Progression spectaculaire du Covid-19: Le doute gagne les esprits

Il est difficile de ne pas trembler devant la réalité des chiffres : 475 morts en un seul jour, 3000 morts au total alors que la Chine n’en avait déclaré que 3200, l’Italie craque et succombe.

En 25 ans de journalisme, je frémis rarement devant des chiffres et la cruauté de faits. Mais là, difficile de rester serein, de garder le moral, de ne pas paniquer.

Les sons de Francis Cabrel ne m’ont pas été d’un grand secours dans son tube : ‘’Est-ce que ce monde est sérieux ?’’. Sans doute, non !

Mon assez long séjour dans ce beau pays m’a sans doute davantage desservi et le ‘’contact et la distance’’, cette belle règle professionnelle du journalisme beuve-méryenne, ne m’a pas aidé cette fois. L’humain a pris le dessus.

J’ai repensé à tous les Sénégalais là-bas, plus de 100 mille, qui partagent avec ce brave peuple cette épreuve unique, sans précédent.

J’ai pensé à mes amis italiens, à mes anciens collègues, à ce peuple qui aime la fête, le travail, l’ordre, la discipline, la propreté, la solidarité, l’entraide, le plaisir, la mode, l’art, l’histoire, en somme, la vie.

Epicentre de la renaissance européenne, l’Italie est en train de devenir l’épicentre du coronavirus.

Le pays de Machiavel, de Gramsci, l’inventeur du concept de société civile, ce pays du Vieux Pont, de la Chapelle de Médicis, de cette belle Florence, de Venus, de l’architecture médiévale, est en train de sombrer dans la barbarie de la maladie. Sans doute Francis Cabrel a raison de se demander si ce monde est vraiment sérieux ?

Qui va sauver l’Italie ?

Le personnel médical est dépassé et les applaudissements, chaque soir, des habitants confinés dans leurs appartements, ne les empêchent pas de se savoir dépassés.

A ce propos, l’aide de la Chine à ce pays est à saluer. Ce n’était pas évident.

Malheureusement, le virus gagne du terrain. L’Iran, un autre pays que j’ai connu, souffre également terriblement. 853 morts en Iran. Quelle tragédie !

Et ils sont nombreux les pays qui sont largement victimes des offensives du virus.

L’Afrique sub-saharienne vient d’enregistrer son premier décès, une parlementaire burkinabé.

Et pendant ce temps, le Sénégal enregistrait son trente unième cas. C’est dire qu’il y a une progression des contaminations, même si elle est encore faible.

Mais, il est important de rappeler que le taux de contamination était à peu près à ce niveau dans la plupart des pays largement atteints aujourd’hui en dehors de la Chine, il y a juste un mois.

C’est dire l’urgence à multiplier les initiatives, à redoubler de vigilance et de rester concentrés sur l’objectif qui est de limiter la propagation du virus, à défaut de lui trouver un vaccin.

On ne peut, pour le moment, que se fier aux informations officielles du Ministère de la Santé qui fait de réels efforts dans ce sens.

En tout état de cause, il faudra aussi psychologiquement préparer les populations au pire avec des situations comme du genre ‘’confinement’’ ou mise en quarantaine de localité.

Pour le moment, nous n’en sommes pas là. Et aucun pays africain ne l’est en définitive, même si l’Egypte est sérieusement touchée.

Cependant, tous les spécialistes s’accordent à dire que c’est qu’une question de temps et que, malheureusement, le virus va progressivement s’installer dans de nombreux pays et gagner du terrain.

Ce qui est sûr, c’est que cette maladie est un défi à notre intelligence, à notre capacité en tant qu’êtres humains à démontrer notre suprématie sur tous les autres, y compris les virus.

Nous ne pouvons la laisser exterminer des peuples entiers comme cela est en train de se passer. Non, nous sommes plus intelligents et plus outillés que cela.

Quelque part, quelque chose ne va pas. Il est difficile de comprendre notre propre incapacité actuelle à faire face à ce danger.

Elle aura ainsi l’avantage de remettre en cause beaucoup de certitudes parce qu’elle nous aura plongé dans un doute profond.