Réciprocité des visas : Le pour et le contre

11 - Octobre - 2019

Invité hier de nos confrères de la RFM,le Ministre de l’Intérieur, Aly Ngouye Ndiaye, a très fermement exprimé sa ‘’position personnelle’’ sur la réciprocité du visa.

Il opte pour cette réciprocité pour les pays qui l’appliquent au Sénégal, ne serait-ce que pour des raisons sécuritaires : On doit savoir qui entre et qui sort de chez nous dans un contexte de lutte contre le terrorisme.
Bien sûr, cette position va à l’encontre de celle exprimée, le 02 octobre dernier,par le Ministre du Tourisme Alioune Sarr, qui disait, en substance, que la suppression du visa pour les touristes était une mesure irréversible.
C’est vrai que le Ministre de l’Intérieur exprimait une position personnelle et celui du Tourisme une position officielle.Toutefois, on peut penser que la position officielle est en train de changer. Même s’il est évident que le Ministre de l’Intérieur a des réflexes autocratiques d’un descendant de roi du Djoloff, il n’en demeure pas moins vrai qu’il est très proche du Chef de l’Etat et ne saurait s’exprimer sur une question aussi sensible à la légère.
La vérité est qu’en haut lieu, on réfléchit sur la question et l’orientation qui semble l’emporter, c’est justement d’aller vers la réciprocité. Sinon, le Ministre, ne serait-ce que par solidarité gouvernementale, n’aurait rien dit.
Cependant, il faudrait peser le pour et le contre. Il nous semble que la mesure, importante, n’est pas sans conséquence sur notre économie, notamment le tourisme. Les promoteurs du secteur avaient tiré la sonnette d’alarme en 2013, quand la mesure avait été prise pour la première fois. Ils avaient redouté une baisse des entrées touristiques au profit d’autres destinations.
Des pays qui ont d’aussi belles plages que les nôtres sont toujours moins regardants sur les formalités administratives. Il est évident que dans ce contexte de concurrence, il faudrait y réfléchir à deux fois avant de se lancer dans une procédure et l’abandonner après comme cela a été le cas en 2015.
En tout état de cause, nous persistons à penser que la réciprocité des visas est nécessaire pour tout ressortissant d’un pays qui l’impose aux Sénégalais. C’est une question de souveraineté, de principe et d’égalité dans nos relations avec les autres.
Pour aller dans un pays riche par exemple, il faudrait un visa souvent obtenu après de multiples formalités et le versement d’une redevance non-remboursable en cas de refus. Et pourtant, les ressortissants de ces Etats se pavanent tranquillement chez nous, même s’ils sont repris de justice ou simples délinquants. La rupture d’égalité est telle à ce niveau que cela donne l’impression d’avoir, d’un côté, des citoyens du monde et de l’autre, des parias du monde, des exclus sans droit, y compris de voyager là où ils veulent.
Qui plus est, certains Etats regroupés au sein d’instances, instaurent des règles restrictives d’inhospitalité à imposer à tous. Pour dire clairement et officiellement que les ressortissants d’Etats africains par exemple ne sont pas les bienvenues.
Dans ce contexte, l’Union africaine et même la CEDEAO devraient, depuis belle lurette, imposer aux Etats l’exigence de réciprocité.
Que ceux qui veulent venir chez nous remplissent certaines conditions après en avoir fait la demande. Ce n’est pas compliqué d’autant plus que s’ils sont touristes, ils sont sûrs d’avoir le visa. Là où, ici, parfois des professeurs d’université se voient refuser le document.
Il est important que nos gouvernants adoptent des postures de fermeté par rapport à des positions de principe qui ne mettent nullement en danger l’amitié ou la coopération qui nous lie avec les autres.
On a été frileux pendant 50 ans. Cela ne nous a conduits nulle part. Nous sommes restés pauvres, exploités, humiliés parce que nous vivons dans ‘’des Etats de merde’’.
Mais quand il s’agit de venir piller nos ressources naturelles, on oublie la ‘’merde’’. Donc, on peut aussi oublier le visa.

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