Publication sur la filière arachidière : Ibrahima Samba Bocoum met à nu les pratiques d’un système
Ibrahima Samba Bocoum, ancien inspecteur à la Direction générale de la Sonagraine, a publié un ouvrage intitulé : « Crise de l’arachide au Sénégal : Itinéraire d’un témoin indépendant ». La cérémonie de dédicace et de publication du livre s’est déroulée, samedi dernier, à la maison d’édition l’Harmattan Sénégal. Il dénonce, dans sa publication, les faits de « corruption et de concussion » qui ont émaillé cette filière depuis plusieurs décennies.
Fort de son expérience de quatre décennies dans les sociétés telles que la Sonagraine, la Sosen, la Sonar, l’Oncad ou le Cnia, Ibrahima Samba Bocoum parle dans un livre d’un domaine qu’il maîtrise bien : la filière arachidière. Dans son ouvrage intitulé : « Crise de l’arachide au Sénégal : Itinéraire d’un témoin indépendant » publié samedi dernier, Ibrahima Samba Bocoum passe en revue les difficultés d’une filière qui a été le « nœud gordien de l’économie sénégalaise depuis les indépendances ». Hamady Oumar Bocoum, chargé du suivi évaluation du Plan Sénégal émergent (Pse) qui a fait la présentation de l’ouvrage rappelle que l’auteur, à travers « un style narratif », a étalé « l’étendue des maux à l’origine de la crise de la production arachidière au Sénégal ». Pendant ses 40 années de service, Ibrahima Samba Bocoum a fait les régions de Diourbel, de Kaolack, de Fatick ou de Kaffrine qui représentent le cœur du bassin arachidier. Il a fait aussi les régions de Tambacounda et de Thiès à une période où la production arachidière était importante.
L’auteur révèle que les divers acteurs qui gravitaient autour de l’arachide ont mis à genou la filière. Cette multitude d’acteurs, rapporte Hamady Oumar Bocoum qui a fait le résumé de l’ouvrage, « étaient unis par l’arachide mais mus par des intérêts bassement matériels ». Dans ce regroupement hétéroclite, il y avait peseurs de coopératives rurales, gérants de secco, contrôleurs-payeurs, magasiniers mais aussi des fonctionnaires. L’auteur accuse la plupart de ces fonctionnaires d’être « en collusion avec des présidents de conseil rural et autres agents des administrations publiques ». Beaucoup d’entre eux, souligne l’auteur, ont été les « véritables prédateurs de notre économie ». Mais d’autres sont restés des fonctionnaires modèles qui ont fait de leur travail un sacerdoce. Cependant, racontent l’auteur, les fonctionnaires qui s’aventuraient à dénoncer ces pratiques nébuleuses dans le système ont été parfois liquidés. A cause de ce système bien huilé de la base au sommet, l’auteur indique que ces « prédateurs » sans vergogne « ont appauvri des décennies durant le paysan sénégalais sur tous les segments de la filière arachidière ».
Dans son ouvrage, Ibrahima Samba Bocoum met à nu ce « système pernicieux » qui a mis à genou la filière arachidière en appauvrissant davantage le monde rural. C’était l’époque des bons impayés. Des gérants de secco, des contrôleurs-payeurs ont disparus avec l’argent de « pauvres paysans » qui, après plus de trois mois de durs labeurs, espéraient se consoler avec quelques liasses de billets. Malheureusement, ces bandits aux cols blancs ont anéanti cet espoir. En outre, Ibrahima Samba Bocoum propose, à travers son livre, des pistes de solutions pour mettre fin à ces pratiques qui, depuis des décennies, « ont parasité la filière arachidière ».