Projet de transformation de LSS en ‘’centre des affaires’’ : le Sénégal a besoin de ses deux aéroports

19 - Octobre - 2017

Le 08 décembre, le Sénégal projette de fermer définitivement l’aéroport international Léopold Sédar Senghor au profit de celui de Diass qui porte le nom de Blaise Diagne.

Sur le site ainsi dégagé d’une superficie de 600 ha, l’Etat compte non pas le vendre comme l’information a pu être distillée, mais y aménager d’’’importants projets’’. Le Gouvernement qui ne donne pas plus de précisions, ne cache pas son intention de tourner la page de Léopold Sédar Senghor.
En réalité, nos sources nous indiquent que les autorités comptent y ériger un grand centre des affaires, un projet qu’auraient gagné les Marocains prêts à y investir sous forme de joint-venture avec le Sénégal. C’est la Caisse des dépôts et Consignations et celle analogue du Maroc qui vont financer un projet dont l’étude de faisabilité est ainsi bouclée.
Ainsi avec la CDC, Aliou Sall aura un droit de regard sur ce centre qui a pour vocation d’être le plus grand de la sous-région.
Une grosse bêtise, cependant. Non pas que nous voyons d’un mauvais œil l’arrivée des Marocains. La question n’est pas là car la promotion de la coopération Sud/Sud doit être notre viatique. Mais, ce qui pose problème, c’est de priver une capitale aussi importante que Dakar d’un aéroport.
C’est insensé de penser qu’un seul aéroport international suffit au Sénégal. LSS a déjà ses infrastructures, son terrain d’atterrissage, sa tour et que sais-je, pour que tout ce patrimoine soit détruit au profit d’un centre dont l’utilité est discutable car on en a plusieurs à Dakar.
Blaise Diagne a été une idée fabuleuse, mais cela ne doit en rien empêcher LSS de continuer à fonctionner. Pourquoi ne pas y accueillir les diplomates ou en faire un terrain d’atterrissage du tourisme de haut standing comme le suggère Babacar Mbaye Ngaraaf, de l’association ‘’Alliance pour sauver le Sénégal’’ ? Ce mouvement compte d’ailleurs faire de la bataille pour le maintien de l’aéroport de Dakar, une affaire de tous les Sénégalais soucieux de la préservation de ce patrimoine historique.
D’ailleurs, si Diass doit accueillir les hôtes de marque du Sénégal, on le voit bien, le coup sera exorbitant en matière de maintien de la sécurité avec un jalonnement sur une vingtaine de kilomètres. La circulation sera ainsi bloquée sur l’autoroute à péage dont l’objectif était justement le contraire.

Boulimie foncière

Nous avons, à coup sûr, besoin de ces deux aéroports que nous avons déjà. La boulimie foncière des tenants des régimes passés et présent ne doit pas nous pousser à brader notre patrimoine national au profit d’investisseurs étrangers qui ne feront qu’engorger davantage Dakar.
La capitale étouffe. Les habitants, au nombre de 4 millions, s’y entassent. Il ne faudrait pas alors que tous les espaces disponibles fassent l’objet de transactions financières qui peuvent paraître parfois inopportunes. L’Etat doit se garder d’avoir des réflexes de grands commerçants en bradant nos terres au profit des investisseurs étrangers. Déjà un marché international est prévu à Diamnadio avec les Turcs comme maîtres d’œuvre.
A ce propos, nos hommes d’affaires sont de plus en plus laissés en rade au profit des Chinois, des Marocains, des Turcs ou autres. Ces derniers mettent leur argent sur des projets qu’ils devront encore gérer pendant des décennies.
Or, il se trouve que ce terrain de l’aéroport, selon Mbaye Ngaraaf, était une ancienne propriété des Lébous. Exproprié pour ‘’cause d’utilité publique’’, les anciens détenteurs de titres légués par le colonisateur ont un droit préférentiel sur l’acquisition de ces terres une fois l’objectif initial abandonné. Les terres de Dakar coûtent trop cher. Et il est facile de spéculer là-dessus pour des objectifs multiples dont l’enrichissement de certaines personnalités.
On ne le dira jamais assez, Dakar a plus que besoin de son aéroport. Malheureusement, les autorités sont dans la dynamique de faire autrement avec, à la clef, des nombreuses critiques qui, il faut le dire, ne sont pas toutes infondées.

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