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Qu'a-t-il fait pour mériter tant d'attention ? Par Mody Niang

20 - Juillet - 2018

On dit qu’il n’ose pas mettre les pieds à Paris, encore moins à Berlin - Pourquoi ? - Le vieux président et le PDS nous doivent des réponses à ces questions-là,avant de nous imposer Karim Wade comme ‘’candidat du peuple’’- Quel peuple ?

Am Karim Wade, ándi Karim Wade ! Waaw, qu’a-t-il fait vraiment de bien pour ce pays pour y occuper toujours le devant de l’actualité ? Ce garçon est présenté maintenant comme une victime et l’Etat qui l‘a condamné comme le coupable. Ses partisans nous cassent au quotidien les tympans avec sa fameuse candidature, surtout après la grâce insolite du président-politicien, dans les conditions rocambolesques que nous nous rappelons encore.

Cette tournure surprenante des événements mit alors abondamment d’eau dans le moulin des ‘’karimistes’’ qui clamaient partout, urbi et orbi, que leur champion était « blanc comme neige ». Karim Meïssa Wade « blanc comme neige » ! C’était vraiment le Sénégal à l’envers et ça l’est toujours d’ailleurs ! Dans une contribution inspirée alors par l’événement, je rappelais la grande avenue que son père lui avait ouverte pour lui permettre tous les abus.

Et, en fils gâté, il a largement profité des pouvoirs exorbitants que lui conféraient les textes en vigueur, pour beaucoup taillés à sa mesure. La dévolution monarchique germait déjà dans l’esprit du père qui allait y mettre le prix. Le premier acte du projet monarchique du Président-père, c’était la nomination du fils à la tête du Conseil de surveillance de « l’Agence nationale pour l’Organisation de la Conférence islamique (ANOCI) ».

Pendant au moins quatre ans, il a géré de façon presque discrétionnaire et écrasant au passage le Directeur exécutif (Abdoulaye Baldé) nommé pour la galerie, des centaines de milliards, sans jamais rendre compte et sans qu’aucune structure de contrôle n’ait osé fouiner à l’époque dans cette gestion.

Il a fallu attendre le départ du pouvoir du père pour qu’une mission de l’Inspection générale d’Etat (IGE) passât en revue cette gestion discrétionnaire. Son « rapport public sur l’Etat de la Gouvernance et de la Reddition des comptes » (juillet 2014), couvre la période 2004-2009, donc de la date de la création de l’Agence, à celle de sa dissolution.

Les contrôleurs de l’IGE ont mis en évidence, dans la gestion du fils de son père, ce qu’ils appellent des « cas illustratifs de mal gouvernance financière ». Ils ont ainsi constaté, relativement au fonctionnement de l’Agence, de graves manquements qui seuls, suffiraient à l’envoyer à Reubeuss (pp. 119-121). Ce sont, en particulier :

1 – des manquements et des retards substantiels dans la reddition des comptes : tous les états financiers ont été arrêtés au-delà des délais légaux. En outre, sur toute la période sous revue qui couvre cinq (5) exercices, le Rapport du Commissaire aux comptes n’a été produit que pour les exercices 2007, 2008 et les quatre premiers mois de 2009 ;

2 – la récurrence des dépassements budgétaires de 2005 à 2009 ;

3 – l’absence de budgets prévisionnels du fait du recours à un système de dotation forfaitaire annuelle ;

4 – l’inapplication du manuel de procédures, illustrée par l’absence de rapprochement bancaire mensuel, dûment signé par le Responsable financier et la gestion de la caisse par ce dernier, en lieu et place du caissier, dont le recrutement avait été pourtant prévu par le manuel de procédures ;

5 - des manquements dans la préservation des documents d’archives, rendant ainsi difficile la reconstitution de la situation des fournisseurs et des comptes rattachés. Il a été constaté aussi l’absence de certains procès-verbaux répertoriant des décisions du Conseil de surveillance.

Même si les contrôleurs de l’IGE ne l’ont pas expressément mentionné, en tout cas pas dans leur rapport de synthèse, on peut penser – et c’est ma conviction –, que les délinquants ont fait disparaître tous les documents qui pouvaient mettre en évidence leurs graves forfaits.

