Parrainage: Les masques tombent

07 - Septembre - 2018

Cette ‘’mini campagne’’ sur le parrainage est en train de faire tomber les masques. Contrairement aux campagnes électorales classiques, ceux qui optent pour tel ou tel autre candidat potentiel devront le faire au grand jour. Ici, il n’y a pas d’isoloir. Le propre du parrainage, c’est justement de dévoiler l’identité de la personne qui devra apposer sa signature sur le fichier du candidat qu’il aura choisi.
Bien sûr, c’est une entorse au secret du vote. Mais que voulez-vous ? La loi, c’est la loi et il faudra bien s’y conformer.
Cependant, nous ne pouvons pas manquer de faire remarquer qu’à la place d’une campagne électorale, on aura droit à un lobbying intense à tous les niveaux de la part de certains pour être dans les bonnes grâces du pouvoir, là où ils attendent les gros moyens et les opportunités.
Déjà, le CNRA en épinglant certains organes de presse, dénoncent une ‘’propagande’’ à la place d’un traitement équitable de l’information.
Bien entendu, les médias, dans ce contexte, courent le risque d’être complices de manœuvres, aussi bien de la part des politiques que de parrains qui ont vraiment intérêt à se faire remarquer.
On l’a vu du côté des artistes et autres personnalités. Chacun fait sa sortie pour montrer qu’il parraine untel et d’autres pour dire qu’ils vont atteindre telle ou telle autre barre.
Et dans cette dynamique politique toute nouvelle pour le Sénégal, c’est l’opposition qui risque d’en pâtir. Car, a contrario, ceux qui détiennent des parcelles de pouvoir et de capacités financières rechigneront à choisir de défier le pouvoir en place.
Ils en seront ainsi de tous ceux qui sont dans l’administration surtout dans le commandement ou les services de sécurité et de défense.
Ce que nous voulons dire par là, c’est qu’il est chimérique de croire que c’est l’exercice libre du jeu démocratique. Les mêmes raisons pour lesquelles l’isoloir a été créé vont réapparaitre dans le parrainage pour fausser le jeu démocratique.
Dans de nombreuses contrées par exemple, les cartes d’identité qui font office de cartes d’électeurs des citoyens sont ramassées par des autorités qui comptent beaucoup dans leurs zones au profit de candidats. Certains le font monnayant des sommes d’argent, d’autres des promesses et autres avantages agités sans oublier les menaces à peine voilées.
A côté d’eux, subsistent ceux qui veulent dare-dare montrer au régime qu’ils sont de son côté en organisant des cérémonies de signature riches en couleur et en conviant même la presse.
Un appel certain du pied à d’autres qui pourraient suivre au risque que leur silence ne soit interprété comme un désir de parrainer l’opposition.
Le parrainage apparait ainsi comme une sorte de primaire pour la présidentielle à venir en créant les conditions de la ‘’victoire’’ théorique d’un candidat sur un autre.
Reste maintenant à se demander si tous ceux qui vous parrainent vont voter pour vous. Là aussi, subsiste une incertitude sur laquelle, il convient d’être prudent.
Le parrainage n’est pas le vote et le report des voix n’est pas forcément automatique. C’est pourquoi, après cette opération, l’organisation et la tenue d’une campagne électorale digne de ce nom sont vitales pour tout candidat qui sera admis.
C’est dire que le pouvoir qui semble être avantagé dans cette opération pour des raisons que nous avons évoquées plus haut, gagnerait à savoir rasion garder et éviter de verser dans une trop grande autosatisfaction.
La versatilité et l’insaisissabilité de l’électeur sénégalais sont des réalités avec lesquelles il faudra compter.
C’est pourquoi, quels que soient les ’’dégâts’’ causés par l’organisation de ce parrainage, le vote viendra corriger les anomalies et rétablir l’égalité ainsi rompue entre candidats.

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