d’élèves prônent pour la reprise de toutes les épreuves

Surpris, déçus, abattus tels sont les sentiments de certains candidats du bac rencontrés dans les centres juste à l’annonce de l’annulation des épreuves de français du baccalauréat hier, mercredi 5 juillet. Ils sont nombreux ces candidats qui réclament la reprise de cet examen.

L’un d’eux, El Hadji Abdou Coly témoigne : «je suis très déçu de vivre cette situation après avoir travaillé pendant neuf mois. Avec ces histoires de fuites, on risque d’être discrédité au niveau international. Je suis vraiment très déçu. On veut avoir le bac dans la dignité (…)» Son autre camarade, Aboul Léon Dième de renchérir, «il faut reprendre cette session du bac car dans toutes les épreuves, il y’a des fuites et ce n’est pas normal que certains disposent des épreuves avant et que nous autres qu’on soit pénalisé (…)» L’office du bac au banc des accusés

L’office du baccalauréat organisatrice de cet examen est indexée par la plupart des candidats qui chargent cette institution. «Le seul responsable de cette situation c’est l’office du bac qui doit assumer toutes ses responsabilités … », peste un candidat. Même symphonie du côté des parents d’élèves qui prônent pour l’annulation des épreuves et la reprise du bac le plus tôt possible.

Madame Fall est d’avis «qu’il ne sert plus à rien de continuer cet examen. Je suis vraiment déçue. J’ai mes deux enfants qui passent cet examen, certes ils sont dans les séries scientifiques mais à ce rythme d’ampleur de fuites constatées dans certaines épreuves dans les séries littéraires, il n’est pas exclu que ces mêmes fuites entachent les séries S (...) C’est la crédibilité du diplôme même qui risque d’accuser un sérieux coup et c’est regrettable (…)», lance avec amertume la dame qui exige que toute la lumière soit faite sur cette affaire de fuite dans les épreuves.

Et pendant que certains candidats s’insurgeaient contre ces fuites qui ont abouti à l’annulation de l’épreuve de français, d’autres s’indignent également des soupçons de fuite agités dans l’épreuve de mathématiques de l’après-midi. De quoi exacerber la déception chez certains syndicalistes qui rejoignent certains candidats et parents d’élèves dans l’idée d’une reprise de cet examen du Baccalauréat cette année.

Et c’est dans ce contexte de fuite que les candidats à cet examen du bac, près de 14.308 dans la région de Ziguinchor ont rejoint les salles d’examen dans l’après-midi pour poursuivre leur examen sur fond de menace de pluie à Ziguinchor.

SAINT-LOUIS : Ndar crie au «scandale»

La tristesse, la honte, le regret, bref ce sont donc là autant de qualificatifs qu’utilisent présentement les populations saint-louisiennes au regard de ce qui se passe dans le déroulement de l’examen du BAC de cette année. Les fuites, un phénomène qui défraie la chronique dans la région Nord à l’instar aussi des autres localités du pays.

Partout l’on débat du même sujet à savoir les fuites répétitives des épreuves du Baccalauréat 2017. Un examen qui risque d’être hypothéqué et ce sont les candidats qui en payeront les pots cassés. A St-Louis, ils sont en tout 10.983 candidats dans l’Académie dont 5550 filles répartis dans 44 centres d’examens et 38 jurys que comptent les trois départements (St-Louis, Dagana et Podor). Scandaleux, dira Cheikh Tidiane Hanne, un enseignant copté pour la surveillance et la correction de cet examen du Bac. Le syndicaliste membre du SELS se dit «peiné» par cette situation.

«On avait pourtant sonné l’alerte depuis le concours général où on avait décelé une fuite. Et cela s’est répété lors du déroulement de l’épreuve des anticipées de philosophie», a déclaré Cheikh Tidiane Hanne.

Hélas cette alerte n’a pas été selon lui prise en compte par le ministre de l’enseignement et de la recherche qui avait même menacé de porter plainte pour diffusion de «fausses nouvelles».

«Aujourd’hui l’histoire nous a donné raison », poursuit toujours le syndicaliste. Toutefois, il n’est pas le seul à se sentir peiné par cette situation. Gamby Diagne, un journaliste et spécialiste de l’éducation estime que c’est le tout le système d’évaluation qui pose problème au Sénégal.

