Parrainage : pourquoi Macky réduit ses adversaires au premier tour

22 - Mars - 2018

La généralisation du parrainage pour la candidature à la présidentielle aura pour effet immédiat de réduire les candidats au premier tour de la présidentielle.
Ce faisant, les candidatures plurielles de l’opposition, possibilité théorisée par Idrissa Seck, ne sera pas de mise. L’opposition devra resserrer les rangs et faire d’inévitables choix au risque d’entrer dans une forme de confrontation.

Les candidatures indépendantes seront presqu’inexistantes, compte tenu de leur faible maillage au plan national.
Macky, en réduisant les candidatures au premier tour, tente de maximaliser ses chances en comptant notamment sur la dispersion de l’opposition et sur l’aversion de la société civile à compter sur les hommes politiques.

Ainsi, face à une telle situation, l’électorat va davantage hésiter. Il pourrait dès lors plus facilement miser sur le candidat de Benno Bokk Yakaar du fait de l’unité de cette coalition, des moyens de l’État mis en œuvre et autres avantages à exercer le pouvoir.

Macky tente ainsi la manœuvre d’anticiper le second tour en faisant du premier, une élection à peu de candidats capables de lui faire face.

En conséquence, comme il part favori au premier tour, il va mettre le turbo pour passer et éviter le second tant redouté.

Si l’opposition n’arrive pas à parler le même langage, comme c’est le cas actuellement, si la société civile est indécise et à des pudeurs de se ranger derrière un candidat issu d’un parti politique, le taux d’abstention pourrait être assez important. Et cela aura aussi pour conséquence de favoriser le candidat au pouvoir.

Certes, le parrainage aura pour avantage de supprimer les candidatures fantaisistes, mais son inconvénient est de limiter le choix des électeurs au premier tour et de rendre l’élection moins disputée, donc moins passionnante. Car ceux qui rêvaient de voir leur candidat se positionner vont déchanter et aurait du mal à s’intéresser encore au jeu électoral.

Pis, avec Khalifa Sall qui pourrait être disqualifié par une possible condamnation, et Karim Wade dont le retour et la candidature sont sujets à caution, Macky préfère affronter Idrissa Seck, l’un des rares candidats qui se positionne actuellement, au premier tour et espère ainsi l’écarter par une majorité.

Le parrainage est ainsi une forme de primaire imposée à de potentiels candidats qui auront du mal, face à la désorganisation qui sévit dans l’acquisition des cartes d’identité biométriques, à se faire accepter et vont courir de ce fait le risque de voir leurs candidatures invalidées.

Une partie de l’opposition a écarté cette réforme, partant du fait que certains électeurs ont leurs cartes sans pour autant figurer sur les listes électorales. En conséquence, les inscrire comme parrains serait courir le risque de voir leurs noms rejetés.

Autant d’appréhensions et bien d’autres qui font que la polémique sur le futur scrutin ne fera qu’augmenter dans les prochaines semaines. Car, les règles du jeu ont été changées d’une façon unilatérale par l’un des candidats, fut-il Président de la République, sans qu’aucun consensus n’ait été obtenu. Même l’opposition la moins radicale et les partis dits non-alignés qui avaient participé aux concertations nationales, n’ont pas accepté ce principe du parrainage.

Reste maintenant à savoir si le pouvoir est enclin à revoir sa position ou, au pire, à l’adoucir pour permettre que les acteurs politiques et la société civile soient tous d’accord sur les règles du jeu électoral.

Déjà, la caution de 65 millions est assez dissuasive pour ne pas permettre à n’importe qui de tenter l’aventure électorale. Si l’on doit y adjoindre le parrainage, il faudra compter sur peu de candidats capables de respecter ces règles du jeu.

C’est pourquoi, face à une telle caution, l’argument de la multiplicité des candidatures et des frais énormes subséquents ne saurait prospérer.
Manifestement, Macky et ses ouailles font les calculs nécessaires pour maximaliser leurs chances de gagner dès le premier tour. Car, ce qu’ils redoutent le plus, c’est le second tour.

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