Par rapport aux investissements prévus, les contrôleurs ont constaté que :

1 – les infrastructures hôtelières n’ont pas été réalisées, encore moins les villas présidentielles dont la construction avait été prévue et budgétisée. Vingt-six (26) milliards de francs CFA étaient annoncés pour la construction de ces fameuses villas. Où est passé donc l’argent ? Cette question est de moi-même.

2 – si le projet routier de l’ANOCI a certainement contribué à améliorer la mobilité urbaine dans l’agglomération dakaroise, sa réalisation a occasionné de nombreux manquements dont les suivants :
– l’absence fréquente d’études d’avant-projet, laquelle a conduit à des modifications qui ont terriblement renchéri le coût des ouvrages. Karim Wade y trouvait d’ailleurs largement son compte (cette dernière remarque est de moi).
Le Tunnel de Soumbédioune n’avait pas, semble-t-il, été prévu. C’est en cours de chantier qu’il a été décidé, pour frapper l’imagination des Sénégalais. Long de 300 mètres, il a coûté 9 milliards de francs CFA alors que, techniquement, rien ne le justifiait vraiment. C’est en tout cas l’avis de nombreux techniciens que j’ai interrogés.
– des violations du Code des Marchés publics, notamment le défaut de mise en concurrence dans la rénovation de l’Hôtel King Fahd Palace (ex-Méridien Président) sur financement du Royaume d’Arabie saoudite, pour un montant de cinq milliards trois cent cinquante-trois millions quatre cent quarante-deux mille huit cent six (5.353.442.806) francs CFA.
Quand le Rapport de l’IGE a été rendu public, cette rénovation à 5 milliards a soulevé un tollé général d’étonnement et d’indignation à King Fahd Palace, où on se demandait légitimement où étaient passés ces fameux 5 milliards. C’est, du moins, l’information digne de foi que j’ai reçue, et qui était dans pratiquement toute la presse qui s’inspirait du Rapport de l’IGE.

Au total donc, poursuivent les contrôleurs de l’IGE, ‘’dans la plupart des cas, les imperfections notées dans les études techniques préalables ont abouti à des défauts d’exécution majeurs et à de nombreuses modifications ayant entraîné des avenants et des marchés complémentaires’’. Nous comprenons bien ce que cela recouvre comme pillage systématique de nos maigres ressources nationales.

Toutes ces limites ont engendré, au regard de la qualité et des coûts des infrastructures réalisées, un véritable problème d’efficience. L’audit technique actuellement en cours pourrait permettre d’approfondir la question, précisent les contrôleurs.

Malheureusement, si on tient compte de la manière dont nous sommes gouvernés depuis le 2 avril 2012, il y a peu de chance que cet audit aille jusqu’à son terme. Et même si c’était le cas, le Rapport qui le sanctionnera connaîtrait le même sort que tous les autres qui l’ont précédé. C’est ma forte conviction, fondée sur les multiples expériences que nous vivons depuis quatre ans quatre mois.

L’attention des contrôleurs de l’IGE a été aussi retenue par ce luxueux bateau-hôtel « MSC MUSICA », loué à cinq milliards neuf cent trois millions six cent treize mille (5.903.613.000) francs CFA. Dans cette perspective, un acompte d’un milliard sept cent soixante et onze millions deux cent mille (1.771.200.000) francs CFA a été payé par la Direction générale de la Société nationale du Port autonome de Dakar (SN/PAD), sans l’aval de son Conseil d’Administration. Or, ce fameux bateau loué à ce montant exorbitant pour sept jours, est reparti au bout de seulement trois.

Pendant que ce fameux bateau était loué à ce coût-là, des hôtels réquisitionnés à Dakar comme dans la zone de Saly, restaient désespérément vides, ou occupés par des non ayants droit. Le bateau-hôtel grand luxe n’a, lui non plus, reçu aucun hôte de marque. Il satisfaisait plutôt la curiosité des Dakarois.

Cinq milliards neuf cent trois millions six cent treize mille (5.903.613.000) francs CFA pour seulement une présence de trois jours au Sénégal ! A qui fera-t-on avaler que le propriétaire du fameux bateau-hôtel a encaissé seul les six milliards, sans renvoyer l’ascenseur ? Combien de forages, de centres de santé, d’écoles, d’espaces jeunes, etc., pourrait-on construire avec autant d’argent jeté par la fenêtre du bateau-hôtel, mais atterrissant sûrement dans des mallettes bien discrètes ? Cette question, je me la pose légitimement, et sans doute de nombreux autres compatriotes avec moi. Rien que ce grave forfait que je n’ai pas inventé, devrait coûter plusieurs années de prison au fils de son père.

