Présidentielle 2019 : Macky, la peur bleue d’un second tour

17 - Janvier - 2018

L’idée d’un second tour donne certainement des sueurs froides au Président Macky Sall. D’ailleurs, sa lettre adressée à ses militants trahit ses appréhensions. Dans la lettre où il écrit que la présidentielle de 2019 est un défi et que l’adversaire sera certainement «plus féroce», révèle ses craintes de ne pas passer au premier tour. Car il sait que le second sera très risqué pour lui.

L’élection présidentielle de 2019 empêche le pouvoir de dormir du sommeil du juste. Ce scrutin cause du souci au chef de l’Etat et chef de l’Apr, candidat à sa propre succession. Il sait qu’il doit impérativement passer au premier tour sous peine de perdre et d’entrer dans l’histoire politique du Sénégal comme étant le Président qui a fait un seul et unique mandat. L’idée d’un second tour lui donne certainement des sueurs froides et des insomnies. Un second tour sera un danger pour lui.

D’ailleurs, sa lettre adressée à ses militants trahit ses appréhensions. «Le 30 juillet 2017, vous avez réussi, avec brio, à remporter les élections dotant la coalition Benno Bokk Yaakaar (bby) d’une confortable majorité à l’Assemblée nationale. (…) À présent, le défi qui se pose devant nous est l’élection présidentielle de février 2019 qui pointe déjà à l’horizon, et qu’il conviendra de gagner comme nous l’avons toujours fait ensemble depuis 2012», écrit le chef du parti présidentielle, ajoutant que l’adversaire sera certainement «plus féroce».

Le chef de l’Etat sait qu’une partie seulement de l’opposition (le Pds et Khalifa Sall) réunie est de loin majoritaire dans la capitale qui concentre pratiquement le tiers de l’électorat national. En effet, la coalition présidentielle Benno Bokk Yaakaar a obtenu 114 603 voix alors que la coalition Manko Taxawu Senegaal dirigée par Khalifa Sall est arrivée en deuxième position avec 111 849 voix et le Pds avec ses alliés arrivent en troisième position avec 53 979 voix.

Et il est admis que si le parti au pouvoir perd la capitale, il va forcément au second tour, car Dakar regroupe le tiers de l’électorat national. C’est dire que ce scénario cauchemardesque pour le pouvoir est bel et bien envisageable, même si le président de la République espère tirer son épingle du jeu dès le premier tour. A en croire le journal Enquête, Macky Sall s’est entretenu avec les responsables dakarois de sa coalition pour définir une stratégie en mesure de lui éviter un second tour périlleux.

Mais, les résultats des dernières législatives ont montré que les Dakarois sont acquis à la cause de Khalifa Sall. Car malgré son emprisonnement et son impossibilité de battre campagne il a perdu par uniquement 2 000 voix. En plus, tous les maires socialistes de Dakar sur qui il compte ont été élus grâce à Khalifa Sall.

Par ailleurs, le candidat Macky Sall sait que les choses ne seront pas aisées, il sait aussi comme il le dit lui-même que l’adversaire sera certainement «plus féroce». Certes, il n’y aura pas une candidature unique de l’opposition au premier tour, mais il sait très bien que l’opposition travaille pour soutenir le candidat qui ira au deuxième tour. Tous les leaders de l’opposition significative sont dans cette dynamique unitaire en cas de second tour.

Les libéraux et les Khalifistes ne se feront pas prier pour reporter leurs suffrages sur son adversaire au second tour. Et il en sera de même pour les militants de Abdoul Mbaye, de Ousmane Sonko etc. D’ailleurs, tous les leaders de l’opposition travaillent sur ce schéma. Ses prédécesseurs: Abdou Diouf et Abdoulaye Wade ont perdu au second tour.

Mais le chef de l’Etat compte sur ses réalisations pour éviter le piège du second tour. «Notre bilan, nos avancées et nos réalisations seront nos meilleurs avocats. Mieux encore, notre projet d’avenir pour le Sénégal reste notre meilleur atout», dit-il. Puis il ajoute: «Conjugué à votre action et à votre discours en communion et à l’unisson envers les populations bénéficiaires, ce bilan nous amènera, sans aucun doute, vers une éclatante victoire au soir de cette élection. (…)

Il s’agira de reconduire votre président, pour terminer des actions entamées et des initiatives annoncées à travers le Plan Sénégal émergent dont les réalisations ont commencé à sortir de terre avec des bienfaits patents. Cet élan doit continuer».

Néanmoins, en raison de l’extrême pauvreté et de la crise socio-économique qui étranglent les ménages, il est fort peu probable que ses réalisations fassent la différence. D’ailleurs, c’est l’une des raisons pour lesquelles, il fait l’éloge de la transhumance et appelle publiquement les opposants même les plus contestés à rejoindre son parti.

En privé, Mahmouth Saleh, son chef de cabinet politique, cherche à concrétiser cet appel à la transhumance. En effet, de sources dignes de foi, il rencontre et cherche à convaincre des responsables du Pds afin qu’ils rejoignent l’Apr. Mais, d’après nos sources cela n’a pas porté ses fruits. Tous les libéraux qu’il a contactés ont poliment décliné l’offre de transhumer.

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