Précampagne prématurée en vue de la présidentielle : et, subitement, le débat devient sérieux !
La récente sortie d’Idrissa Seck chez nos confrères de GFM renseigne sur le niveau actuel du débat politique.
Le leader de Rewmi a amorcé une nouvelle forme de communication qui n’est plus forcément celle d’il y a quelques jours.
Dans un premier temps, il s’est agi, par des déclarations fortes pour ne pas dire tonitruantes, d’attirer l’attention des citoyens, mais également celle du régime de Macky et surtout de s’imposer en chef de file de l’Opposition.
Une fois toute cette attention acquise, il a amorcé une nouvelle forme de communication qui consiste à reconnaitre les efforts du Président Sall comme cela a été le cas à Médina Gounass.
Il sait que c’est contre-productif d’être nihiliste outrancier. Il a voulu démontrer sa bonne foi et montrer aux Sénégalais que ce qui l’intéresse vraiment, c’est leur épanouissement et leur bien-être.
Ce qui prouve surtout que le rewmiste en chef est attentif aux critiques contre sa démarche, c’est le fait qu’il soit en train d’étaler son projet de société. Car, depuis quelques temps, l’argument brandi par les caciques du régime, c’est que l’opposition n’a pas de projet de société, une démarche alternative. Elle ne verse que dans la critique facile.
Pis, certains ont même défendu l’idée du caractère obsolète ‘’tout sauf …’’ qui a été utilisé contre Wade et qui l’est aujourd’hui contre Macky. Des voies dans la société civile se sont levées pour dire que le risque est que, justement, une fois élue, l’opposition soit en panne d’idées et d’initiatives et qu’elle ne puisse pas véritablement changer l’ordre des choses.
Aujourd’hui, celui qui veut incarner l’adversité contre le Président Sall a compris qu’il ne fallait pas toujours détruire et qu’il faut savoir construire, proposer.
D’où l’idée de l’hymne national qu’il faut changer, ses idées sur la monnaie commune qui est le FCFA et tous les débats de fond qui, en réalité, sont les propositions des Assises nationales.
Ce que l’Opposition doit comprendre, c’est que les réformes structurelles importantes dont le Sénégal a besoin ont déjà fait l’objet de discussions au niveau de ces assises. L’essentiel est de trouver un leader assez audacieux pour le mettre en pratique.
Néanmoins, Idrissa gagnerait automatiquement à faire état de ses idées pour un Sénégal nouveau, hissé sur la voie du développement pour ne pas parler d’émergence, qui n’est qu’une étape intermédiaire.
Il ne saurait s’en limiter à ces propositions déjà faites. Il devra dire ce qu’il fera du Plan Sénégal émergent (PSE), des bourses familiales, de la CMU et autres initiatives prises par Sall. La crise dans l’éducation, la santé sont d’excellents sujets de débat pour tout candidat digne de ce nom.
Comme le débat est subitement devenu sérieux, il doit le rester.
Nous pensons en effet que les Sénégalais en ont vraiment marre de ces querelles de clochers, de ces guerres de tranchées et de ces invectives lancées de part et d’autre. Ce qu’il nous faut désormais, ce sont des débats constructifs entre gens responsables, parce que soucieux du devenir de leur pays.
Sur toutes les questions qui nous empêchent aujourd’hui de voir le bout du tunnel, il serait important que l’Etat défende ses positions et que de l’autre côté, que l’on nous dise pourquoi cela ne va pas et pourquoi on fera mieux.
Si les uns et les autres arrivent à hisser le débat à ce niveau, ce sera quelque chose de gagné pour une démocratie qui commence à s’effriter au gré de son évolution.
Nous ne pouvons pas continuer, au gré de chaque échéance électorale, de parler de fichier, de fraude, de démission du ministre de l’Intérieur, etc. Il est impératif que ces préoccupations soient dépassées.
Mais pour cela, il faut que chaque acteur joue pleinement sa partition dans le respect de l’esprit et de la lettre de nos textes de loi.
Si chacun garde l’idée en tête que la politique n’est pas un métier et que le pouvoir est un cadeau empoisonné, il doit se rendre à l’évidence que seul le peuple est souverain.
Assane Samb