PENURIE DE RIZ BRISE IMPORTE L’UNACOIS ET LES CONSOMMATEURS DENONCENT, L’ETAT S’EXPLIQUE

09 - Novembre - 2016

PENURIE DE RIZ BRISE IMPORTE L’UNACOIS ET LES CONSOMMATEURS DENONCENT, L’ETAT S’EXPLIQUE

Depuis quelques jours, on note, au niveau des marchés de la capitale sénégalaise, une pénurie de riz brisé importé. Une situation que les commerçants et les consommateurs n’ont pas manqué de décrier. Selon eux, le gouvernement a pris la mesure de geler les importations de riz pour imposer le riz local aux populations. Pour Momath Cissé, vice-président de l’Association des consommateurs du Sénégal (Ascosen), cette situation est anormale. Ainsi, il demande aux autorités de trouver des solutions à ce problème le plus rapidement possible. De son côté, Issa Wade, chef de la Division de la consommation et de la sécurité des consommateurs du ministère du Commerce précise qu’il n’y a pas de pénurie de riz, mais d’une régulation du marché. Car, à l’en croire, le marché est très bien approvisionné en riz local.

MOMATH CISSE, VICE -PRESIDENT DE L’ASCOSEN : «Nous déplorons cette pénurie et l’Etat doit y remédier le plus rapidement»

«En tant que défenseurs des consommateurs, nous déplorons cette pénurie de riz importé notée au niveau des marchés de Dakar. Et nous demandons à ce que l’Etat y remédie le plus rapidement possible. On pouvait s’y attendre parce que, pour la protection du riz local, je crois qu’on aurait pu, comme l’a dit le chef de l’Etat, faire une campagne de sensibilisation avec les organisations des consommateurs à l’égard des industriels et des consommateurs sénégalais.

D’ailleurs, il existe trois variétés de riz local. Il y a le cent pour cent brisé qui est très prisé, une autre variété intermédiaire où dans le sac on retrouve les 40%, les 20% et les 100%. Ce riz normalement doit être refait. Enfin, il y a le riz entier qui n’est pas compétitif. Maintenant, vouloir résoudre un problème technique par une fermeture des frontières, ce n’est pas la bonne méthode. La solution consisterait à aider, par la recherche, pour qu’on trouve un riz compétitif entier et aussi par la recherche, essayer de résoudre le problème technique du riz intermédiaire. Sur le plan mondial, il n’y a pas de riz intermédiaire. Donc nous demandons à ce qu’on ouvre les frontières.

Concernant la promotion du riz local, le chef de l’Etat avait averti en disant qu’il faut tout faire pour éviter une pénurie. Ils n’ont pas à faire la promotion du riz local, mais ils doivent plutôt protéger ce riz local. Il y a une campagne de sensibilisation qu’il faut mener avec les organisations des consommateurs, ce qui n’est pas fait jusqu’à présent. En attendant cela, on ne peut pas supporter une pénurie de riz. On assiste même à une hausse des prix maintenant sur le riz 100% brisé alors que le riz importé est bloqué, ce qui n’est pas normal».

MOUSTAPHA LO, SECRETAIRE CHARGE DE L’INDUSTRIALISATION A L’UNACOIS : «Bloquer les importations ... c’est un abus de pouvoir»

«Le riz importé n’est plus autorisé à entrer dans le pays. Les autorités se sont levées un beau jour et on suspendu l’octroi de Déclaration d’importation préalable de produits alimentaires (Dipa). Nous ne savons pour quelle raison. L’Etat et l’Unacois s’étaient accordés pour une régulation du marché du riz afin de permettre l’écoulement du riz local. Mais bloquer les importations jusqu’à ce qu’il y ait pénurie dans le pays, c’est un abus de pouvoir. L’Unacois ne peut rien faire, c’est la population qui doit réagir. Ce n’est pas de cette manière qu’on doit promouvoir le riz local. Le gouvernement ne peut pas promouvoir le riz local sans l’implication de l’Unacois. Parce que nous sommes partie prenante dans la politique de distribution du riz local. C’est la seule structure qui a pris l’engagement d’acheter toute la production locale. Et depuis lors, il n’y a eu aucune faille. Maintenant, comment peuvent-ils se lever un beau jour pour bloquer les importations ? Au nom de quoi ? Nous le déplorons fermement. C’est une décision unilatérale. Le seul responsable, c’est l’Etat. C’est un tâtonnement qu’ils font. Ce n’est pas professionnel.»

ISSA WADE, CHEF DE LA DIVISION DE LA CONSOMMATION ET DE LA SECURITE DES CONSOMMATEURS : «Il n’y a pas de pénurie de riz, mais une régulation du marché»

«En fait, il n’y a pas de pénurie de riz, mais c’est une régulation qui est faite. On a décidé de faire cette régulation pour permettre au riz local de s’écouler dans les meilleures conditions. Pour un bon approvisionnement du marché en riz local, nous avons tenu compte de la production locale pour pouvoir faire cette régulation. Il y a vraiment une abondance de riz local sur le marché, c’est pourquoi nous avons décidé de suspendre, pour un certain moment, les importations afin de favoriser la production locale. Normalement, d’ici peu de temps, il doit y avoir une évaluation. C’est après qu’on va prendre les décisions qui s’imposent. A l’heure actuelle, on est en train de dérouler cette politique de régulation pour permettre à la production locale de s’écouler convenablement, puisque le riz local est fortement concurrencé par le riz importé.
Je ne crois pas qu’il pourrait y avoir une hausse des prix parce qu’on a fait des simulations et on s’est rendu compte que, pour une période donnée, on peut faire une régulation sans pour autant que le riz présent sur le marché connaisse une hausse. On a fait des études économiques assez pointues sur ce domaine ».