Pour revenir à l’audit de l’IGE, l’examen des états financiers de l’ANOCI a fait ressortir d’autres graves anomalies parmi lesquelles :

1 – l’achat d’un luminaire à huit millions sept cent quatre-vingt-deux mille six cent dix (8.782.610) francs CFA, ainsi que de deux appareils photos CANON et de trois objectifs pour un montant de vingt-six millions cent trois mille deux cent soixante-seize (26.103.276) francs CFA.

2 – l’utilisation autorisée par le Conseil de surveillance de cartes de crédit bancaires pour le Président dudit Conseil (Karim Wade) et le Directeur exécutif (Abdoulaye Baldé). Si M. Baldé n’a pas utilisé sa carte, le fils de son père a fait largement usage de la sienne, du 22 août 2005 au 28 août 2007, pour honorer un montant total de dépenses de deux cent soixante-quinze millions huit cent huit mille cinq cent soixante-huit (275.808.568) francs CFA.

Il est difficile, avec cette grave anomalie signalée par l’IGE, de ne pas se poser des questions et je me les pose. Quelles dépenses le fils de son père a-t-il honorées avec autant de millions ? Où en étaient les pièces justificatives ? Si elles existaient, les contrôleurs de l’IGE en feraient certainement état ! Ces millions se sont sûrement volatilisés, comme le sont les milliards avec lesquels on devait construire les villas présidentielles, rénover le King Fahd Palace, louer le fameux bateau « MSC MUSICA ». C’est, en tout cas, ma forte conviction, qui correspond à une réalité exacte, mise en évidence par le Rapport de l’IGE.

Si la gestion de toutes les institutions que Karim Wade a eu à diriger avait fait l’objet d’un même audit, les mêmes manquements auraient été constatés. On se rappelle que quand il a été nommé Président du Conseil de surveillance de l’ANOCI, le fils de son père avait aménagé et équipé ses nouveaux bureaux, dans un immeuble tout neuf, pour 750 millions de francs CFA. J’invite mes compatriotes qui veulent se faire une autre idée des graves forfaits qui ont entaché la gestion de l’ANOCI par Wade-fil, à lire le livre de l’ancien journaliste d’investigation Abdou Latif Coulibaly : « Contes et Mécomptes de l’ANOCI ».

On n’oubliera pas, non plus, qu’à l’avènement de la seconde alternance, le Premier Ministre de l’Economie et des Finances du Gouvernement Abdoul Mbaye, M. Amadou Kane, a révélé que les voyages de Karim Wade à bord de leur jet privé (à lui et à Abbas Jaber) nous ont coûté douze (12) milliards de francs CFA. Douze milliards pour faire le tour du monde en onze (11) ans !

Que personne ne me rétorque que c’était pour aller chercher de l’argent pour le pays ! Le Ministre Amadou Ba, pour lequel je n’ai pas beaucoup de sympathie, fait entrer beaucoup d’argent dans le pays, même si son utilisation pose parfois des problèmes d’efficacité, de pertinence. Et, pourtant, il ne voyage pas en jet privé. En tout cas, pas à ma connaissance.

Voilà Karim Wade, dont le président-politicien, par sa maladresse, a fait aujourd’hui un « héros » ! Voilà Karim Wade, dont des Sénégalais (les Libéraux en particulier) ont le toupet de soutenir mordicus qu’il « est blanc comme neige ».

Qu’il soit coupable, ne fait pas l’ombre d’un doute. Les questions, par contre, que nous devrions nous poser, sont celles-ci : Quelle loi (nationale ou internationale) permet-elle au président-politicien et à l’Emir du Qatar de l’exiler dans la capitale de l’Emirat ? Pour le voir, ses parents, sa sœur et ses enfants sont obligés d’aller à Qatar. Pourquoi Karim ne se déplacerait-il pas ?

Ce serait quand même plus facile ! On dit qu’il n’ose pas mettre les pieds à Paris, encore moins à Berlin. Pourquoi ? Le vieux président et le PDS nous doivent des réponses à ces questions-là, et nous édifier sur sa double, voire triple nationalité, avant de nous imposer Karim Wade comme ‘’candidat du peuple’’. Quel peuple ?

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