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Polémique 3ème mandat de Macky : Le monstre est toujours vivant !

22 - Octobre - 2019

Véritable tentation du diable, le troisième mandat présidentiel est en passe de gangréner le champ dit «démocratique» de moult pays africains. Du Nord au Sud, de l’Est à l’Ouest, aucun régime du continent noir ne semble pouvoir échapper au récidivisme anticonstitutionnel consistant à rempiler encore et encore à la magistrature suprême. Comme si l’ère des présidents à vie était consubstantielle au jeu politique africain. Dernier président à être tombé dans la tentation de réformer la Constitution pour le mandat de trop et son lot de violences politiques, Alpha Condé de Guinée. Ailleurs, la simple récusation de l’impossibilité constitutionnelle du président en exercice à un troisième mandat est source de sanctions. Allez demander à Sory Kaba.

L e spectre du troisième mandat présidentiel ou du mandat de trop continue de parasiter le champ politique des pays africains, surtout ceux francophones. Alors que la démocratie est censée progresser partout dans le continent, de vieilles habitudes persistent dans beaucoup de pays avec des chefs d’Etat qui tripatouillent sans retenue leur Constitution pour prolonger leur règne. Comme de véritables dictateurs issus des urnes ! L’exemple la plus illustrative ces derniers temps semble celui du président guinéen Alpha Condé qui s’est engagé dans une initiative unilatérale de réforme de la Charte fondamentale guinéenne pour rempiler à son poste.
Avec le lot afférent de contestations du dit projet et de morts violentes (Cf par ailleurs). Parmi ces présidents qui rempilent pour une troisième fois à la tête de leur pays, souvent en se jouant de la Constitution et des règles du jeu démocratique, les cas sont divers et variés. Certains ont ainsi entériné le troisième mandat, avec ou sans anicroche. C’est le cas de Paul Kagamé au Rwanda, porté au pouvoir en 2000, réélu en 2003, 2010 et 2017. Il entame en vérité une quasi-présidence à vie validée par le peuple. Soucieux de suivre ses pas, le Burundais Pierre Nkrurunziza, élu en 2005, réélu en 2010 puis en 2015 sous la contestation, veut rempiler jusqu’en 2034 en empruntant la technique « gagnante » de son homologue rwandais. En Algérie, Abdelaziz Bouteflika a voulu aller aussi au-delà même du troisième mandat.
Porté par un establishment pouvoiriste issu du Fln et historiquement ancré dans la guerre de libération nationale, il est resté longtemps sourd aux appels de l’opposition avant d’être bloqué par des manifestations monstres de la rue dans sa tentative de décrocher un cinquième mandat, après avoir pourtant régné 18 ans au Palais de la Mouroudia. Cette sorte d’ «empeachement » au mandat de trop a aussi emporté Joseph Kabila du Congo qui a longtemps retardé les horloges électorales depuis la fin constitutionnelle de son mandat, tout en usant de répressions violentes des manifestations contre son régime, afin de dribbler ses opposants et de continuer à régner au Palais de la Nation de Kinshasa. Au Togo, Faure Gnassingbé n’échappe pas lui aussi à cette tentation du mandat de trop. Reste à savoir comment il compte d’abord essouffler le vif mouvement de contestation cristallisé autour de son départ, pour espérer rempiler à son fauteuil. Les rares éclaircies qui boostent le schéma démocratique en Afrique semblent venir du Niger et de la…Mauritanie.
Du Niger où le président Mahamadou Issoufou a fini par concrétiser sa décision à ne pas briquer de troisième mandat, en mettant en selle son dauphin et le futur candidat de son parti à la présidentielle, en l(occurrence le ministre nigérien de l’Intérieur. En Mauritanie, Mohamed Ould Abdelaziz a dompté toutes les appréhensions et craintes nourries autour de sa volonté de briguer un 3ème mandat. Après avoir poussé son poulain Ghazouani à la présidence, à l’issue d’élections finalement acceptées par l’opposition, Mohamed Ould Abdelaziz s’est mis en réserve de la politique, surveillant d’un œil intéressé, selon certains analystes, la scène politique depuis le rocking-chair de sa retraite.
SENEGAL, LE MONSTRE EST VIVANT !
Le spectre du troisième mandat présidentiel ou du mandat de trop n’épargne pas aussi le Sénégal, ce pays longtemps considéré comme la « vitrine » de la démocratie en Afrique. Le vécu politique sénégalais a été traversé sous le « Pape du Sopi » par cette expérience malheureuse de tripatouillage de la Constitution pour faciliter l’exercice d’un troisième mandat à la tête du pays. Alors que moult spécialistes de la Charte fondamentale à l’instar du Pr Babacar Gaye, un des rédacteurs de la Constitution de 2001, répétaient orbi et urbi que « Wade a épuisé ses mandats », après 2000 et 2007, l’ancien président sénégalais a forcé la porte à la présidentielle de 2012, déclenchant une ambiance générale de contestation de sa candidature (M23), faussant le jeu démocratique, induisant un cortège de morts (plus d’une douzaine) dans le pays. Au final, il sera déboulonné par l’électorat sénégalais qui avait mis un terme à sa volonté d’aller au de ses douze années de présidence.
Macky Sall, son successeur qui en est déjà à deux mandats, 2012 et 2019, sera-t-il tenté par la même intention ? Allez savoir ? En tout cas, les spéculations sur une troisième candidature de l’actuel président en 2024 vont bon train, quoique le principal concerné ait déjà affirmé à plusieurs reprises qu’il ne se représentait pas à un troisième mandat. Alors pourquoi le limogeage hier, lundi, de Sory Kaba, directeur des Sénégalais de l’extérieur, qui s’est tout simplement prononcé sur l’impossibilité constitutionnelle du président de briguer un troisième mandat ? Mystère et boule de gomme !

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