RARETE DE DENREES ALIMENTAIRES : Le riz et le sucre importés face à la consommation locale

Le riz et le sucre importés semblent être en disgrâce sur le marché. Ils sont devenus des denrées rares, au grand dam des commerçants qui pointent du doigt la promotion du consommer local. Un tour d’horizon dans quelques marchés de la capitale, a permis d’avoir un aperçu de la situation en cette période de manque de riz et du sucre importés.

Marché Grand-Dakar de Dakar. Il est presque 11h passées dans ce lieu de rendez-vous des acheteurs et commerçants. Le marché est encore plein de monde et ce malgré l’heure relativement tardive. Le soleil, qui a entamé sa remontée vers le sommet, darde ses rayons. Le visage de certains acheteurs et vendeurs est plein de sueur. Mais cela ne gâche en rien la volonté de faire de bonnes affaires, aussi bien du côté des acheteurs que des vendeurs.

Le riz, aliment de base des Sénégalais depuis des lustres, notamment celui riz importé, se fait de plus en plus rare sur le marché, ainsi que le sucre importé. Ces deux denrées alimentaires utilisées au quotidien par des Sénégalais connaissent une certaine pénurie due, selon certains, à l’action du gouvernement qui promeut la consommation du riz local.

Ablaye Fall, commerçant au marché Grand-Dakar est de ceux-là. «Cette rareté est due à une politique du gouvernement qui cherche à pousser les populations à la consommation du riz local». Et, cela n’arrange en rien le marché car, toujours selon Ablaye, «l’on peut faire le tour de cinq boutiques sans en trouver une seule qui vend le riz local». Donc, cela a forcément une répercussion sur la rentabilité du marché. «La vente du riz et du sucre importés est plus bénéfique. Dés l’instant qu’ils se font rares, cela se ressent sur le marché.»

Madické Diop, commerçant au même marché, vend aussi bien le riz local que le riz importé. Pour ce commerçant d’environ la trentaine, même si le riz importé se fait rare, les prix sont encore fixes. «Le riz importé se fait rare ces temps-ci, mais les prix n’ont pas encore évolué. D’autant plus que tout est encore bloqué par le gouvernement.» A-t-il fini de dire ces mots, que son téléphone sonne: «c’est un client», dit-il. Avant d’ajouter: «cela fait plus de deux jours qu’il m’appelle pour acheter du riz et du sucre importés. Mais, c’est toujours la même réponse au bout du fil, à l’exception du sucre qui peut se faire rare pendant deux ou trois jours».

Moussa est un client venu s’enquérir de la situation. Il tient une boutique dans les alentours. Madické est son fournisseur. «Ces temps-ci, c’est toujours la même chanson. Le riz ainsi que le sucre importé se font rare sur le marché», déplore-t-il avant de rejoindre nos premiers interlocuteurs sur la cause de cette situation. «Le gouvernement est derrière tout ça. Il veut obliger les gens à acheter le riz local.» Alors que, pour lui, cela ne devrait pas être le cas. «Qu’il (le gouvernement) laisse les gens travailler».
Yoro, de son côté, est catégorique. Cette rareté du riz et du sucre importé fait son effet. «Je vends, en majorité du riz importé. Donc, vous comprendrez que cela puisse m’affecter», relève-t-il, indiquant un espace vide, où l’on voit encore des traces de grains de riz. Yoro, ajoute: «j’ai fini mon stock, j’attends toujours d’être ravitaillé, mais la livraison n’arrive toujours pas. Je me focalise alors sur la vente d’autres denrées (pommes de terre, oignons pour ne citer que ceux-là) pour pouvoir m’en sortir, en attendant que la situation évolue».

«A DAKAR, LE RIZ IMPORTE SE VEND BEAUCOUP MIEUX»

Comme au marché Grand-Dakar, le riz importé est aussi au centre de la préoccupation au marché Castor. «Je vendais du riz local bien avant cette pénurie. Mais, sincèrement, cela ne nous arrange pas», explique ce commerçant qui a parlé sous le couvert de l’anonymat. Il ajoute: «partout où vous allez, chez n’importe quel commerçant, ce sera la même réponse. Les gens préfèrent le riz importé au riz local. Et, ce n’est pas une bonne chose pour notre commerce». Notre interlocuteur s’interroge: «Que faire si l’on sait que beaucoup de gens préfèrent les produits importés et que le gouvernement prône le consommer local ?».

Et, comme pour rejoindre l’avis de ce commerçant, ce client venu acheter du sucre se plaint de la situation, bien qu’étant conscient du concept de consommer local. «C’est bien de consommer les produits locaux, mais aussi, on ne peut nous obliger à le faire. On a le droit de choisir ce que l’on consomme».
Un autre commerçant, bien qu’il se garde d’indexer quiconque comme fautif, déplore néanmoins cette rareté du riz importé. «C’est une situation qui nous est défavorable. Car, à Dakar, le riz importé est plus vendu que le riz local. Et étant donné qu’il se fait rare, il nous faut nous rabattre sur la vente du riz et du sucre local, sinon on ne s’en sortira pas.», dit-il avant de se poser une question à son tour sur le consommer local. «Sommes-nous capables de produire assez de riz pour toute la population sénégalaise ?»

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