Persistance de la crise scolaire : ce qui fait froid au dos…

27 - Avril - 2018

Le Sénégal a toujours connu des crises scolaires depuis l’époque de l’ancien président Abdoulaye Wade jusqu’à nos jours. Mais celle que nous vivons présentement offre un visage nouveau du fait du radicalisme des enseignants déterminés à aller jusqu’au bout.

Les efforts consentis sur l’indemnité de logement, portée de 65 mille à 85 mille, n’ont pas refroidi les ardeurs de syndicats que rien ni personne ne semble pouvoir détourner de leur objectif, à savoir une satisfaction de leurs demandes, c’est-à-dire le respect des accords signés avec eux.

La preuve, la médiation du Khalife général des Tidiane, Serigne Mbaye Sy Mansour, n’a pas abouti. La demande formulée envers les enseignants, celle de rejoindre les classes, n’a pas été entendue. On imagine que les Sénégalais vivent une autre époque, celle où l’émergence de la conscience citoyenne transcende certaines pesanteurs d’ordre sociologique et même religieux. Soit, mais le Khalife a, à son niveau, joué sa partition. Et c’est l’essentiel.

Il s’y ajoute que la récente sortie du Ministre de l’Education nationale, Serigne Mbaye Thiam, enjoignant les enseignants à rejoindre les classes, n’a fait qu’en rajouter dans la volonté de ces hommes et femmes à poursuivre le mouvement.

Il nous semble, à l’heure actuelle, que tout a été tenté. Ou presque. Car, il est temps que des solutions drastiques soient trouvées. Les choses ne peuvent pas continuer ainsi. Car, le fait pour le Gouvernement d’annoncer un réaménagement du calendrier scolaire et un prolongement de l‘année scolaire de 15 jours était est perçu comme une annonce de la fin du mouvement. Or, il n’en est rien. Peu de gens ont accepté de mettre fin à la grève. Et c’est ce qui fait peur.

Qui plus est, les Sénégalais assistent, impuissants, à un conflit qui dure depuis plus d’une décennie. Les enseignants sont des intellectuels, respectés, presque vénérés. Malheureusement, ils ont toujours été les dindons de la farce d’une administration qui en a ‘’fabriqués’’ de toutes sortes : On a eu des volontaires, des vacataires, les contractuels, etc. Le système de recrutement, a, à un moment donné, jeté le discrédit dans le corps avec l’arrivée de personnes peu motivées et surtout peu compétentes.

Avec la multiplication des mouvements syndicaux et la politisation de certains, il s’en est suivi une prise de conscience par ce corps de sa capacité à faire mal en frappant là où cela fait mal tout en étant conscient du fait que le peuple hésitera à se braquer contre lui.

Car, leurs revendications sont légitimes. Ils ont droit à de meilleures conditions de vie, à une meilleure considération. Personne n’en disconvient.

Toutefois, ceux qui entrent dans ce corps avaient trouvé des collègues qui n’étaient pas mieux lotis, mais conscients du sacerdoce qui était le leur et qui faisaient qu’ils se sacrifiaient pour donner à la jeunesse la formation qui sied.

On peut se demander si, objectivement, l’Etat peut satisfaire toutes les revendications ? On parle du nombre et du fait que le budget ne pourrait pas tenir, mais de l’effort domino que cela pourrait entraîner sur les autres corps comme la santé.

Certes, il y a trop d’institutions budgétivore et inutiles, le train de vie de l’Etat est trop élevé, l’enseignant est sous-payé, exploité mais, si chacun d’eux, pris individuellement, prend davantage conscience de sa mission régalienne de service public pour les plus vulnérables et si les syndicats n’amorcent pas un virage dans leur détermination que tout le monde comprend, ce sont les générations futures qui vont en pâtir.

Ni les policiers, ni les gendarmes, ni les sapeurs-pompiers, ni les journalistes, ni les paysans qui ne peuvent écouler leurs récoltes. Ni les sages-femmes, ni les médecins, ni les ouvriers, pour ne citer que ceux-là, ne sont satisfaits de leurs conditions d’existence. Si chacun se mettait à exiger tout et tout de suite, comme c’est la tendance actuellement, l’Etat sera mis à genou et les conséquences futures dramatiques. Le système éducatif n’appartient ni à Serigne Mbaye Thiam, ni à Macky Sall, ni aux syndicats d’enseignants.

Malheureusement, le système est aujourd’hui pris en otage. Et c’est inquiétant. La radicalisation des enseignants va avoir pour effet celle du gouvernement avec comme conséquence, la désagrégation du système.

Pour le moment, ce sont les enfants qui manifestent pour le retour à la normale dans ce système, au point que certains en soient violentés, mais il est temps que chaque Sénégalais fasse de la résolution de cette crise une priorité.

Et il ne s’agira pas seulement de demander à l’Etat de faire encore des efforts, même si cela est nécessaire. Les enseignants doivent, eux aussi, accepter de mettre de l’eau dans leur ‘’bissap’’.
C’est seulement de cette façon que la crise sera résolue.

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