Pétrole et gaz au Sénégal: Parfum de malédiction

07 - Juin - 2019

Les révélations de la Bbc sur l’implication d’Aliou Sall dans les contrats d’exploration de pétrole et de gaz, ont suscité une vive polémique dans un pays qui tentait de retrouver le calme et la sérénité avec le dialogue national.

Les autorités étatiques notamment ont réagi avec un zèle qui traduit sinon une panique, du moins un gène au plus haut niveau de la République.
Le Président de la République a fait une sortie suivi du Ministre des Affaires étrangères, en plus de la conférence de presse du porte-parole du Gouvernement.
L’Ambassadeur de la Grande-Bretagne aurait été convoqué et la Direction de Bp a fait une conférence de presse qui a les allures d’un démenti.
Une « diligence » qui en dit long sur le degré d’exaspération qui anime ceux qui nous gouvernent face à cette nouvelle pratique de la presse moderne qui est le journalisme d’investigation.
Et ces réactions des autorités ne sont pas les seules: les organisations de droits de l’homme ont, pour la plupart, exigé la vérité, rien que la vérité et la classe politique s’emballe.
Aujourd’hui, le tollé soulevé par ces révélations dépassent certainement les attentes de ce média privé qui, à nos yeux, a fait son travail : technique d’observation, utilisation d’informateurs, fouille d’archives, analyse de documents, consultations de sources, de témoins, interrogation d’experts, etc.
Faisons remarquer que le journalisme n’a pas de frontière. Il obéit à des règles universelles, impersonnelles, selon une éthique et une déontologie rigoureuses.
C’est dire que les journalistes britanniques sont fondées à jeter un coup d’œil sur ce qui se passe au Sénégal, d’autant plus que BP qui a racheté les droits de Petro-Tim, est une société britannique. Là-dessus, nous n’avons pas compris que l’Ambassadeur de la Grande-Bretagne puisse être convoqué. On semble être en plein délire. Car, aucun État d’un pays démocratique ne peut empêcher sa presse de faire des investigations.
Une situation qui rappelle, à bien des égards, les mise en garde sur « la malédiction du pétrole « .
Lorsque « l’or noir » apparaît dans un pays du Sud, c’est plus source de problèmes que de richesse. Guerres civiles, coups d’États, crises politiques et institutionnelles ont rythmé le quotidien de nombreux États à travers le monde parce que le pétrole y coule.
Ici, rien n’a encore coulé. Mais, les divergences sont tellement profondes entre acteurs sur la gestion de ces ressources qu’il n’est pas exclu qu’il soit un motif sérieux de remise en cause du dialogue national.
Pis, Macky redoute une détérioration grave et prolongée de son image au niveau national et international et il a de sérieuses raisons de le faire. Car, lui qui voulait s’ériger en chantre de la lutte contre la corruption et la mal gouvernance, va devoir revoir ses ambitions à la baisse.
Il a mis Khalifa Sall et Karim Wade et bien d’autres en prison, une Commission d’enquête parlementaire vient d’être mise en place sur l’affaire des 94 milliards, les institutions de contrôle ont été renforcées avec comme objectif d’éradiquer durablement ce phénomène.
Si, parallèlement, le frère du Président en personne est indexé, cela, créé un sentiment largement partagé de d’injustice.
Aujourd’hui, seule une enquête sérieuse venant des institutions de contrôle, des institutions judiciaires ou parlementaires peut éclairer la lanterne des Sénégalais.
N’empêche, un parfum de malédiction plane déjà sur notre pays en attendant les premiers jets de pétrole. C’en est déjà une pour Macky qui redoute les conséquences politiques et économiques d’une telle situation qui n’est qu’à son début.

Autres actualités

14 - Décembre - 2020

Audit de l'Armp sur le marché d'achat d'ânes : Abdou Karim Sall s'en lave les mains

Suite à la publication du Rapport 2019 de l'Autorité de Régulation des Marchés publics (ARMP), le ministre de l'Environnement et du Développement durable, Abdou...

02 - Décembre - 2020

Malick Sall : « il n’y a pas de crise dans la justice»

Le ministre de la Justice, Malick Sall fait face, depuis ce matin aux députés pour défendre son projet de budget 2021 arrêté à 48 456 706 738 francs CFA...

02 - Décembre - 2020

Conseil des ministres de ce mercredi 2 décembre 2020

Le Président de la République, Son Excellence Macky SALL, a présidé le Conseil des ministres ce mercredi 02 décembre 2020 au Palais de la République....

02 - Décembre - 2020

Mamadou Diop Decroix : "Utiliser le devoir de réserve des magistrats pour les faire taire, c'est inacceptable"

La séance plénière du vote du budget national 2020-2021se poursuit. Après le passage de plusieurs ministres, c'est autour du ministre de la Justice, Me Malick Sall de...

02 - Décembre - 2020

Chefs de partis politiques au Sénégal: Faux démocrates vrais dictateurs

La crise qui agite actuellement le parti Rewmi est symptomatique de la manière dont les chefs de partis gèrent leur formation politique. Même s’ils aiment...