«Le problème ne concerne pas seulement le contenu, le fond et la forme mais aussi la sécurisation et l’administration des épreuves d’évaluation », dira Gamby Diagne. Selon lui cette situation des fuites par rapport aux épreuves du Bac renseigne de la maladie de tout un système avec ses hommes. Ce qui pousse Cheikh Tidiane Hanne à inviter l’Etat notamment le ministère de l’enseignement supérieur à prendre des mesures conservatoires consistant à la suppression de l’Office du Bac.

Il a proposé la mise en place d’une commission spéciale qui se chargera de l’organisation du Bac afin que toutes les épreuves soient reprises. Cela permettra selon lui de pouvoir ouvrir une enquête minutieuse pour mettre la main sur les véritables auteurs de ces fuites sur les épreuves du Bac 2017. Une situation qui inquiète les élèves, les enseignants et même les parents d’élèves dans la capitale du Nord.

DIOURBEL : Des candidats plaident pour la reprise des épreuves

Les candidats de Diourbel ont pour la plupart, demandé à l’office du baccalauréat de reprendre toutes les épreuves pour mériter leurs diplômes. Ces candidats très déçus de ces fuites déclarent avoir vu des élèves recopier le sujet déjà traité en classe. Ce qui atteste selon eux de l’existence d’une fuite.

La déception est le sentiment le mieux partagé au niveau des différents candidats au baccalauréat général rencontrés après l’annulation de l’épreuve de français. Elimane Ndiaye, un candidat au niveau du centre du lycée de Bambey Sérère dans le département de Bambey explique : «on est très déçu de ce système éducatif. Ce que je veux est qu’on refasse les épreuves. Il y a des camarades de classe qui détenaient devers eux le sujet de français. C’est regrettable ! Nous devons mériter les notes que nous obtenons au baccalauréat». Et son camarade de classe Ibra Diop Niane, abonde dans le même sens : «Nous souhaitons que les épreuves soient reprises puisqu’il y avait une fuite dans l’épreuve de philosophie. Il y a des élèves qui avaient déjà les épreuves. Il y avait des fuites sur toutes les épreuves. Lorsqu’on a débuté les épreuves, il y a des camarades qui ont sorti des feuilles pour recopier e sujet qui avait été déjà traité. Ce qui signifie qu’ils s’étaient déjà préparés. Nous dénonçons cet état de fait».

L ‘ancien Principal de collège Badou Gaye, par ailleurs, parent d’élève dans la commune de Diourbel, estime que le Ministre de l’enseignement supérieur et de la recherche, le Directeur de l’office du baccalauréat, avaient minimisé la fuite sur les épreuves de philosophie. «Moi même j’avais échos qu’il y avait une fuite sur la LV 1 Langue vivante 1. L’après-midi, la fuite en histoire et géographie s’est confirmée, ce matin (hier, Ndlr) en français et l’après-midi les mathématiques étaient dans le même paquet», confie-t-elle. Et d’ajouter «tant que le gouvernement continuera à confier aux politiciens des secteurs aussi fondamentaux que la santé, l’éducation et l’enseignement supérieur, nous ne finirons jamais de connaitre ces déboires puisqu’ils sont plus préoccupés par le clientélisme politique que l’avenir des enfants». Il a rappelé le cas des 690 élèves-maitres pris en flagrant délit de triche. Mais le «scandale» du concours général avec la négligence dont un professeur avait fait montre, sans être sanctionné.

KOLDA : Le Fouladou dans la danse

Ils sont nombreux les candidats ayant reçu, la veille, les épreuves de français à Kolda. Un tour avec les profs de français, a permis de mesurer l’ampleur. En effet, le premier réflexe de candidat ayant l’épreuve est de contacter un prof.
Kolda aussi a eu son lot de candidats ayant reçu les épreuves de Français, la veille. Et plusieurs profs de lettres ont reconnu avoir eu à expliquer les sujets à certains élèves, à travers le canal des Tic. Les candidats les plus futés ont même eu à faire un travail de groupe durant la nuit sur le sujet, explique une candidate : «nous avons reçu le sujet et traité en groupe de travail. Nous n’étions pas très certains que c’était l’épreuve, mais nous avons quand même travaillé sur ça. » Du côté des responsables de l’académie, on préfère insisté sur la parfaite organisation matérielle, aucun téléphone en salle et la présence effective des surveillant en nombre, en plus la clémence du temps depuis le début de la météo.
Les réactions sont unanimes sur la légèreté des responsables de l’office du BAC et certains enseignants demandent simplement la démission de Babou Diakhame pour permettre une enquête plus rapide.

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